"Lyon, victime de son succès, perd en attractivité"
Interview # Attractivité

Fabrice Reynaud directeur associé chez EY "Lyon, victime de son succès, perd en attractivité"

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Si la région Auvergne-Rhône-Alpes gagne en attractivité, selon le baromètre EY de l’attractivité de la France 2022, Lyon chute dans le classement des métropoles attractives pour les investissements à trois ans. Explications de Fabrice Reynaud, directeur associé chez EY.

Fabrice Reynaud, directeur associé chez EY — Photo : EY

Vous venez de publier votre Baromètre EY de l’attractivité de la France 2022. Quels sont les principaux enseignements de cette étude concernant la région Auvergne-Rhône-Alpes ?

Auvergne-Rhône-Alpes est la deuxième région de France en nombre de projets d’investissements étrangers (146), derrière l’Île-de-France (291), soit la moitié de la part de marché francilienne. Si l’on se concentre sur l’industrie, elle est la première région industrielle en France avec 71 projets, au coude à coude avec le Grand Est (69 projets). Mais la vraie surprise, c’est la position de la région en Europe. Elle arrive à la sixième place des régions les plus attractives en Europe, derrière la région de Madrid (5e) et La Bavière (4e). Et elle est même la deuxième région en Europe pour ce qui est des investissements industriels étrangers, derrière la région de Marmara en Turquie (Istanbul, Bursa).

Comment expliquer ces bons résultats ?

Il y a trois raisons qui peuvent expliquer les bonnes performances de la région Auvergne-Rhône-Alpes. 2021 a été marquée par le rebond d’activité dans deux grands secteurs : la santé/chimie/pharmacie et la microélectronique. Deux filières bien représentées en Auvergne-Rhône-Alpes. De plus, les investisseurs américains, habituellement majoritaires sur le territoire français, ont été dépassés par les investisseurs allemands, qui ont préféré investir dans des régions relativement proches de leur pays. Cette tendance bénéficie au Grand Est comme à Auvergne-Rhône-Alpes. Enfin, la région bénéficie implicitement de la conjoncture liée à la guerre en Ukraine. Les investisseurs se détournent de l’Europe de l’Est et regardent davantage du côté de l’Europe du Sud. Principalement au Portugal, en Italie, en Espagne ou en Grèce, mais aussi sur la moitié sud de la France, qui comprend une partie de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Si l’attractivité de la région progresse, celle de Lyon recule. Quelles en sont les raisons ?

Pendant longtemps, Lyon a été perçue comme la première alternative à Paris en matière d’investissement. Déjà l’an dernier, la métropole lyonnaise était en recul puisqu’elle occupait la deuxième place. Cette année, elle est perçue comme la cinquième métropole à même de concurrencer Paris en termes d’attractivité pour les investissements à trois ans. Ce recul est principalement lié à un effet de rattrapage de la part de villes comme Bordeaux (et son nouveau TGV), Strasbourg ou encore Marseille. Par ailleurs, Lyon est victime de son succès. Elle est désormais en concurrence avec des villes européennes très compétitives, comme Hambourg, Stuttgart ou Copenhague. Cette évolution est en accord avec la politique de la métropole qui privilégie une stratégie d’attractivité choisie et qualitative, qui devrait être payante à moyen terme.

Votre baromètre met aussi en évidence la progression d’autres métropoles régionales. Comment l’expliquez-vous ?

En effet, Saint-Etienne et Clermont-Ferrand progressent. Elles sont respectivement septième et dixième en termes d’attractivité pour les investissements à trois ans. Saint-Etienne investit depuis dix ans dans le renouvellement urbain et ce renouvellement est aujourd’hui visible. Par ailleurs, la ville constitue une bonne alternative en termes de compétitivité-coût et dispose d’un bassin d’emplois où les recrutements sont moins tendus qu’ailleurs. Clermont-Ferrand profite en partie de l’effet grande région. La région Auvergne-Rhône-Alpes est plus puissante, plus attractive et dispose de plus de moyens que l’Auvergne seule.

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