Isère
Poma hisse les voiles sur le marché de l'éolien
Isère # Production et distribution d'énergie # Implantation

Poma hisse les voiles sur le marché de l'éolien

S'abonner

Après avoir annoncé la construction d'une usine spécialisée dans la fabrication des éoliennes à Gilly-sur-Isère, le spécialiste du transport par câble Poma enregistre un premier contrat d'envergure de 15 millions d'euros pour le renouvellement des installations bretonnes du groupe Kallista Energy.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Onze éoliennes Poma d'une puissance de 1,65MW, viendront bientôt équiper les sites de Lanfains et Trébry du groupe Kallista Energy. Une première pour Poma, qui avait annoncé fin 2015 sa volonté de se diversifier dans l'éolien terrestre. « L'installation démarrera à compter de 2019, une fois que Kallista aura obtenu les autorisations administratives nécessaires. Les travaux dureront entre six mois et un an », explique David St André, responsable de l'éolien chez Poma. Le groupe compte s'appuyer sur l'expertise du concepteur d'éoliennes Leitwind. Propriété, comme lui du groupe HTI (3.000 collaborateurs, CA 2015 : 700 millions d'euros), il a déjà installé plus de 300 éoliennes multimégawatts à travers le monde, dont la moitié en Inde. « C'est Leitwind qui sera chargée de concevoir les éoliennes et de faire évoluer la gamme » affirme David St André. Poma apportera quant à elle son expertise pour l'industrialisation des éoliennes, qui seront fabriquées à partir de 2017 sur le nouveau site de Gilly-sur-Isère (73) pour un investissement : dix millions d'euros.

Le marché du repowering

Poma serait également en discussions « très avancées » avec d'autres clients potentiels. Ce contrat constitue un bon indicateur de la direction que souhaite prendre Poma, en se positionnant sur le marché du repowering, qui consiste à remplacer les installations éoliennes en fin de vie. « Il existe un potentiel d'activité important, car on arrive au moment où il faut remplacer l'ensemble des éoliennes qui avaient été installées dans les années 2000 » avance David. St André. « L'avantage de ce marché, c'est que le parc est déjà développé et a obtenu les premières autorisations nécessaires » analyse Fabrice Arroyo, directeur du mastère spécialisé en management et marketing de l'énergie à Grenoble Ecole de Management (GEM). Sur ce marché, Poma pourrait capitaliser sur un avantage, à savoir des éoliennes dont la taille est déjà adaptée à la dimension des parcs existants. Avec un marché de l'éolien terrestre et offshore en nette croissance, avec 63 GW installés au niveau mondial en 2015 contre 45 GW en 2012, Fabrice Arroyo rappelle cependant que les concurrents sont nombreux. « Les acteurs sont de plus en plus gros : le numéro un est le chinois Goldwind, avec 12,5 % de parts de marché, suivi par le Danois Vestas, à 11,8 % ».

Des recrutements à venir

En visant uniquement le marché français, Poma ambitionne de devenir « le seul fabricant français d'éoliennes terrestres multi-mégawatts ». Et espère se tailler une petite part du gâteau en capitalisant sur une fabrication 100 % hexagonale et sur son expertise : « Nous venons d'un secteur, les remontées mécaniques, où nous devons adapter sans cesse nos équipements pour les rendre compatibles avec des obstacles », fait valoir David St André. « La place de Poma n'est pas facile car pour réussir, il faut une véritable différenciation technique et se positionner au moins sur des éoliennes de 2MW », considère Fabrice Arroyo.

À l'aube de l'industrialisation, Poma (résultat net non communiqué) envisage de mener des recrutements sur l'ensemble de la filière. « Les nouveaux projets entraîneront forcément des besoins dans tous les services, notamment en maintenance, afin d'assurer un service partout où l'on installera des éoliennes » estime David St André. Le parc éolien de Bretagne accueillera par exemple sa propre agence de maintenance. Pour ce faire, une partie des ressources de Poma et de Leitwind seront aussi mutualisées. Mais la discrétion reste pour l'instant de mise quant aux objectifs chiffrés... « Notre but est déjà de fabriquer 10 à 20 éoliennes par an au cours des prochaines années, ce qui nous assurerait déjà un volume conséquent. Un chiffre qui représenterait environ 5 % du marché hexagonal. Mais nous devons encore remporter encore quelques contrats, en plus de celui de Kallista Energy... » le dirigeant dixit. Le pari est jouable. Selon David Saint-André, on dénombre environ 50 milliards d'euros d'investissements nouveaux dans l'éolien terrestre chaque année dans le monde, dont un milliard d'euros en France, qui est aussi le quatrième marché mondial ».

Isère # Production et distribution d'énergie # Implantation # Investissement