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Pour affronter les turbulences, Eldec France se tourne vers l'usine 4.0
Lyon # Électronique # Investissement

Pour affronter les turbulences, Eldec France se tourne vers l'usine 4.0

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La PME Eldec France, fabricant de boitiers électroniques basé près de Lyon, est lauréat du fonds de soutien à la modernisation de la filière aéronautique. L’occasion de tenter de localiser en France un site de production américain, et d’orienter sa stratégie vers plus de R & D.

Récemment, Eldec France aurait pu élargir son périmètre dans le cadre d’une OPA hostile - finalement refusée - lancée par sa maison mère Crane sur son rival Circor Aerospace — Photo : Crane

Ce coup de pouce de l'Etat pourrait éviter à la PME de Saint-Priest (Rhône) de tomber dans un violent trou d'air. Lauréat du fonds de soutien à la modernisation, à la diversification et au verdissement des procédés de la filière aéronautique, le concepteur et fabricant de systèmes de détection et d'équipements électroniques embarqués pour le secteur aéronautique Eldec France va pouvoir avancer sur son projet industriel.

Le projet, en gestation depuis un an mais arrêté par la crise du Covid, consiste à rapatrier à Saint-Priest une cellule de fabrication de capteurs actuellement produits aux États-Unis. « C’est un travail de longue haleine, une démarche de lobbying, car notre actionnaire américain (Crane Aerospace & Electronics, 700 M$ de chiffre d'affaires, 2 800 salariés), n’a, sur le papier, rien à gagner à transférer une de ses usines hors des États-Unis », explique David Perret, directeur général d'Eldec France et salarié depuis 27 ans.

Un projet d'usine 4.0

Le dirigeant avait convaincu ses interlocuteurs, arguant de la proximité de grands acteurs européens dont Airbus, qui assurait 40 % du chiffre d'affaires d’Eldec France. « Mais le Covid a tout balayé », déplore-t-il. Selon lui, l'aide de l’État, dont le montant ne lui a pas encore été communiqué mais qu'il espère d'au moins 800 000 euros, pourrait finir de convaincre Crane A & E, d’autant que le site de Saint-Priest dispose de l’espace nécessaire pour accueillir une nouvelle unité de production.

Dans ce dossier, la Direccte a été d’une « efficacité redoutable, tient à souligner David Perret. L'Etat a lancé un plan de relance et a réagi vite pour aider les entreprises ». Heureusement, car Eldec France n’avait pas le temps d’attendre. Depuis mars 2020, la PME perd de l’altitude. Et 2021 sera pire encore. D’un chiffre d’affaires de 10,8 M€ en 2018 avec 43 salariés, l'entreprise va passer en 2020 à 7,9 M€ de chiffre d'affaires avec 32 salariés. Et David Perret anticipe un chiffre d’affaires de 7,2 M€ en 2021.

Selon lui, la nouvelle unité de production pourrait permettre d’augmenter le chiffre d'affaires d'Eldec France de 50 %. « Ce projet-là est beaucoup plus large que la localisation d’une activité en France, il s’agit aussi de devenir une usine 4.0 », plaide le dirigeant. Avec au total un budget d’investissement de l’ordre de 2 M€.

Virage vers plus de R & D

Le contexte est morose pour cette entreprise dépendant à 100 % de l’aéronautique. « Sur les vols intérieurs en Asie, le niveau est revenu à celui qu’il était avant le Covid. Mais aux États-Unis le volume est descendu à 70 % des chiffres d’avant l’épidémie, tandis qu’en Europe, le trafic est nul voire négatif ». La reprise sera longue, selon David Perret, « pas avant 2024 », même avec un potentiel vaccin. « Les entreprises vont chercher à économiser, et le poste "voyage", on s’en passe facilement ». Pour tenir, Eldec France dispose d’un peu de trésorerie, et s’est d’ailleurs refusé à contracter un prêt garanti par l’État.

Solide grâce à l’adossement à un grand groupe, la PME de Saint-Priest se tourne vers d’autres secteurs. « Les aides à la formation de la Région Auvergne Rhône-Alpes seront utiles. Et avec moins d'objectifs de développement, on va se concentrer sur la R & D. Notre démarche trouve un écho chez les donneurs d’ordre. Plancher sur les avions électriques et même, à terme, à hydrogène, ça intéresse », assure David Perret. L’horizon est lointain, mais la feuille de route est approuvée par le Gifas, le groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales.

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