Pour profiter de l’engouement grandissant de ses drones en Amérique du Nord, Elistair vient d’ouvrir sa première filiale à Boston. Employant deux salariés et ciblant aussi bien les États-Unis que le Canada, cette filiale doit permettre à la PME lyonnaise de faire passer sous deux ans la part de son activité outre-Atlantique d’un tiers à 50 % de son chiffre d’affaires. Pour cela, le fabricant tricolore mise sur des engins volants un peu particuliers, des drones filaires.
Une autonomie plus grande
Mobiles et furtifs, les drones peuvent aussi se révéler forts utiles en position stationnaire. C’est en tout cas le pari fait par deux anciens de l’École Centrale de Lyon, Guilhem de Marliave et Timothée Penet. Les deux ingénieurs ont fondé fin 2014 à Lyon Elistair (40 salariés), une société dédiée à la conception et à la fabrication de solutions filaires pour les drones. Ils ont mis au point deux stations filaires destinées à raccorder et connecter n’importe quel drone civil du marché et proposent également un modèle de drone filaire doté de capteurs visuels et thermiques. « Nous résolvons le principal problème des drones : leur autonomie ! », souligne Guilhem de Marliave, PDG d’Elistair. Grâce à un micro-câble reliant le drone à une station posée au sol, le dispositif possède une capacité de vol beaucoup plus importante. « Quand un drone classique peut voler 30 minutes à une heure, nous parvenons à le faire voler d’une demi-journée à plusieurs jours », précise-t-il. Une prouesse en termes de R & D selon lui. « Cette endurance suppose de travailler tant sur l’usure des pièces que sur les capteurs de positionnement afin d’assurer la stabilité de l’appareil et l’ensemble de la partie software embarquée ».
Marchés de la sécurité et de la défense
Une autonomie, au détriment de la mobilité, qui a, malgré tout, ses adeptes. Adressant en majorité des clients de la sécurité privée et publique ainsi que des spécialistes des tournages, Elistair s’est rapidement fait une place de choix pour couvrir et surveiller les gros événements mondiaux : Superbowl d’Atlanta en 2019, finale de la Ligue des Champions en 2019, Ryder Cup 2018, Grands Prix de Formule 1 ou encore le Forum de la Paix 2018 à Paris. Parmi ses clients, Elistair compte aussi bien les Nations Unies que la Direction générale de l’Armement, la police française mais aussi newyorkaise ou encore l’Armée américaine et britannique.
Outre la surveillance en altitude (120 mètres en moyenne) d’événements importants et la protection de sites sensibles, les drones filaires servent aussi de dispositifs de captation média et de relais de télécommunications dans des zones blanches. « Nous avons déployé une dizaine de drones en Asie du Sud-Est pour créer un réseau local destiné aux médecins et services de secours après des inondations », précise aussi le cofondateur.
Des applications multiples qui sont surtout saisies par les acteurs de la sécurité et de la défense. Plus des deux tiers du chiffre d’affaires de l’entreprise sont réalisés auprès de cette typologie de clients. Si Guilhem de Marliave ne s’attarde pas sur les revenus générés par Elistair, tout juste avoue-t-il que le taux de croissance navigue entre 50 % et 100 % depuis 2014. En six ans, plus de 600 dispositifs ont été commercialisés à travers 65 pays.
Elistair dévoilera fin octobre un nouveau drone filaire conçu et fabriqué au cœur de son site de Dardilly, dans le Rhône.
