SEM Valloire : un business model qui prend de l'altitude
# Tourisme # Investissement

SEM Valloire : un business model qui prend de l'altitude

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Depuis l'arrivée de la nouvelle équipe municipale conduite par Jean-Pierre Rougeaux, la SEM Valloire a pris de la hauteur avec un plan d'investissement de 28 millions d'euros sur dix ans et un changement de gouvernance destiné à la rendre plus compétitive.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Avec 70 % du domaine skiable situé au-dessus de 2.000 mètres, Valloire est un poids lourd des stations de moyenne montagne. La Société d'économie mixte de gestion de la station est engagée dans un programme d'investissement de 28 millions d'euros jusqu'en 2025. Avec un double objectif : renforcer sa capacité d'enneigement artificielle et moderniser ses remontées mécaniques. « C'est un budget prudent, insiste Jean-Marie Martin, le P-dg de la SEM. « Les remontées mécaniques demeurent très capitalistiques et représentent 2/3 des investissements à réaliser », rappelle-t-il. Si Valloire s'est positionnée dans les années 80 comme un précurseur dans le domaine de l'enneigement, son outil se révèle aujourd'hui vieillissant. « Il y avait un effort à faire pour rénover et étendre le réseau », estime le dirigeant. Valloire va donc investir dès cette année 4 M€ dans la rénovation de ses outils de neige de culture, en vue de couvrir en moins 60 % du domaine skiable et d'ajouter 200 enneigeurs supplémentaires, [son parc actuel en comptant 400, NDLR] d'ici l'hiver 2018. « L'investissement dans un système de cartographie GPS du manteau neigeux (100.000€) a déjà permis d'optimiser le damage des couches neigeuses ce qui nous a permi d'ouvrir ouvrir autant de pistes l'hiver dernier », avance le P-dg.

Un double enjeu économique

Jean-Marie Martin rappelle que la SEM fait face à un double enjeu économique. « Nous possédions jusqu'ici une capacité d'autofinancement qui ne nous permettait que d'entretenir l'outil existant, mais pas de le moderniser ». D'autant plus que les conditions d'enneigement défavorables des trois derniers hivers ont induit « une baisse du niveau d'activité de 10 à 15 %, à l'image des autres domaines skiables hors haute altitude ». Pour autant, il affirme que la SEM reste à l'équilibre, avec un résultat de 700.000 ? pour la période 2015-2016. Grâce, notamment, à une refonte du business model : « Nous avons revu notre stratégie, notre typologie de clientèle, en vue de nous concentrer sur l'important », explique-t-il. Les investissements jusqu'ici réalisés vers des secteurs de niche comme le freeride ou le VTT haut niveau ont par exemple été réorientés vers des offres correspondant davantage à la clientèle familiale de la station. « Lorsqu'on doit couvrir des pistes avec de la neige de production, on commence par s'occuper de la clientèle la plus nombreuse, ce qui peut aussi générer des économies d'exploitation », illustre Jean-Marie Martin, sans toutefois préciser de chiffre.

Une augmentation de capital

Pour se donner les moyens de ses ambitions, la SEM a lancé fin 2016 une augmentation de capital de 2 millions d'euros auprès de ses deux partenaires bancaires (Crédit Agricole et Caisse d'Epargne), qui détiennent un tiers du capital. La municipalité a mis la main à la poche aux deux tiers aux côtés du Département de Savoie (à travers Savoie Stations Participation) et d'une poignée d'associations du territoire, actionnaires elles aussi de la SEM. « Chacun a contribué au prorata de sa participation. C'est un coup de boost pour aller plus vite, dans une logique de time-to-market », affirme Jean-Marie Martin. Pour la première fois de son histoire, les rênes de la SEM ont été remises à un président directeur général, et ne sont plus entre les mains du maire. « C'est une preuve de recul et de sagesse qui clarifie les relations entre les différentes parties prenantes. Cela évite aussi tous les compromis qui pourraient avoir lieu, comme le fait d'essayer de fermer les remontées plus tard au détriment des bénéfices ».

Une nouvelle gouvernance

Pour Jean-Marie Martin, cette passation vise à impulser une nouvelle dynamique autour d'un comité de direction. « Depuis le changement de majorité, nous accueillons au conseil d'administration d'anciens entrepreneurs et artisans réclamant de gérer la SEM comme une entreprise sur un secteur concurrentiel », avance le P-dg de la station. Avec un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros en 2016, Valloire ne veut cependant pas brûler les étapes. « Nous avons réalisé des projections prudentes, avec une croissance entre 1 et 2,5 %, car on sait que le contexte économique demeure compliqué », explique Jean-Marie Martin. Ce dernier espère que la politique d'investissement permettra aussi de réchauffer les lits froids et tièdes de la station, laquelle totalise 16.000 lits pour 1.300 habitants hors saison. « Nous avons aussi deux gros hôtels fermés depuis dix ans qui sont en passe d'être repris, ainsi qu'un projet de Club Med »

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