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Renault Trucks retrouve sa vitesse de pointe
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Renault Trucks retrouve sa vitesse de pointe

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Longtemps traumatisé par plusieurs plans sociaux, le constructeur de camions Renault Trucks, dont le siège est à Lyon, profite de l'embellie du secteur en affichant 15 % de croissance sur le marché hexagonal. Il sort en prime une nouvelle gamme 100 % électrique et investit 33 millions d'euros dans un nouveau centre R&D sur son site de Saint-Priest.

Le constructeur lyonnais Renault Trucks lance ce nouveau camion benne 100 % électrique, dont il espère vendre une centaine d'unités en 2019 — Photo : Renault Trucks

Le calme retrouvé. Il y a quatre ans, Renault Trucks (4,2 milliards d’euros de chiffre d'affaires, dont 40 % générés dans l’Hexagone) connaissait, coup sur coup, deux plans de sauvegarde de l'emploi, en 2014 et 2015, se traduisant par la suppression de plus de 500 postes en CDI et près de 1 000 postes d’intérimaires et de consultants. Aujourd'hui, les feux sont passés au vert pour le constructeur lyonnais de camions. « Nous soufflons enfin », admet Christophe Martin, directeur général France, en poste depuis le printemps. « La période est faste. En France, nous avons enregistré en 2018 une croissance d’environ 15 %, avec 54 000 unités vendues. » Soit 28 % de parts de marché.

« Nous restons vigilants mais les années sombres sont derrière nous. »

Même tendance pour cette nouvelle année, malgré un léger tassement attendu. Renault Trucks – qui emploie près de 10 000 personnes en France dont 6 000 en Rhône-Alpes (regroupées dans la métropole lyonnaise et à Bourg-en-Bresse) – affiche de belles couleurs. Et un « excellent » carnet de commandes. « Il n’y a pas d’angoisse à avoir quant à la pérennité et au développement de nos sites, a fortiori ceux de Vénissieux et de Saint-Priest particulièrement touchés par nos précédents plans sociaux », confirme la direction du constructeur, filiale depuis 2001 du groupe suédois Volvo. « Nous restons vigilants, mais les années sombres sont derrière nous. »

Virage vers l’électrique

Oubliée donc l’époque – celle des années 2007-2008 – où les chiffres étaient dopés "artificiellement" et où Renault Trucks fabriquait des camions sans clients ? « On passait commande à la production, sans avoir de contremarque en face », reconnait Christophe Martin. « C’était une catastrophe. Ce temps-là est révolu », jure-t-il. « Nous sommes dans une phase de création de richesses. » Et d’innovation. La marque profite à plein de la stratégie portée et incarnée par Martin Lundstedt, PDG du groupe Volvo depuis trois ans. Un homme du sérail qui veut faire rimer poids lourds avec technologies de pointe. Près de 5 % du chiffre d'affaires du groupe (40 milliards d’euros au global) sont ainsi injectés dans la R&D. Le constructeur vient d'ailleurs de valider la construction un nouveau centre R&D sur son site de Saint-Priest, qui sera ouvert en 2021. Montant de l'investissement : 33 millions d'euros.

Pour Renault Trucks, cela passe par une accélération sur le segment des nouvelles énergies. Le groupe lance en effet plusieurs véhicules 100 % électriques, dont un modèle 26 tonnes carrossé en benne à ordures ménagères avec « une autonomie de 120 km », précise Christophe Deshayes, un ingénieur maison. Fonctionnant sur batteries lithium-ion, « il a été entièrement imaginé et conçu par les équipes de nos sites lyonnais », précise-t-il. Un camion nouvelle génération également disponible en modèle 16 tonnes (300 km d’autonomie), dont la production sera assurée, à partir de septembre 2019, sur le site de Renault Trucks de Blainville-sur-Orne, près de Caen. « Nous espérons en vendre une centaine d’unités dès la première année », confie l’expert. Le constructeur lance par ailleurs une nouvelle version de son modèle roulant au gaz naturel comprimé, avec une autonomie doublée à 800 km.

Anticiper la concurrence chinoise

Suffisant pour permettre à Renault Trucks de se positionner sur ce marché – particulièrement convoité – des camions à « zéro émission » ? « Cela fait dix ans que nous travaillons sur ce type de modèles et de prototypes. L’enjeu environnemental est devenu majeur dans notre industrie », rappelle Christophe Martin.

Pour les syndicats pourtant, Renault Trucks doit accélérer davantage sur l’électrique… sous peine de se faire distancer. Volvo, et surtout l'allemand Daimler, sont déjà sur ce créneau. Sans compter « les moteurs électriques chinois qui arrivent en force », comme le redoute Fabrice Fort, de la CGT Renault Trucks. « Pour rester dans la course, nous devons mettre en place une feuille de route plus ambitieuse », considère ce délégué syndical basé à Saint-Priest. La direction estime au contraire que « tous les moyens sont sur la table ». « Nous avons un gros potentiel de croissance, notamment sur les services liés aux véhicules nouvelle génération », appuie Christophe Martin.

Reconquérir ses positions en Europe

Renault Trucks cherche dans le même temps à se déployer davantage sur le continent européen, avec un objectif de 10 % de parts de marché sous trois ans (contre 8 % actuellement). « Dans certains pays, comme l’Italie et l’Espagne, nous reprenons la main sur nos réseaux de distribution en créant des structures 100 % dédiées. Nous investissons aussi, en Hongrie par exemple, dans des centres d’occasion », précise le dirigeant. Autre marché en ligne de mire : l’Allemagne et ses 80 000 camions vendus chaque année. Sur place, Renault Trucks fait toujours figure de « petit acteur » face au géant Volkswagen. Mais le constructeur français entend bien y renforcer son empreinte.

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