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Pourquoi Pralus investit dans un potager XXL pour ses salariés
Loire # Agroalimentaire # Investissement

Pourquoi Pralus investit dans un potager XXL pour ses salariés

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À la tête d'une PME de 110 salariés qui fabrique les fameuses pralulines (brioches aux pralines), le chocolatier François Pralus investit plusieurs centaines de milliers d'euros... dans la mise en place d’un jardin pour ses salariés ! Fidèle à sa réputation humaniste, l’homme, pilier de l’économie roannaise (Loire), fait les choses en grand en aménageant un espace vert d'un hectare.

— Photo : Le Journal des Entreprises

"Je ne sais pas si je vous réponds…, C’est vous qui avez écrit il y a six mois que je créais plusieurs sociétés pour ne jamais dépasser le seuil des 50 salariés et ne pas avoir de syndicat ! Je ne pensais pas que vous alliez l’écrire… Vous avez titré dessus en plus ! Quand même… ».
Le ton est taquin et l’œil moqueur. François Pralus, entrepreneur roannais aguerri à la tête de la fabrique familiale de pralulines (brioches aux pralines) et de chocolats, - 110 salariés au total ; 10 millions d'euros de chiffre d'affaires-, ouvre grand la porte de son bureau. « J’ai eu plusieurs coups de fils de patrons locaux après la publication de votre article. Ça les a fait rire que je dise tout haut ce que beaucoup pensent tout bas ! Je veux maintenir un climat chaleureux et de confiance. Je vais vous le prouver d’ailleurs ». Joignant le geste à la parole, le presque sexagénaire nous convie à découvrir l’arrière du bâtiment.

Jardin potager de 1.800 m²

Framboises, fraises, salades, menthe, tomates, haricots, rattes… Derrière la fabrique, François Pralus vient de faire aménager un immense potager de plus de 1.800 m² sur un terrain d’un hectare planté d’une centaine d’arbres fruitiers, pour un investissement global de 350.000 euros. Deux jardiniers professionnels ont été recrutés pour planter et lancer cet espace imaginé en permaculture. Les cosses des fèves de cacao de la chocolaterie sont utilisées comme paillage. Le tout agrémenté d’un poulailler, d’une vingtaine de ruches, d’un bassin, d’un terrain de pétanque, d’un barbecue et d’un espace détente. « Je ne veux pas de syndicat, mais la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), je sais ce que c’est ! », se joue encore une fois François Pralus. Tout n’est pas encore opérationnel mais l’ensemble devrait être prêt dans les prochaines semaines. Le projet est né d’une idée d’Hugo Pralus, qui a rejoint tout récemment son père dans l’entreprise créée par son grand-père dans les années 60. « J’avais vu un jardin de ce genre sur le toit du Bon Marché à Paris. Cela correspond parfaitement à nos valeurs », insiste le jeune homme de 25 ans. « Tous les samedis, les salariés pourront prendre 30 minutes sur leur temps de travail pour jardiner et récolter. Chacun pourra repartir avec une cagette de fruits et légumes bio. Ceux qui n’ont pas d’espace extérieur chez eux, pourront profiter du barbecue le week-end s’ils le souhaitent ».

Le traditionnel casse-croûte d’entreprise du mercredi et du samedi se tiendra désormais dans un cadre plus agréable. La PME familiale, au mode de fonctionnement plutôt paternaliste jusqu’ici, s’est ainsi engagée dans une action surfant sur les dernières tendances du management. « Les salariés peuvent se parler et échanger en dehors de leur poste de travail. Cela entretient une ambiance excellente et une cohésion au sein des équipes », poursuit l’instigateur du jardin, Hugo Pralus. Ce potager s’inscrit dans un projet plus vaste d’accélération de l’entreprise.

Réorganisation de la logistique

Treize ans après avoir mis un terme à l’essor de ses magasins en franchise, François Pralus veut de nouveau booster son chiffre d’affaires en déployant un réseau de boutiques exclusivement en nom propre cette fois. « Les franchisés ne respectaient pas nos exigences de qualité et abîmaient notre marque ».Mi 2016, l’entreprise disposait de 8 boutiques. Un an plus tard, elle en possède deux de plus (600.000euros investis par boutique) : un magasin a ouvert ses portes en novembre à Lyon, un autre dans le centre-ville de Saint-Étienne avec un succès inattendu.« Nous avons dû tripler les équipes de cette boutique en passant de 4 à 11 salariés et nous avons acheté immédiatement deux fours supplémentaires », se réjouit François Pralus. Trois autres échoppes sont en cours d’ouverture : à Dijon, Clermont-Ferrand et dans le troisième arrondissement de Paris où la PME ligérienne dispose déjà de deux espaces. « Pour suivre ce développement, j’envisageais de construire un nouveau bâtiment de 600 m² pour créer un nouvel espace de préparation de commande destiné à l’export et à nos magasins. Pour cela, j’ai racheté il y a quelques mois, un terrain de 11.000 m² appartenant à Lucien Deveaux situé derrière notre site. Précisément, là où est implanté notre jardin ». François Pralus n’a finalement jamais donné le feu vert pour les travaux de ce nouveau bâtiment. Car dans la foulée de cette acquisition, des opportunités de rachat se sont présentées dans les locaux voisins. Pralus a finalement récupéré 800 m² supplémentaires déjà bâtis. « J’ai suspendu la construction. Hugo arrive juste dans l’entreprise. Je préfère lui laisser le choix de ses orientations futures. Le terrain est donc resté vacant, j’ai seulement fait aménager un quai pour la livraison des camions et le potager ». Au total, la PME, sans syndicat donc, aura investi 1,35million d’euros dans l’opération dont un tiers pour le bien-être de ses salariés.

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