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Pourquoi le chimiste Gattefossé implante une usine au Texas
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Pourquoi le chimiste Gattefossé implante une usine au Texas

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Exportatrice à plus de 75 %, l’entreprise familiale lyonnaise Gattefossé, l’un des derniers fabricants d’excipients pharmaceutiques et d’ingrédients cosmétiques rhônalpins, investit 5 millions d’euros dans une usine de production au Texas.

Des laboratoires d'application de l'ETI lyonnaise Gattefossé sortent des excipients pour les produits pharmaceutique et des ingrédients végétaux pour les produits cosmétiques — Photo : Jean-Jacques Bernard

Vous ne verrez jamais son nom sur un emballage cosmétique ou une boîte de gélules. Pourtant, Gattefossé, discrète ETI lyonnaise de 300 salariés fondée en 1880, est l’une des rares entreprises françaises (avec ses concurrentes Silab et Seppic) à concevoir, produire et distribuer des excipients pharmaceutiques et des ingrédients cosmétiques. L’entreprise familiale de chimie fine, installée à Saint-Priest, assoit sa croissance sur deux savoir-faire, chacun participant pour moitié dans son chiffre d’affaires de 108 M€ (+ 6 % par an depuis quatre ans).

Suivre les tendances

Ici, le cœur du réacteur est un long bâtiment recouvert de panneaux photovoltaïques. Cette construction de 1 600 m² datant de 2011 se nomme Blanche, du nom de l'ancienne « patronne » de Gattefossé. S'y succèdent les laboratoires de culture cellulaire, d’application cosmétique et celui de la recherche pharmaceutique. Là, plus de 75 chercheurs et opérateurs conçoivent, testent, affinent des produits qui seront testés par les clients. Lesquels, devant les paillasses, jugent le produit final sur sa texture, son glissement, sa vitesse de pénétration ou sa brillance. Le leader local de la chimie fine produit depuis son siège social à l'est de Lyon quelque 5 000 tonnes d’ingrédients d’origine végétale expédiés en bidon aux quatre coins du globe. 4 500 tonnes d’excipients sortent des ateliers, à destination des géants du secteur pharmaceutique comme Roche, Novartis ou les français Pierre Fabre ou Ipsen. Ils permettent aux industriels de véhiculer le principe actif jusqu’au site d’action. « Nous améliorons l’enrobage de comprimés, le masquage des goûts, la protection de l’air ambiant en utilisant des corps gras d’origine naturels », décrit Jacques Moyrand, président de Gattefossé.

Implanter une usine aux États-Unis

Le laboratoire d’application de la cosmétologie (40 personnes) se met davantage au service du marketing. Gattefossé suit les tendances, passant du collagène - qui a très vite disparu des rayons — aux gammes vegan en passant par des ingrédients casher ou halal. Chaque année, quelque 500 tonnes d’extractions végétales pour les actifs cosmétiques sortent de l’atelier. L’usine, presque entièrement automatisée, fonctionne avec 20 à 25 salariés en 3 x 8. Seul un tiers des produits cible le marché français, 75 % étant commercialisés dans une soixantaine de pays à travers 12 filiales. Les plus importantes comptent 25 à 35 salariés, comme à Bombay en Inde (25 personnes), Shanghai, Singapour, au Maghreb ou à São Paulo « L’international est la clé de notre développement », assène Jacques Moyrand. Époux de Sophie Gattefossé, il est entré dans l’entreprise en 1977 et l’a dirigé avant de céder la direction générale le 1er janvier 2018 à Eduardo de Purgly.

Un nouvel investissement a récemment été acté par la direction de Gattefossé : 5 millions d’euros minimum pour lancer, avec son partenaire italien Faci, la construction d’une usine de production à Lufkin, au Texas. Un troisième site de production avec celui de Saint-Priest et Singapour, lequel est opéré par un partenaire local. « Aux États-Unis, il vaut mieux produire sur place pour garantir ses ventes. Nous y sommes depuis 1982 mais pas aux yeux des Américains. Et Donald Trump l’a fait savoir : il veut acheter des produits fabriqués sur le sol national, pour des raisons à la fois économiques et de sécurité », justifie Jacques Moyrand. D’ici à 2022, l’usine fonctionnera avec moins de 10 salariés, Faci y déployant ses propres salariés. C’est aussi ce partenaire – sans lien capitalistique avec Gattefossé - qui loue le terrain et organise les accès. Pour ses clients nord-américains, le laboratoire met au point et commercialisera bientôt des produits cherchant à stabiliser les effets de la molécule du cannabis. « Nous faisons le pari que cette tendance va se mondialiser », décrit le dirigeant.

Fidéliser les salariés

À Saint-Priest, sur l'implantation Seveso de huit hectares devrait sortir de terre d’ici à deux ans un nouveau bâtiment. Pour quelque 2 M€ d'investissement, le projet prévoit un espace de détente et de coworking, ainsi qu'un amphithéâtre. L’enjeu : fidéliser et attirer une nouvelle génération de salariés. Une trentaine de collaborateurs viennent d’être embauchés. Ils doivent répondre à une nouvelle organisation opérationnelle. Laquelle devrait permettre de fluidifier les échanges entre les laboratoires d’application et le marketing pour accélérer les flux entre analyse de la demande du marché et les réponses de Gattefossé.

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