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Pourquoi le fablab "Bel Air Camp" fait carton plein 
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Pourquoi le fablab "Bel Air Camp" fait carton plein 

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Deux ans après son ouverture, l’alchimie Bel Air Camp - une méthode, une équipe, une situation géographique - fonctionne. Le tiers lieu industriel de 10 200 m² dédié à l’accueil de start-up hardware et software affiche un taux de remplissage de 90%. Avec de récentes belles prises, dont le canadien Robotiq, mais aussi Ikea et Technip.

— Photo : A. Henrion Le Journal des entreprises

Deux ans après son ouverture, « Bel Air Camp » ce grand site industriel (10 200m²), vide et froid, l’est de moins en moins. Désormais, 300 personnes découpent, assemblent, impriment, vissent, soudent, testent leurs prototypes… dans cette ancienne usine villeurbannaise d’Alstom.
Fin janvier, l’espace était occupé à 90% par 55 entités juridiques. La petite nouvelle s'appelle Robotiq. Cette entreprise canadienne, née à l’Université de Laval a levé 20M€ fin 2018 et met au point des pinces - pour les bras articulés des robots - dotées d’une grande finesse de préhension. Pour installer son siège européen, avec un recrutement « local » en cours, le CEO et co-fondateur Samuel Bouchard aurait longtemps hésité entre Berlin et… Bel Air Camp.

Les bureaux - encore vides - du canadien Robotiq qui lance son recrutement en France — Photo : A. Henrion / Le JDE

Ikea et Technip

Il n’est pas le seul à faire le choix de Villeurbanne. Il y a quelques mois, Ikea jetait son dévolu sur le site. L’enseigne cherchait un pied à terre où installer ses collaborateurs mobilisés sur le projet « Parilly » de Vénissieux. « Ils sont arrivés à quinze, des quatre coins de France en août dernier, rapporte la responsable commerciale de Bel Air Camp. Ils sont 80 aujourd’hui, regroupés dans 500m² au premier étage ». Presque en même temps, le spécialiste des services parapétroliers, Technip FMC, a loué 800m² pour installer 70 collaborateurs.
Les "institutionnels" aussi se penchent sur le modèle. Lyon Métropole, mais aussi le label " French Fab" échangent régulièrement avec les représentants du fablab. Ce « tiers lieu » aura sans doute un rôle à jouer dans le repérage des start-up "cibles" du futur site Industrie du Futur de Bosch Vénissieux. Et pour cause, parmi les locataires actuels, certains ont déjà de beaux contrats en perspective. les solutions deux-roues Addbike et Yokler, Touche de clavier.com, et le petit robot Hease et ses 38 salariés... « Bel Air ? On y est bien, ce mélange hardware et software est intéressant, tout comme le stockage ou les équipements collectifs, commente Morane Rey-Huet, fondateur de Meersens, stat-up qui conçoit des boîtiers connectés équipés de capteurs pour tester la qualité de l’air, des aliments, des ondes. Mais je l’ai dit à Pauline : le loyer est un peu cher... »

Clés du succès

Pas sûr qu’en 2016, le promoteur immobilier lyonnais Didier Caudard-Breille s’attendait à un tel succès. Lequel tient sans doute à la personnalité de Pauline Siché. Dès le début du "projet", "DCB" propose à cette jeune-femme débrouillarde de l’associer au projet en la nommant directrice générale d'un espace immense et... vide. Le 26 octobre 2016, titulaire d’un CAP de pâtisserie et d’un Master à Grenoble Ecole de management, la jeune femme ouvre toute seule les portes de l’ancienne usine villeurbannaise (26 000 m² de bâtiment sur 34 000m²). A elle d’inventer le modèle ! « Nous avons toujours fonctionné en itération, décrit-elle. A l’antithèse de Station F, nous n’investissons qui si cela répond à un besoin exprimé par la communauté. C’est elle qui nous fait avancer ».

Nouveau bâtiment et nouvelles offres

En 2017, la SAS présente un honorable chiffre d’affaires (500k€), qui double fin 2018 (1M€) avec cinq salariés : une commerciale, une chargée d’accueil, un responsable d’atelier, une animatrice et leur directrice. L’alchimie - une méthode, une équipe, une situation géographique (proximité du site avec Rhonexpress, l’aéroport, la gare de la Part-Dieu) fonctionne. Elle repose surtout sur un modèle économique 100% privé et presque 100% sur mesure : baux précaires à partir d’un mois, pour une surface de 1 à 1000 m² avec des loyers modulables aussi en fonction des prestations utilisées (mobilier, connexion, eau, équipement utilisé).
En cette fin janvier débutent les travaux de rénovation d’un second bâtiment de 7.000m². « On commence par le toit. On verra pour la suite. L’ouverture est prévue début 2020 » glisse Pauline Siché, qui lance à Bel Air Camp trois nouvelles offres : une salle de « créativité » louée à des entreprise à la journée avec ou sans prestation d’animation, une salle événementielle de 280m² (1700 euros HT la journée) et la location de l’atelier de 400m² (« le plus grand de la région ») avec trois salariés mis à disposition.

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