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Pourquoi l'hôtelier Loïc Renart veut séduire une clientèle plus locale
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Pourquoi l'hôtelier Loïc Renart veut séduire une clientèle plus locale

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Président du groupe Les Aubergistes Lyonnais, propriétaire des hôtels Globe et Cecil, Le Simplon et du restaurant Le Comptoir Cecil, Loïc Renart vient d'acquérir l'hôtel trois étoiles Le Phénix dans le quartier historique du Vieux Lyon. Mais la crise sanitaire oblige l'hôtelier lyonnais à réduire la voilure et à cibler une clientèle plus locale.

— Photo : DR

Acheter un hôtel en pleine crise sanitaire tel que Le Phénix, alors que la ville de Lyon est à l’arrêt… Quelle mouche a piqué Loïc Renart ? L’ancien ingénieur agronome a attrapé le virus de l’entrepreneuriat. Il faut dire qu’il a de qui tenir : ce quadra est né à l’hôtel Globe et Cecil, dans le deuxième arrondissement de Lyon, établissement quatre étoiles de 60 chambres racheté par son grand-père en 1966. Son frère, commissaire-priseur, et sa sœur, enseignante, n’avaient aucune velléité de reprise, alors il s’est lancé. En 2010, il prend la suite de sa mère. L’ingénieur rejoint le mouvement du Centre des jeunes dirigeants, et finalise la transmission de l’entreprise en 2012.

L'hôtel Globe et Cecil acheté en 1966 par le grand-père de Loïc Renart — Photo : DR

Huit ans plus tard, Loïc Renart est à la tête de deux autres établissements, l’hôtel deux étoiles Le Simplon du côté de Perrache, et, depuis cet automne, Le Phénix dans le Vieux Lyon, un établissement de charme avec vue sur la Saône. L’achat du Phénix était prévu avant la crise. Le vendeur a laissé du temps à Loïc Renart pour s’organiser, et la signature est intervenue en septembre 2020. Il était alors encore question de Pollutec, du Sirha et des nombreux autres salons professionnels qui devaient attirer des milliers de visiteurs à Lyon. Au total, le groupe hôtelier Les Aubergistes Lyonnais que Loïc Renart a créé représente 140 chambres, 45 salariés et 5 millions d’euros de chiffre d’affaires « avant le Covid ». « Avant », c’est-à-dire quand les établissements affichaient un taux d’occupation de 85 % et des nuitées à 180 euros en moyenne. Depuis, les perspectives ont changé, mais pas l’envie d’avancer.

Aller de l’avant

Après une fermeture de tous ses hôtels en quelques jours, il décide de rouvrir le Globe et Cecil, avec 70 % de son effectif, pour assurer le service et l’accueil. Aujourd’hui, seules 30 à 40 chambres du quatre-étoiles sont occupées. Et d’un chiffre d’affaires de 450 000 euros par mois, le groupe hôtelier est passé à 70 000 euros en novembre et 90 000 euros en décembre. « C’est peu mais je vais de l’avant, glisse celui qui a contracté plusieurs prêts garantis par l’État. Je fais partie de ceux qui souffrent le plus mais aussi de ceux qui sont les plus visibles, je ne vais pas m’en plaindre ».

Le gérant reste inquiet. Au fil des semaines, sa dette s’est alourdie. Celui qui se revendique "aubergiste lyonnais" suit à la lettre les conseils du directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq. « Il nous encourage à faire de la ressource longue, nous alertant sur les réactions imprévisibles des banques à moyen terme », confie Loïc Renart. Il dit pouvoir tenir deux ans, « mais il ne faudrait pas que la crise traîne trop ». Mi-décembre, l’homme s’est étranglé en recevant un e-mail d’un grand groupe international établit à Lyon, l’un de ses plus gros clients, qui avait noué un contrat annuel fixant le prix de la chambre à 107 € au Globe et Cecil. Le mail reçu depuis une plateforme de réservation établit le nouveau prix à 86 €. « C’était à prendre ou à laisser », laisse entendre l’hôtelier. Scandalisé, Loïc Renart ne compte pas accepter. « Les grands conglomérats profitent de cette crise pour faire des économies substantielles sans eux-mêmes être frappés. Cette crise, c’est l’occasion de tisser d’autres types de liens, mais ces gros acteurs ne raisonnent pas ainsi », se désole-t-il.

Vers une cible plus locale

Ce comportement conforte Loïc Renart dans sa vision. « Nous avions 40 % de clientèles étrangères. Aujourd’hui, nous sommes proches de zéro. Par la force des choses, je deviens une place de vie locale, en faisant de mes hôtels des lieux dédiés à la vie lyonnaise, je m’intéresse désormais au circuit très court, à cette clientèle de TPE et de PME locales et de Lyonnais qui peuvent venir louer une salle ou organiser une réunion à l’hôtel, avec une architecture très ouverte sur le quartier : on enlève les rideaux pour donner à voir ce qu’il se qui se passe à l’intérieur, des activités de restauration pour les locaux avec le comptoir Cecil et l’association de quartier Les petites cantines… ». Dans le prolongement de l’élection de Lyon comme capitale européenne du Smart Tourisme, il défend un tourisme plus responsable, c’est-à-dire accessible à tous et respectant les habitants et le patrimoine local. Reste à savoir quand l’épidémie de coronavirus donnera la possibilité à Loïc Renart et aux autres hôteliers lyonnais de pleinement mettre en oeuvre ces nouveaux préceptes.

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