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Oreste Caprio (De Clermont) : « Comment j’ai résisté à la délocalisation »
Témoignage Isère # Biens de consommation

Oreste Caprio (De Clermont) : « Comment j’ai résisté à la délocalisation »

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Oreste Caprio, président de l'entreprise iséroise De Clermont spécialisée dans la confection de semelles, lacets, et articles chaussants depuis 1991, décrit la manière dont il a lutté pour maintenir la production en France, menacée d'une délocalisation en Pologne.

En 1991, l'activité semelles et accessoires chaussants de l'entreprise Allibert Design, a été reprise par d'anciens salariés pour faire perdurer le savoir-faire français sous le nom de De Clermont — Photo : Marvelpix / D.Guillaudin

« J’ai toujours résisté et me suis toujours battu pour maintenir notre savoir-faire en France ». Le message d’Oreste Caprio résume bien sa volonté de faire perdurer en France l’activité du fabricant de semelles et d’articles chaussants qui fait aujourd’hui la spécificité de l’entreprise iséroise De Clermont (CA 2018 : 7 M€ / 40 salariés). Pourtant, rien n’était gagné. Fondée en 1911 à Monestier-de-Clermont (Isère), par l’industriel Joseph Allibert, la PME fabrique et commercialise des semelles, lacets et accessoires pour la chaussure. « En 1985, l’entreprise est rachetée par notre principal concurrent, l’Allemand Bama. Six ans après, en 1991, il annonce la délocalisation de la production en Pologne. Avec deux autres cadres de l’entreprise, nous décidons alors de ne pas laisser notre savoir-faire s’en aller. Nous avons dû repartir de zéro, notamment sur le plan commercial », se souvient Oreste Caprio alors directeur de production.

Bras de fer

Photo : Marvelpix / D.Guillaudin

Très vite, l’équipe s’organise et engage un bras de fer avec le groupe allemand, malgré les licenciements. « Les salariés se sont mis en grève et ont bloqué l'usine. Ils étaient dans l’incapacité de livrer leurs clients. Cela nous a permis de négocier un maintien d’activité en sous-traitance pour leur libérer la marchandise. Pendant neuf mois nous avons pu continuer à faire tourner l’usine. Dans le même temps, un industriel isérois spécialisé dans la brosserie nous a aidés à racheter les machines et à relancer l'activité en nous donnant de l'activité. Nous avons créé une activité concurrente dans la semelle. ». L’activité de De Clermont redémarre alors avec vingt salariés, malgré la délocalisation.

Devenu leader du marché français auprès de la grande distribution, De Clermont a su retisser des liens avec les acteurs du secteur. « On a dû aller démarcher de nouveaux clients. Auchan a été notre premier client issu de la grande distribution, un secteur qui concentre aujourd’hui 90 % de notre clientèle. Nous sommes aussi référencés chez des enseignes telles qu'Intersport ou Sport 2000, mais également auprès de discounteurs et nous travaillons pour des clients qui revendent sous leur propre marque. », précise-t-il.

Entreprise intégrée

« Nous avons su associer notre savoir-faire manuel à des machines à commandes numériques pour garantir notre productivité, note Oreste Caprio. C’est la raison pour laquelle nous avons aussi souhaité construire une entreprise entièrement intégrée disposant de ses propres services : commercial, marketing, achat, maintenance, production… L’autonomie est une des raisons de notre réussite aujourd’hui », convient-il.

Patron d’une entreprise devenue familiale – il détient 100 % des parts avec sa fille –, Oreste Caprio s’empresse de répondre aux mutations du marché. « Il faut s’adapter à un marché en transition », plaide-t-il. Après s’être attaché les services du groupe FDG, un leader européen du merchandising pour optimiser ses livraisons, et avoir emménagé il y a cinq ans dans de nouveaux locaux de 3 000 m², le patron s'attache à diversifier ses canaux de ventes auprès d’e-commerçants généralistes tels qu'Amazon et spécialisés comme Spartoo. Un enjeu pour durer et « faire perdurer l’activité après moi », confie-t-il.

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