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Les secrets du modèle Arty Farty
Lyon # Activités culturelles # Investissement

Les secrets du modèle Arty Farty

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Durant ses premières années, l'entreprise culturelle lyonnaise Arty Farty s’est concentrée sur la consolidation du festival de musique Nuits Sonores, dont la fréquentation et les revenus ont été multipliés par dix depuis 2002. Depuis, son directeur général Vincent Carry multiplie les projets à la fois créateurs de valeur et vecteurs d'une vision innovante de la culture.

Le festival lyonnais Nuits sonores, créé en 2002 par Arty Farty, a vu son activité multipliée par dix depuis son lancement. Il réalise désormais 4,5 millions d'euros de chiffres d'affaires — Photo : Gaëtan Clément

Culture et business : un mélange des genres sulfureux. Même l'anglicisme « holding » sonne comme un gros mot dans la bouche de Vincent Carry. Ce fondu de musique électro préfère parler de « maison-mère » pour désigner Arty Farty. Laquelle génère quelque 10 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie une centaine de salariés permanents.

Cette association, dirigée par le quadragénaire depuis 2002, est en réalité une véritable galaxie, où les activités culturelles connexes permettent à d’autres, jugées « infinançables », de voir le jour. C’est ainsi qu’autour du festival de musique Nuits sonores - raison d’être d’Arty Farty, générant 4,5 M€ de chiffre d'affaires pour 35 salariés - gravitent trois "filiales" de 5,5 M€ et 65 salariés. On est loin d'une culture subventionnée. « Avec les seules Nuits sonores, on atteint 17 % de financement public. Mais en prenant en compte tout l’écosystème on tombe à 7 % », se félicite le directeur général.

Des "satellites" à 5,5 M€

Pour parvenir à cette indépendance, Arty Farty s’est concentré pendant dix ans sur la consolidation du festival et la construction de sa déclinaison en Europe, European Lab. « Mais en restant sur un modèle 'festival', on se mettait en danger. Aujourd'hui, on atteint une certaine forme de stabilité. »

De fait, depuis 2013, les "naissances" s'enchaînent. La structure Culture Next (bientôt détenue à 70 % par Arty Farty) exploite la marque Culture des lieux, organisatrice d’événements dans des lieux culturels à destination des entreprises. Cette filiale a été créée pour lever des fonds et investir dans l’aménagement du lieu culturel Le Sucre - propriété de GL events et de Rhône-Saône-Développement. En 2015, émerge l'agence de "booking" d’artistes A.K.A, créée en partenariat avec Alias. Deux ans plus tard, l'association se renforce avec Swimming Pool, pour saisir l'opportunité de reprendre un beau site à côté de la piscine du Rhône. Cette structure porte la gestion du restaurant À la Piscine.

Cette année, c'est le pôle numérique H7 qui va éclore en avril. Arty Farty y jouera un rôle "éditorial et d'animation" et détient 34 % des parts de cet incubateur installé à Confluence. À deux pas du H7, Arty Farty est en train d'acquérir l'Hôtel 71, incubateur culturel de 950 m² à la fois maison culturelle et lieu d’incubation.

Un nouveau média européen citoyen

Ces inaugurations marquent la fin d'un cycle de trois ans. Mais un nouveau s'ouvre pour Vincent Carry. Plutôt fidèle à ses convictions, celui qui a brûlé sa carte de presse le 21 avril 2002 porte, au sein d'Hôtel 71, le projet d'un média radio de dimension européenne. Il ne devrait pas être très loin des idées défendues par Place publique, le mouvement de l'intellectuel Raphaël Glucksmann, dont Vincent Carry est l’un des 22 cofondateurs. « Nous voulons donner la parole à des nouvelles générations d’acteurs européens dans l’univers de la culture, du social, de l’innovation, de la création et des questionnements écologiques » liste-t-il.

Dans la foulée, il crée un fonds de dotation pour mieux organiser la stratégie mécénat d'Arty Farty et soutenir des projets liés aux champs de la créativité, l’innovation sociale, l’entrepreneuriat, la transition numérique et les enjeux urbains émergents.

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