Après une année 2020 remarquable malgré le contexte sanitaire – 23 % de croissance réalisée sur sept mois –, Alila, promoteur immobilier lyonnais spécialisé dans la construction de logements aidés (754 M€ de chiffre d'affaires en 2020), est bien parti pour terminer l’année 2021 sur un rythme soutenu avec déjà 9 000 logements réservés, contre tout juste 7 000 l’an passé.
Si la région Auvergne-Rhône-Alpes constituait jusqu’ici son premier marché, l’Île-de-France est désormais en pole position. "Le Grand Paris se développe fortement sur les deuxième et troisième couronnes et s’affirme désormais comme notre premier marché avec plus de 4 000 logements", clame Hervé Legros, patron d'Alila, l’un des principaux promoteurs immobilier lyonnais et sixième promoteur à l’échelon national.
Pourtant, à l’écouter, tout n’est pas si idyllique. Hervé Legros déplore la faible dynamique de construction des logements sociaux et intermédiaires dans les grandes agglomérations. "Il y a une crise du logement extrêmement forte sur le quinquennat avec un choc immobilier illustré par des prix en très forte hausse et une pénurie de logements. Les grandes métropoles se sont arrêtées de construire", pointe-t-il, citant Paris, Lyon mais aussi Bordeaux ou Nantes.
Trois fois moins de logements en quatre ans
Pour illustrer son propos, le dirigeant de 38 ans a fait réaliser une étude en mai 2021 sur l’état de l’immobilier dans la métropole lyonnaise par l’agence parisienne de conseil en stratégie urbaine City Linked. De cet état des lieux ressort la chute importante du nombre de logements autorisés sur les territoires des 59 communes du Grand Lyon : de 2017 à 2020, leur nombre a été divisé par trois, passant de 12 400 à 3 945. "Les raisons de l’accélération de cette chute sont la révision en 2019 du Plan local d’urbanisme et d’habitat de la Métropole de Lyon qui a traîné en longueur, les élections municipales et métropolitaines en 2020 et la crise du Covid", avance Hervé Legros.
Un constat partagé par Anne Warsmann, présidente d’ABC HLM, l’association professionnelle des bailleurs constructeurs du Rhône et de la métropole de Lyon : "Il y a un déficit d’offre abordable dans toutes les métropoles attractives et Lyon n’échappe à la règle. Les événements de ces dernières années ont accru l’écart en l’offre et la demande mais la tendance n’est pas nouvelle", pondère-t-elle.
Selon l’étude, sur les 59 communes de la métropole, 19 ne sont pas dans le rythme de construction habituel et 11 ne remplissent pas les objectifs triennaux de rattrapages de logements sociaux au titre de la loi relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbain (SRU), alors même que plus de 12 000 nouveaux habitants arrivent chaque année sur le territoire.
Des choix politiques
Hervé Legros prône pour une remise en cause profonde des stratégies de construction de logements. Et en appelle aux élus locaux : "Le foncier existe malgré ce que l’on peut entendre. Entre le zéro artificialisation des sols et le refus de densifier en verticalisant les constructions, il y a un choix à faire", argue-t-il, lancé depuis plus d'un an dans une vaste opération de lobbying auprès du gouvernement. "Le choix entre densification ou artificialisation des sols est éminemment politique. Nous n’avons pas la main dessus", confirme Anne Warsmann, qui espère que la révision en cours du Plan Local d’urbanisme et d’habitat (PLU-H) de la Métropole de Lyon permettra d’intégrer de nouveaux outils pour développer l’offre de logements sociaux.
6 000 logements sociaux par an
Pour Hervé Legros, "la promotion immobilière doit se remettre en cause en abordant davantage l’environnement de construction et adapter les nouvelles résidences aux nouveaux besoins des occupants", explique-t-il, évoquant le "coliving" ou les résidences intergénérationnelles.
La présidente d’ABC HLM prône de son côté que les bailleurs sociaux soit davantage maîtres de la construction : "La maîtrise d’ouvrage est un enjeu pour nous afin que l'on soit à la fois en capacité de s’adapter aux nouveaux usages mais également d’être vigilant sur le choix des matériaux et sur l’aménagement. L’objectif est que les logements correspondent aux attentes des occupants et des gestionnaires".
La Métropole de Lyon s'est fixé pour objectif de construire 6 000 logements sociaux et en accession abordables par an pendant la durée du mandat.
