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Neocamino : « La crise du Covid sera un déclic pour la transformation numérique des TPE »
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Adrian Measures PDG de l'agence webmarketing Neocamino Neocamino : « La crise du Covid sera un déclic pour la transformation numérique des TPE »

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À la tête de l’agence de webmarketing lyonnaise Neocamino, Adrian Measures fait le constat du retard des TPE et PME dans leur transformation numérique alors que la crise du Covid-19 challenge les modèles économiques des petites entreprises. Il imagine que la crise servira de déclic dans l’approche des dirigeants sur leur conception du numérique.

Fondé par Adrian Measures, Neocamino accompagne la transformation numérique des TPE et PME. La société lyonnaise compte plus de 1 200 clients — Photo : Guillaume Moulin

Vous avez fondé Neocamino en 2012 (CA non communiqué ; 25 salariés ; 1 200 clients), une agence de webmarketing qui accompagne les TPE et PME dans leur transformation numérique. Quel constat faites-vous aujourd’hui ?

Adrian Measures : Nous proposons un service logiciel aux TPE et PME afin qu’elles gagnent de la performance grâce au numérique. Le numérique est un sujet d’anxiété pour ceux dont ce n’est pas le métier. On constate qu’il y a un retard important des entreprises, quelles qu’elles soient, dans le numérique. Cette absence de maturité numérique est surprenante.

Comment expliquez-vous ce retard ?

A.M. : On demande aux entreprises de changer et de s’adapter à des rythmes auxquels elles ne sont pas habituées. Le numérique va très vite, apporte de nouvelles opportunités constamment. Il change la manière de travailler. Souvent, la question du numérique apparaît lorsque l’activité va moins bien. Les dirigeants sont au courant de la pertinence du numérique mais s’en passeront tant qu’ils ne sont pas confrontés à une difficulté. Il y a une sorte d’immobilisme naturel. Pourquoi s’embêter à passer au numérique alors que l’activité fonctionne ? Notre plus grand concurrent dans la numérisation des TPE et PME est l’immobilité. Cela étant, je remarque que c’est en train de bouger. Si le changement a été subi au début, on perçoit aujourd’hui des dirigeants plus organisés avec une démarche volontariste pour aller chercher de nouveaux leviers de développement.

La crise du Covid-19 marque-t-elle un changement d’attitude ?

A.M. : Aujourd’hui, on ne remarque pas davantage d’activité avec cette crise. Cette période est à double tranchant puisque nous avons des clients qui sont durement affectés par la crise et décident de suspendre des campagnes de communication, de mettre en pause leur stratégie numérique. Pour autant, conformément à notre plan de développement, on a battu en septembre et en octobre nos records de vente. Mais le Covid n’y est pour rien.

"Les entreprises vont comprendre qu’avoir retardé leur investissement sur le numérique n’est plus raisonnable aujourd’hui"

L’impulsion supplémentaire apportée par la crise ne se ressent pas encore ?

A.M. : L’impulsion se ressentira dans quelques mois. Aujourd’hui, les entreprises sont dans l’urgence et bricolent des solutions temporaires, des sites e-commerce ou des services de « clique et collecte ». Notre métier est d’accompagner les entreprises sur des solutions pérennes. On lance, cette semaine, avec le Cinov Numérique et l’Afnic un programme d’accompagnement gratuit intitulé ‘Tous en ligne maintenant’ pour accompagner les premiers pas des TPE et PME dans le numérique. Il sera intéressant d’observer la réflexion des dirigeants dans les mois qui viennent, qui provoquera des décisions d’investissement. Les entreprises vont comprendre qu’avoir retardé leur investissement sur le numérique n’est plus raisonnable aujourd’hui. Le Covid peut servir de déclic et d’électrochoc. On le voit avec les aides du gouvernement, qui cherche à provoquer cette prise de conscience.

Vous évoquez les aides, qui apparaissent nombreuses et pas toujours très claires. D’autant que de nombreuses collectivités annoncent désormais leurs propres plateformes locales. Cette stratégie éparpillée n’est-elle pas contre-productive ?

A.M. : C’est un sujet complexe. Il y a 3 millions de TPE et PME en France avec autant de différences. Le gros défi pour les acteurs publics et pour les acteurs privés, c’est de parvenir à unifier la proposition. Ni le gouvernement ni nous ne savons adresser une réponse globale aux petites entreprises. Même certains gros acteurs du secteur qui ont des bases de données conséquentes n’arrivent pas toucher plus de 10 % d’entre elles.

La pluralité des interlocuteurs est une bonne chose. On vient de lancer les Foliweb, des événements pour fédérer localement la majorité des interlocuteurs comme les espaces de coworking, les chambres consulaires, les indépendants, les experts-comptables. Aujourd’hui, si la pluralité des offres est intéressante, elle reste éparpillée.

Sur quels leviers doivent se focaliser les commerçants dans leur stratégie numérique ?

A.M. : Souvent, la bonne solution est la plus simple. Elle repose avant tout sur leur communauté de clients, leur zone de chalandise. La force de ces petites entreprises est de pouvoir compter sur un écosystème de clients ultra-local. L’autre force des petites entreprises est de parvenir à se fédérer entre elles grâce à leur proximité. À eux tous, ils disposent d’une puissance plus forte à l’échelle d’une rue, d’un quartier ou d’un centre-ville.

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