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Les événements running d'Auvergne-Rhône-Alpes confrontés au ralentissement des inscriptions
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Les événements running d'Auvergne-Rhône-Alpes confrontés au ralentissement des inscriptions

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Après deux saisons pour le moins aléatoires, marquées par des salves d'annulations, les événements de course à pied continuent à subir la conjoncture en Auvergne-Rhône-Alpes : les coureurs tardent à s'inscrire et l'engouement pour les épreuves, surtout les plus longues, diminue.

Le Grenoble Ekiden, marathon en relais, est organisé par la société Idée Alpe — Photo : Lionel Montico - Grenoble Ekiden

Le constat est sans appel : en France, les événements de course à pied – toutes disciplines confondues (marathon, semi-marathon, 10 km, trail…) – connaissent, en moyenne, une baisse de 30 % du nombre d'inscrits. Cette désaffection est encore plus sensible sur les distances dites "ultra" (plus de 100 km). Après deux ans de crise sanitaire, marqués par des annulations en cascade, l'événementiel running entame une troisième saison atypique. "La conjoncture actuelle n'est toujours pas propice à un retour à la normale", confirme Stéphane Agnoli, organisateur de la Greenweez MaXi-Race d'Annecy, l'une des plus grosses épreuves régionales de trail running. Les vagues de contamination et les mesures sanitaires se succédant, les coureurs rechignent à réserver leurs dossards plusieurs mois avant une épreuve. Augmentation du coût de la vie, climat anxiogène, pratiquants moins entraînés suite aux confinements, crainte de nouvelles annulations, recentrage sur la vie de famille : les organisateurs émettent des hypothèses pour comprendre l'origine du phénomène et, surtout, survivre à cette conjoncture défavorable.

Hausse des coûts, hausse du prix du dossard ?

Si l'érosion des inscriptions est inquiétante, les organisateurs doivent également composer avec l'envolée des coûts de fournitures et de transports. Tandis que certains se résignent à répercuter a minima la hausse des frais sur le prix du dossard, comme ASO sur le Run in Lyon, d'autres envisagent de changer de modèle économique afin de maintenir – voire minorer – leurs tarifs, à l'image de la Greenweez MaXi-Race. "Depuis la crise, l'objectif est d'accroître la part des partenariats privés afin de baisser le prix du dossard", indique Stéphane Agnoli qui rappelle que le budget de sa course s'élève à 500 000 euros en 2022. "Avant la crise, 90% de nos recettes étaient issues des inscriptions et 10% des partenariats privés et publics. Aujourd'hui, 60 % de nos recettes viennent des inscriptions, 35% des partenariats privés et 5% des subventions publiques."

Des partenariats souvent plus difficiles à décrocher

Pour la plupart des organisateurs, le sponsoring constitue un enjeu crucial. Après deux ans d'annulations et un avenir incertain, beaucoup peinent à décrocher des contrats. "Les partenaires ont besoin de retrouver de la confiance pour nous suivre sur du long terme. Or le sponsoring (financements publics et privés accordés à un événement en échange de visibilité sur la manifestation, ndlr) est le deuxième pôle de recettes pour les organisateurs", confirme Thomas Delpeuch, responsable des événements grand public chez ASO, l'un des poids lourds français du secteur. Du côté de Chamonix, le son de cloche se révèle un peu différent. Il faut dire que l'Ultra Trail du Mont-Blanc (UTMB) fait quasiment figure de JO de la discipline et reste très galvaudé, quel que soit le contexte. "Nous opérons actuellement un profond changement de notre modèle sportif et économique : nous créons un circuit mondial, l'UTMB World Series, dont l'épreuve chamoniarde sera la finale dès 2023. Nous avons de très bons retours de nos partenaires car ils peuvent s'engager sur une série de courses, et non plus une seule", explique Isabelle Viseux-Poletti, directrice de l'UTMB Mont Blanc qui tire ses recettes à 50 % des inscriptions et 50 % du sponsoring.

Une relocalisation des fournisseurs

Si les événements doivent composer avec un remplissage plus tardif et parfois plus faible, ont-ils pour autant réduit la voilure en matière d'emploi et de recours aux prestataires locaux ? Étonnamment, la réponse est non. "Entre 2019 et 2020, nous avons perdu 60 % de notre chiffre d'affaires. Mais nous avons été sauvés par les aides de l'État et nous n'avons pas eu à licencier", se satisfait Éric Le Pallemec, directeur d'Idée Alpe, société grenobloise organisatrice de gros événements trail et running. Le secteur a aussi revu sa copie en matière de fournisseurs, abandonnant souvent la filière asiatique du fait de la hausse du coût des transports et des retards de production au profit des circuits courts. La tendance est aux produits locaux et plus écoresponsables, même s'il reste difficile de s'approvisionner en France et en Europe. "Il faut que les organisateurs avancent ensemble dans ce domaine afin de créer une demande suffisante pour relocaliser la production", affirme Thomas Delpeuch. Une solidarité sectorielle que vante aussi Éric Le Pallemec, convaincu que l'union fait la force : "Nous devons tous nous serrer les coudes – organisateurs, partenaires, fournisseurs, prestataires – afin de surmonter cette période difficile et faire évoluer le secteur."

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