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Olivier Bernasson (French Tech Clermont-Auvergne) : « Nous sommes dans l’autoflagellation permanente »
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Olivier Bernasson (French Tech Clermont-Auvergne) : « Nous sommes dans l’autoflagellation permanente »

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Président de l'association French Tech Clermont-Auvergne, Olivier Bernasson revient sur les caractéristiques de l'écosystème tech auvergnat, labellisée Communauté French Tech depuis avril 2019.

Olivier Bernasson, fondateur de Pecheur.com, revendu en 2013 à Decathlon, préside l'association French Tech Clermont-Auvergne créée à la suite de la labellisation de l'écosystème clermontois Communauté French Tech en avril 2019 — Photo : DR

En avril dernier, vous obteniez la labellisation Communauté French Tech, qu’est-ce qui a changé depuis ?

Olivier Bernasson : Une quarantaine de start-up a déjà rejoint l’association sur les 80 que nous avons identifiées. L’objectif est de les rapprocher des PME et des grands groupes qui travaillent sur les problématiques d’innovation mais aussi des collectivités, des écoles, des accélérateurs, incubateurs et des acteurs financiers. Cette labellisation s’est construite autour d’un groupe de 12 entrepreneurs qui ont porté la candidature, à laquelle se sont associés Clermont-Auvergne Métropole et des grands groupes comme Michelin. Aujourd’hui, nous pouvons compter sur des pépites telles qu’Afyren, DomRaider ou Braincube.

Le lancement en 2020 d’un fonds d’investissement porté par les métropoles de Clermont-Ferrand et Saint-Etienne est-il vraiment un « plus » pour l’écosystème ?

C’est la première fois en France que deux métropoles créent un fonds de 15 millions d’euros sur trois ans dédié à l’innovation. Il a été acté par les collectivités et sera géré par Sofimac. Avec Saint-Etienne, nous sommes très complémentaires en termes de profils d’entreprises et de territoire ce qui préfigure des synergies possibles. Les projets financés seront répartis équitablement entre nos territoires.

« Nous avons énormément de qualités mais nous avons le défaut d’être dans l’autoflagellation permanente. »

Afyren, qui propose des molécules bio sourcées pour remplacer les molécules pétrochimiques, vient d’intégrer le programme French Tech 120. Est-ce une preuve du dynamisme auvergnat ?

C’est évidemment valorisant pour Nicolas Sordet et ses équipes. Mais, c’est aussi la preuve que le territoire est capable de produire des champions. Il ne reste plus qu’à le faire savoir à l’extérieur du territoire mais aussi à l’intérieur.

L’écosystème n’est-il pas reconnu à sa juste valeur ?

Nous avons énormément de qualités mais nous avons le défaut d’être dans l’autoflagellation permanente. Nous préférons vivre cachés, se dévaloriser avec le corollaire que ça entraîne : la modestie au-delà du raisonnable ne nous fait pas avancer. Nous devons faire savoir aux Auvergnats, aux politiques que nous n’avons pas à être complexés. Notre attractivité est tangible. Chaque réussite est un exemple pour les autres. Lorsqu’on ne connaît pas l’Auvergne, on peut avoir la sensation qu’il ne se passe rien. C’est évidemment faux et on ne le fait simplement pas assez savoir.

Les membres fondateurs de l’association French Tech Clermont-Auvergne lors du lancement officiel de l’association à Turing22 (Clermont-Ferrand) en juin 2019. — Photo : DR

Est-ce juste un déficit de communication ?

Nous renvoyons l’image que l’on projette à l’extérieur. Aujourd’hui, lorsqu’on parle de Clermont-Ferrand, on ne pense qu’à Michelin, Limagrain et à une cathédrale toute noire. La French Tech n’est pas suffisamment connue, à l’exception du petit cercle qui la compose. Pourtant, nous avons de beaux succès à l’image d’Allegorithmic qui a été racheté par Adobe. Peu de gens savent que les dirigeants sont de Clermont. Les investisseurs français s’y sont intéressés beaucoup trop tard. Nous avons aussi sur le territoire le groupe familial Dômes Pharma spécialisé dans la santé humaine et animale ou Carbiolice, joint-venture entre Carbios et Limagrain, qui innove sur les plastiques recyclables. Nous sommes face à une ambivalence où on laisse raconter qu’il ne se passe rien alors qu’il y a des champions. Certains, d’ailleurs, ne sont pas mécontents qu’on ne parle pas trop d’eux. C’est culturel et ça correspond à l’identité auvergnate.

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