Vous avez présenté le mois dernier, aux 3.500 adhérents de votre groupe coopératif agricole, votre plan stratégique de développement baptisé Eurea 2020. Quelles sont vos priorités ?
Précisons d'abord que le groupe Eurea est un groupe en bonne santé. Nous avons réalisé, sur le dernier exercice, un chiffre d'affaires de 187 M€, avec 743 collaborateurs. Un chiffre en baisse par rapport à l'année précédente (194 M€) c'est vrai mais dû à une baisse du prix des matières premières. Nous avons dégagé un excédent brut de 10 M€ et un résultat net de 2,8 M€. Notre objectif n'est pas de générer des bénéfices mais de nous mettre au service de nos adhérents puisque nous sommes un groupe coopératif. Ceci étant, pour leur être utile, nous devons nous développer sur toutes nos activités : l'agrodistribution évidemment (CA : 67,1 M€), la nutrition animale (98,1M€), la collecte de céréales et lentilles (25,7 M€), l'agriculture biologique (30,8 M€) et la jardinerie avec les magasins Gamm Vert (48,3 M€). C'est pour cette raison que nous avons effectivement construit un nouveau plan stratégique. Et la première des priorités est de remobiliser nos adhérents.
Pourquoi ?
Aujourd'hui, les exploitations agricoles ont tendance à se regrouper, à être plus grosses. Elles pensent qu'elles ont moins besoin de nous de ce fait. Et puis, la nouvelle génération est moins mutualiste que ses aînés. Les jeunes agriculteurs ne comprennent pas que nos prix, pour la vente de leurs céréales par exemple, sont bien plus intéressants qu'un coup qu'ils peuvent faire dans l'année. Et plus nous collecterons, plus nous pourrons pratiquer des prix attractifs. Nous allons donc nous engager dans un plan de fidélisation, nous allons essayer de les convaincre à s'engager plus avec nous. Plus on mutualise, plus les adhérents sont gagnants. Bref, il faut absolument remobiliser les troupes, que les jeunes s'engagent plus ! Nous allons travailler sur la construction de filières locales pour les séduire. Depuis plusieurs années, nous travaillons par exemple avec la Minoterie Dupuy Couturier pour valoriser le blé produit par nos agriculteurs. De même pour les lentilles avec la marque Vivien Paille. Nous devons développer encore ce type de valorisation locale.
L'agriculture numérique figure également dans votre plan stratégique. De quoi s'agit-il ?
En fait, on s'aperçoit qu'il y a énormément de données techniques issues des exploitations. Les agriculteurs ont besoin de pouvoir les analyser. Sur ce projet, nous nous inscrivons dans un projet national, SMAG, visant à grouper sur les coopératives les données coorespondant à leurs adhérents. Il s'agit de caractériser exactement les exploitations, de stocker les données de traitement, de collecte... Nos technico-commerciaux pourraient ainsi faire leurs préconisations, avec une traçabilité. Nous pourrions aussi relier les épandeurs à des drones afin de délivrer exactement les bonnes doses par exemple. L'agriculture numérique est l'agriculture de demain, nous nous devons de nous positionner pour nos agriculteurs.
Concernant votre activité grand public, quels sont vos leviers de développement ? Le réseau de nos magasins Gamm Vert est déjà dense sur notre territoire. Nous allons plutôt nous employer à sortir de la région Rhône-Alpes En revanche, à moyen terme, nous réfléchissons à la mise en place de magasins alimentaires. Avec les Gamm Vert, nous avons déjà une expérience de la distribution vers le grand public. Nous estimons que nous avons un rôle à jouer sur les circuits courts issus de la coopération agricole. Soit en franchise, soit en enseigne propre. C'est en réflexion.
