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Renault Trucks veut carburer à l’énergie alternative
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Renault Trucks veut carburer à l’énergie alternative

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Le constructeur de poids lourds, qui emploie plus de 6 000 personnes dans la région, opère un virage contrôlé sur les nouvelles énergies. Au programme pour 2020 : une gamme 100 % électrique aux formats 16 et 26 tonnes, sans compter une montée en gamme sur les modèles roulant au biocarburant.

Le constructeur, adossé au groupe Volvo, va lancer une solution industrielle sur deux modèle de poids lourds électriques (ici un camion-benne électrique Renault Trucks en circulation dans les rues de Lyon) — Photo : Renault Trucks

Pour gagner une course, le plus simple est encore de partir le premier. C’est en tout cas le choix assumé de Renault Trucks (4,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 40 % générés en France) qui s’apprête à lancer, début 2020, « une solution industrielle » sur le marché du poids lourd électrique. Une première en Europe. D’autres constructeurs devraient rapidement suivre mais la marque au losange sur le poids lourd - filiale depuis 2001 du groupe suédois Volvo – entend profiter de cette avance pour imprimer son sillon sur ce marché encore vierge.

200 à 300 kilomètres d’autonomie

Concrètement, Renault Trucks – qui emploie près de 10 000 personnes en France dont 6 000 en Rhône-Alpes (regroupées dans la métropole lyonnaise et à Bourg-en-Bresse) – va confier à son site de Blainville-sur-Orne en Normandie la production de deux modèles 100 % électrique. « L’un en 16 tonnes, l’autre en 26 tonnes, dont le développement technique est entièrement assuré par nos équipes d’ingénieurs lyonnais, soit plus de 300 experts au total », précise depuis le site de Saint-Priest Olivier Metzger, directeur des énergies alternatives de Renault Trucks en France. Et de viser pour cette nouvelle gamme des débouchés principalement en zones habitées : les véhicules seront en effet dotés de 200 à 300 kilomètres d’autonomie et optimisés pour la collecte de déchets (plusieurs modèles sont déjà en circulation à Lyon) ou la distribution urbaine.

Le constructeur, qui espère en vendre plusieurs centaines d’unités dès l’année prochaine, veut par ailleurs accélérer sur l’ensemble de sa gamme nouvelles énergies. Sa carte maîtresse : des moteurs mixtes, roulant à la fois au diesel et biocarburant (de type biodiesel produit à partir d’huile végétale), qui permettent la réduction de 50 à 60 % des émissions de CO2 de ces poids lourds. « Nous sommes en train de développer notre offre pour mieux pouvoir répondre au marché du biocarburant sur des longues distances », précise Olivier Metzger.

Éviter le syndrome Nokia

Sur ce segment aussi, le temps vaut de l’or. Se positionner sur le marché du biocarburant naturel (mais aussi celui du biocarburant de synthèse dont la filière commence tout juste à se structurer) est un enjeu stratégique, reconnaît l’expert. « Il faut être sur tous les sujets : l’électro-mobilité, les biocarburants, mais aussi l’hydrogène et le véhicule autonome », appuie-t-il. « Nous sommes à un moment clé pour notre industrie. Nous assistons à une explosion démographique en même temps qu’à une montée en gamme technologique sans précédents. Il ne faut surtout pas rater ce virage au risque de se retrouver dans la même situation que Nokia, qui a plongé lorsque l’usage du smartphone a explosé ».

Pour éviter ce risque, Renault Trucks, qui absorbe 28 % de parts de marchés en France (sur un total de 54 000 véhicules vendus en 2018), investit 5 % de ses revenus dans la recherche et l’innovation. Et prévoit l’ouverture d’ici 2021 d’un nouveau centre R & D à Saint-Priest qui accueillera quelque 1 200 ingénieurs. Montant de l’investissement : plus de 30 millions d’euros.

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