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Salvatore Corona (BV Sport) : « Cette crise aura des répercussions sur nos investissements »
Témoignage Loire # Textile # Sport

Salvatore Corona (BV Sport) : « Cette crise aura des répercussions sur nos investissements »

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Spécialiste de la compression et contention sportive, BV Sport a été frappé de plein fouet par l’arrêt des compétitions sportives et la fermeture des magasins spécialisés. En deux mois, la PME stéphanoise dirigée par Salvatore Corona a perdu 800 000 euros de chiffre d’affaires.

Salvatore Corona, PDG du fabricant stéphanois de compressions et contentions sportives BV Sport, et son fils Thomas, en charge du marketing, s'attendent à de grosses pertes cette année — Photo : Gilles Cayuela – Le Journal des Entreprises

« Ce confinement a été une véritable catastrophe pour la filière sport qui génère près de 80 milliards d’euros annuels de chiffre d’affaires. Les pertes provoquées par la crise sanitaire, l’arrêt des compétitions et les fermetures administratives sont estimées à 20 milliards d’euros. Au sein de BV Sport (25 salariés, NDLR), c’est la désolation », décrit Salvatore Corona, PDG de BV Sport, fabricant de gammes de compressions et contentions sportives basé à Saint-Étienne.

« En tant que spécialiste de la compression et contention sportive, nous avons été énormément impactés par l’arrêt des compétitions de football, rugby et course à pied. Et avec la fermeture des magasins de sport pendant deux mois, nous avons perdu très gros. Depuis le début de la crise sanitaire nous accusons un recul de 90 % de notre chiffre d’affaires. L’export est à l’arrêt. Seul notre site internet a un peu fonctionné durant le confinement. Résultat en deux mois, nous avons perdu 800 000 euros de chiffre d’affaires », déplore le dirigeant.

20 % du chiffre d’affaires habituel en mai

Avec la réouverture des magasins le 11 mai, BV Sport semble voir un peu le bout du tunnel. Enfin, c’est ce que veut croire Salvatore Corona. « En mai, nous avons fait environ 20 % de notre chiffre d’affaires habituel. Nous espérons monter progressivement en puissance avec des prévisions qui nous amènent entre 30 et 35 % sur juin, 50 % sur juillet et un retour espéré à la normale sur septembre. Mais tout va dépendre de la reprise de la consommation et des besoins de nos clients distributeurs. Les magasins de sport représentent 80 % de notre chiffre d’affaires. Or ces magasins ont beaucoup de stocks non écoulés », s’inquiète le dirigeant.

« Fort heureusement nous avons des fonds propres - 1,4 million d’euros pour être précis - qui vont nous permettre de passer le cap. Nous en avons déjà consommé une bonne partie pour maintenir à flot notre trésorerie et comme ce ne sera pas suffisant, nous avons contracté un prêt garanti par l’État d’un million d’euros. Nous avons prévu de l’utiliser sur la période de juillet à septembre car nous nous attendons à de grosses pertes cette année. En 2019, nous avons réalisé 5,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Cette année, nous devrions être à 3,8 ou 4 millions d’euros dans le meilleur des cas. Nous n’avons pas prévu de licencier dans l’immédiat mais cette crise aura des répercussions économiques importantes sur l’entreprise ».

Des projets à l’export reportés

À commencer par la capacité de BV Sport à investir. « Nous avions un projet d’agrandissement d’un de nos ateliers avec l’achat de cinq nouvelles machines. Un projet à près de 500 000 € que nous allons maintenir mais pour le reste, cela va clairement obérer nos capacités d’investissement. Nous avons déjà prévu de sabrer le budget communication. Nous avions des projets de développement à l’export, notamment aux États-Unis et au Japon, que nous n’allons pas concrétiser dans l’immédiat. Nous avions des contrats de recherche de distributeurs que nous avons dû mettre en stand-by. Je préfère maintenir mes emplois en France que poursuivre mon expansion à l’international. Si nous réalisons une bonne année 2021, nous réétudierons la question et, si ce n’est pas le cas, nous serons peut-être contraints de recalibrer l’entreprise. Je ne suis pas philanthrope, je suis chef d’entreprise ».

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