Après une saison blanche en 2020 et une saison 2021 tronquée, comment la Société d'économie mixte (Sem) Valloire aborde-t-elle la saison 2022 ?
Jean-Marie Martin : La commercialisation a débuté. Nous remarquons une très forte appétence pour la destination Valloire qui dépasse de quelques points la situation d'il y a deux ans. Cela étant, nous restons vigilants puisque ce ne sont pas des commandes fermes. Nous nous préparons à une saison "normale". L’État a d’ailleurs annoncé qu’il n’y aurait pas de contrôle de passe sanitaire aux pieds des remontées mécaniques.
Quelle est la situation financière de la Sem Valloire, dont le chiffre d'affaires est passé de 14,6 millions d'euros en 2019 à 12,7 millions d'euros en 2020 ?
Les fondamentaux sont bons, en partie grâce à la prise en charge par l’État des charges fixes. La pérennité de la Sem n’est pas engagée, ni sa capacité d’investissement pour l’entretien du domaine skiable, malgré une année 2020 tronquée et une année 2021 sans revenus. Avant crise, la Sem Valloire dégageait une capacité d’autofinancement nette de l’ordre de 2,5 millions d'euros chaque année. Pour l’exercice 2021, on ne pourra dégager que 500 000 euros. On a pris un coup dans l’aile !
"Investir trois millions dans des activités connexes au ski"
La Sem Valloire a engagé un plan d’investissement de 35 millions d'euros sur la période 2015 - 2026. Est-il remis en cause ?
Non, à la condition que nous retrouvions une exploitation hivernale normale ! 95 % de l’enveloppe adresse des aménagements pour le ski alpin. Une partie a déjà été engagée avec le télésiège de Montissot il y a deux ans (8,5 M€, NDLR). 13 millions d'euros vont être investis pour la télécabine de la Setaz. Et nous allons construire une deuxième retenue collinaire afin de stocker l’équivalent de 100 % de nos besoins en neige de culture. Enfin, nous allons engager la translation du domaine skiable en altitude. C’est-à-dire que nous allons déplacer 20 % du domaine skiable vers un vallon très enneigé avec la mise en place d’un télésiège sur le Crey de Péré. En contrepartie, on abandonne toutes les pistes situées sous les 2 000 mètres d’altitude qui ne sont pas exposées au Nord.
"L’attractivité de la destination dépasse le seul ski alpin"
D’autres projets sont-ils prévus ?
Nous avons pour projet d’investir trois millions dans des activités connexes au ski avec un retour sur investissement à moins de huit ans. Cela concernerait la rénovation du camping municipal, l’installation d’une couverture amovible sur la piscine de la base de loisirs et d’équipements aqualudique mais également d’une tyrolienne, d’une piste de luge tubing et de trois tapis de remontée été/hiver. Profitons de la crise pour investir. Des études montrent la pertinence marketing et économique de notre stratégie. Aujourd’hui, on sollicite nos actionnaires (le capital de la Sem est détenu à 90 % par la commune de Valloire, actionnaire majoritaire, aux côtés de la Caisse d’Épargne, du Crédit Agricole et de Savoie Stations Ingénierie Touristique, NDLR) pour injecter des capitaux via une augmentation de capital. Cette levée de fonds doit nous permettre d’accélérer et muscler notre offre.
Êtes-vous en capacité de mener de front le développement du domaine skiable et la diversification estivale de la station ?
Aujourd’hui, 30 % du produit national brut de Valloire est réalisé en période estivale (VTT, randonnée, parapente…, NDLR), c'est du jamais vu. Pour la Sem, c’est beaucoup plus symbolique en termes de chiffre d'affaires, bien que ce soit elle qui porte les grosses infrastructures exploitées l’été (télésièges, piscine, patinoire). Depuis dix ans, nous visons à améliorer la rentabilité de l’été. Mais le domaine skiable reste le moteur économique de tout l’écosystème et le cœur d’activité de la Sem. L’hiver 2020-2021, malgré l’absence de ski, la destination Valloire a été très prisée. L’attractivité de la destination dépasse le seul ski alpin.
