Merial tombe dans le giron de Boehringer Ingelheim
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Merial tombe dans le giron de Boehringer Ingelheim

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Avec l'acquisition du lyonnais Merial, le géant allemand Boehringer Ingelheim devient numéro deux mondial du secteur, avec 3,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Séparément les deux entreprises occupaient la quatrième et sixième place derrière l'américain Zoetis.

Photo : Boehringer-Ingelheim

Encore du mouvement sur le grand échiquier pharmaceutique. Voici que l'allemand Boehringer Ingelheim, groupe familial fondé en 1885, vient de céder ses marques d'automédication familiale (Lisopaïne ou Dulcolax) à Sanofi. En échange, celui-ci lui cède sa branche santé animale, Merial, qu'il avait acquis en 2009 à l'américain Merck.

Un vaste mouvement de concentration de la part d'entreprises en bonne santé qui entendent creuser des sillons plutôt que de tenter une trop vaste diversification. Ainsi Boehringer Ingelheim (14,8 milliards d'euros de CA, 50 000 collaborateurs) veut miser sur la santé animale. Cette branche pesait, jusqu'au 1er janvier dernier, 1,3 milliard de chiffre d'affaires pour près de 4 000 salariés dans le monde. Avec Merial (6.900 salariés, et 2,5 milliards d'euros de ventes) deux fois plus gros que la branche animale de Boehringer Ingelheim, le groupe se hisse à la deuxième place et envoie plusieurs signaux forts à ses trois principaux concurrents américains, dont Zoetis, le nº1 mondial.

12 % du CA réinvestis en R&D

« Ce rapprochement entre nos deux entreprises correspond à une volonté forte de la famille Boehringer de porter une vision à 20 ans, s'appuyant sur l'évolution des pratiques en santé animale », indique Joachim Hasenmaier, membre du directoire et directeur de la division santé animale de Boehringer Ingelheim. Alors que les antibiotiques pèsent aujourd'hui 35 % du marché, l'entreprise parie que le marché se tournera demain vers la prévention. « Nous investissons donc massivement en R & D sur les vaccins et les diagnostics » confirme le dirigeant. Cette fusion permet aussi à Boehringer de se renforcer en Europe et dans les pays émergents, puisque Mérial est présent dans plus de 150 pays, tout en accélérant aux États-Unis.

Structurellement, Boehringer Ingelheim est en effet plus implantée aux États-Unis, avec 2 000 salariés (contre 400 en Allemagne). L'Allemand renforce aussi considérablement sa présence en Chine via un site de production de vaccins en cours de construction à Taizhou et un autre à Weesp (Hollande). Tous deux devraient être opérationnels en 2017-2018.

Vaisseau amiral à Biodistrict

Dans cette perspective de déploiement mondial, Rhône-Alpes et singulièrement la métropole lyonnaise (qui concentre six sites et plus de 1 500 salariés) apparaît comme un centre névralgique. Ainsi, plus de 125 millions d'euros sont investis sur le territoire dans différents bâtiments dédiés aux fonctions support. Une somme qui avait été annoncée à l'été 2015, alors que les premiers contacts sur les échanges d'actifs entre Sanofi et Boehringer Ingelheim avaient déjà été noués. Par un heureux hasard du calendrier, le vaisseau amiral de la nouvelle entité sera livré cet été dans le quartier de Biodistrict à Gerland et accueillera 800 personnes dont 125 nouvelles embauches sur des fonctions support. L'inauguration du site devrait être l'occasion de connaître le nom de la nouvelle marque réunissant les deux entreprises.

Vaccins effervescents

Sur le site de Lyon Porte des Alpes, 70 millions d'euros sont injectés dans un nouveau bâtiment de R & D de 500 personnes. Sur ce site seront installés des biogénérateurs nouvelle génération pour 40 millions d'euros. Le groupe mise aussi 15 millions d'euros pour produire des vaccins effervescents, permettant de les administrer à des volailles par nasalisation. Dernier investissement prévu à Lentilly cette fois, à l'ouest de Lyon : 15 millions pour doubler la capacité de production du site qui passerait de 25 à 50 millions de flacons produits par an.

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