Le Journal des Entreprises : Où est en votre projet "d'incubateur culturel" baptisé Hôtel 71 ?
Vincent Carry : Il avance très vite. Mais il n'est pas un incubateur au sens strict du terme, plutôt un "hub créatif" qui sera situé 71 quai Perrache, à Lyon, dans un ancien hôtel particulier, qui abritait d'ailleurs la maison patronale de la Halle Girard. L'architecte de Z Architecture, William Vassal, sera chargé de réhabiliter les 1 200 m² déployés sur quatre étages, pour une ouverture à l'été 2017.
Les quatre niveaux seront autant "d'entrées" permettant d'intégrer des entreprises de différentes maturité, des plus pérennes comme Arty Farty, Culture Next, la société de financement participatif KissKissBankBank, ou encore, je l'espère, l'antenne locale d'une radio musicale parisienne (en attente de l'accord du CSA). Nous accueillerons aussi des structures issues de l'univers des médias, de la culture, de l'art. Et même un espace de coworking lié à l'écosystème artistico-culturel, qui permettrait par exemple à des nouveaux arrivants à Lyon d'avoir un lieu d'atterrissage.
Enfin, Hôtel 71 disposera d'un établissement recevant du public avec une jauge de 200 personnes qui nous permettra de créer une cantine éphémère, une soirée cocktail, des conférences de presse, rencontres ou show-case. Sans oublier un espace pour la cave à vin !
Quel sera le modèle économique de cette structure ?
V. C. : Le modèle sera 100 % privé, monté sans argent public. Nous devrions être soutenus par trois grands groupes qui nous rejoignent, en nous apportant les fonds nécessaires, environ un million d'euros, pour soutenir l'accompagnement à la création d'entreprises dans un secteur artistique et culturel. Ces groupes ont besoin d'être en porosité avec la société, d'être en lien avec des lieux où émergent des nouvelles pratiques sociales, sociétales et en toute modestie, ça se passe chez nous, qui sommes en lien avec les nouvelles générations, françaises ou internationales.
Cet engagement de grands groupes correspond-il à un calcul lié à la défiscalisation ou à un engagement plutôt citoyen ?
V. C. : Je veux croire qu'il s'agit de votre deuxième proposition ! J'ai longtemps été témoin de la grande défiance des entreprises vis-à-vis de la culture. Aujourd'hui, ces deux mondes sont réconciliés, nous partageons des enjeux communs, tels que la créativité et l'imagination nécessaires à l'invention de nouveaux modèles. Les entrepreneurs culturels de ma génération sont des entrepreneurs comme les autres et les grandes entreprises qui nous soutiennent ne sont pas des mécènes condescendants, mais des partenaires réels, impliqués dans la co-construction d'un projet.