Michel Chapoutier et Philippe Guigal : les rois de la Vallée du Rhône
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Michel Chapoutier et Philippe Guigal : les rois de la Vallée du Rhône

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Ces deux viticulteurs règnent sur la vallée du Rhône, exploitant un total de 450 hectares sur un terroir d’exception qui s’étire de l’appellation Côte-Rôtie à celle de Châteauneuf-du-Pape. Un empire de la vigne qu’ils gèrent chacun à leur manière.

Photo : Maison Chapoutier

Le premier, quinquagénaire exalté, a le verbe haut quand le second, son cadet d’une dizaine d’années, cultive volontiers un style plus sobre, voire effacé. Ces deux-là – Michel et Philippe – que sur la forme tout oppose, forment pourtant le couple « poids-lourd » de la vallée du Rhône, à la tête (réunis) de quelque 450 hectares en propre.

Leurs maisons, Chapoutier et Guigal, comptent en effet parmi les plus prestigieuses du vignoble local et caracolent à la tête du célèbre guide de l’œnologue américain Robert Parker. Véritables « entrepreneurs de la vigne », ils rayonnent sur l’ensemble du couloir rhodanien, de l’appellation Côte-Rôtie, la plus septentrionale, aux côtes du Lubéron dans le Vaucluse. Et pèsent, ensemble, près de 120 millions d’euros de chiffre d’affaires (dont 50 % à l’export).

« Fils de » Marcel Guigal

Ils se fréquentent, se connaissent bien, s’apprécient disent-ils mais savent aussi ce qui les différencie. « Je suis plus un entrepreneur qu’un héritier », assure l’aîné, qui a repris il y a 29 ans le domaine Chapoutier fondé par son lointain aïeul Polydor en 1808. « C’était alors une entreprise malade. Nous avons opéré une véritable révolution passant de 2 millions d’euros de CA générés à l’époque, à 52 millions aujourd’hui ».

Philippe Guigal : « Nous sommes des régionaux avant tout »

À l’inverse, Philippe Guigal est un « fils de », enfant de Marcel (toujours présent à la vigne), lui-même premier héritier de l’entreprise créée par son père Etienne en 1946. Cette filiation forme l’ADN de la marque Guigal qui affiche toujours les initiales de son fondateur. Une marque puissamment ancrée dans son terroir. « Nous sommes des régionaux avant tout.

La Vallée du Rhône est notre priorité », résume Philippe Guigal, particulièrement fier d’avoir mis la main l’an dernier sur 53 hectares du château Nalys en Châteauneuf-du-Pape, propriété jusqu’alors de Groupama.

L’as du marketing

Michel Chapoutier est au contraire un « mondialiste du vin », propriétaire d’une centaine d’hectares supplémentaires hors de la vallée, en Alsace, au Portugal, en Espagne, en Australie… L’ogre de Tain-l’Hermitage – par ailleurs président d’Inter Rhône – essaime tous azimuts. « C’est un touche-à-tout », sourit-on à Ampuis, le fief de la Maison Guigal.

Michel Chapoutier : « Nous devons valoriser les vins d’entrée de gamme »

Le Drômois est aussi un as du marketing, multipliant les cuvées prestiges avec des grands noms de la gastronomie tricolore, à l’instar du chef 3 étoiles, Yannick Alléno. Militant, il appelle à un changement du modèle économique de la viticulture française, porté par les AOC.

« Nous devons valoriser les vins d’entrée de gamme, à la portée de tous les consommateurs et facilement exportables », appuie Michel Chapoutier qui est également le premier à avoir basculé, dès les années 1990, l’ensemble de ses vignes en biodynamie. « Michel aime que l’on parle de lui », glisse Phillipe Guigal qui revendique, lui, une stratégie « RP » au régime nettement plus frugal. « Nous gardons un budget communication limité au strict minimum », admet son discret DG. « Nous nous différencions par nos vins « cousu main », qui ont forgé notre réputation ».

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