Comment la pandémie de Covid-19 a-t-elle impacté Probikeshop ?
Olivier Rochon : Nous avons eu un petit coup de mou pendant le confinement mais le rebond a été très positif. En mai, nous avons enregistré une croissance de nos ventes de 110 %, une hausse de 85 % des ventes de vélos électriques et notre site internet a atteint 3 millions de visiteurs et 100 000 commandes. Nous faisons donc partie des secteurs qui ont bénéficié de cette crise sanitaire. Le vélo et l’e-commerce ont vraiment été le combo gagnant de cette crise.
Comment avez-vous géré ce boom inattendu de la demande de vélos ?
Olivier Rochon : Difficilement, d’autant plus qu’avec les mesures sanitaires nous ne sommes pas dans un fonctionnement normal de l’entreprise. Les volumes étant bien supérieurs à ce que nous avions anticipé, cela a demandé beaucoup de travail et d’efforts pour maintenir un niveau de qualité qui soit satisfaisant pour nos clients. Toute la supply chain du vélo a été mise à mal car personne n’avait anticipé une telle hausse de la demande. Chez Probikeshop, nous avons eu la chance d’avoir un stock assez conséquent. Quand il y a une crise, cette stratégie paye. Mais sur la durée, il va falloir trouver de la marchandise pour se réapprovisionner correctement. Des grandes marques comme Shimano sont en pleine réorganisation pour tenter de répondre à la demande croissance et nous annoncent un impact jusqu’au printemps prochain.
Ce boom du vélo peut-il s’inscrire dans la durée ?
Olivier Rochon : Nous pensons que l’intérêt pour le vélo va rester une tendance de fond. On le voit avec le développement du "vélotaf" (déplacement domicile travail à vélo, NDLR) un peu partout en France. Le fait que les Français soient partis moins loin en vacances cette année a aussi favorisé les activités de plein air et notamment la pratique du vélo. Mais au-delà de l’effet "crise sanitaire", les changements majeurs qui s’opèrent au niveau politique sur les questions de la mobilité ont un impact. La vague verte aux dernières élections municipales va dans notre sens. Et puis le Premier ministre a parlé de créer des pistes cyclables pour relier les villes entre elles. Toutes ces politiques de mobilité volontaristes en faveur du développement du vélo manquaient cruellement dans notre pays. Tout cela ouvre de belles perspectives d’avenir pour Probikeshop qui, cette année, va dépasser les 100 millions d’euros hors taxe de chiffre d’affaires.
Avez-vous déjà prévu de nouveaux investissements pour répondre à cette demande croissante ?
Olivier Rochon : Nous avons de beaux projets ! Par exemple, nous serons sans doute amenés à investir plusieurs millions d’euros pour faire évoluer notre outil logistique. Notre entrepôt de 30 000 m² à Chaponnay (près de Lyon, NDLR) est dimensionné pour faire face à notre croissance mais si celle-ci s'accélère, il faudra débloquer des fonds pour passer des paliers. Pour l’instant, il est encore un peu tôt pour en parler. Nous sommes encore dans la phase d’étude des différentes solutions qui s’offrent à nous. À partir de 2021, nous devrions en savoir un peu plus sur ce que l’on veut faire.
Côté distribution, vous avez ouvert il y a un an un concept store à Lyon. Avez-vous prévu de dupliquer ce modèle dans d’autres villes ?
Olivier Rochon : Baptisé L’Ambassade, ce concept store est pour nous bien plus qu’un magasin. C’est un véritable lieu de vie autour du vélo et un gros support marketing pour Probikeshop. Nous y organisons des conférences autour du vélo, des présentations de nouvelles gammes de marques. C’est un outil qui nous permet d’être actifs auprès de la communauté cycliste et d’avoir des premiers résultats très positifs en termes de marketing. Mais cet un outil n’a pas vocation à être dupliqué ailleurs.
À l’heure où bon nombre d’e-commerçants s’orientent vers une stratégie phygitale, qui marie boutique physique et boutique en ligne, n’êtes-vous pas tentés de développer votre propre réseau de boutiques ?
Olivier Rochon : Nous avons déjà amorcé ce virage phygital. Nous recensons près de 300 magasins partenaires avec lesquels nous travaillons en France. Nous leur proposons un accès en ligne B to B qui leur permet d’accéder directement à nos stocks. Nous leur livrons aussi nos vélos avec une mise en service en local au plus proche de nos clients mais nous n’avons pas vocation à les remplacer en créant notre propre réseau de magasins. Notre stratégie repose plutôt sur le développement de nouveaux services aux clients mais aussi aux magasins.
Quid de l’international ?
Olivier Rochon : L’international fait partie de notre stratégie puisque nous réalisons déjà près de 50 % de notre chiffre d’affaires hors de France. Nous sommes aujourd’hui leader sur le sud de l’Europe (Espagne, Portugal, Italie). Notre objectif est de nous développer en Europe centrale et dans les pays nordiques pour devenir le leader européen de l’expertise vélo.
