Rebondir alors même que la réouverture des lieux culturels n’est pas à l’ordre du jour, c'est la démarche engagée par Thomas Debray, le directeur du théâtre de L’Improvidence (CA 2020 : 300 000 € ; 5 salariés) à Lyon, entièrement dédié à l’improvisation théâtrale.
"Depuis mars 2020, toute notre activité est à l’arrêt forcé, raconte le patron des lieux. Dès l’été, nous avons décidé de diffuser des spectacles en live (payants) sur internet pour maintenir le lien avec notre public. Lors du deuxième confinement, nous avons augmenté le nombre de spectacles avec trois à quatre représentations par semaine." Avec succès. En novembre, 1 500 spectateurs ont payé un ticket pour assister, via la plateforme ImprOnLive, aux spectacles depuis leur canapé. Certains soirs, 300 personnes se connectent à la plateforme de diffusion, soit six fois la capacité de la salle. "Nous recevions près de 2 000 personnes par mois avant le Covid", compare Thomas Debray.
Pour diffuser les spectacles, L’Improvidence, qui détient également un théâtre à Bordeaux, a investi plus de 50 000 euros dans du matériel de diffusion professionnel transformant la scène en studio de télévision. Des entreprises comme Total ou CapGemini ainsi que des Ehpad achètent des spectacles pour les proposer à leurs équipes et résidents. "Ce sont des revenus complémentaires bienvenus", souligne le dirigeant.
Forte demande des entreprises
Dans le même temps, le théâtre a vu arriver une nouvelle demande de la part des entreprises. "Depuis décembre, des sociétés souhaitent utiliser notre studio pour organiser des événements internes, réunions ou conseils d’administration, afin de pouvoir les diffuser en interne", détaille Thomas Debray. Une semaine par mois, le théâtre met donc à la location sa salle pour cette nouvelle cible BtoB.
Une transformation de modèle économique que ce patron de théâtre a réalisé grâce à son ancienne expérience professionnelle, en dehors du sérail. "J’ai travaillé vingt ans pour le groupe Seb, dont dix à faire du management de crise. Lorsque le Covid est arrivé, je n’ai pas paniqué et j'ai trouvé une solution en misant sur le numérique", souligne-t-il.
Acquisition d’une société
Alors que son théâtre a réalisé 600 000 euros de chiffre d'affaires en 2019, celui de 2020 culmine à 300 000 euros. Pas de quoi décourager le propriétaire des lieux. Mieux : il a fait l’acquisition, en décembre, de la société parisienne ImprO2 (CA 2020 : 300 000 € ; 5 salariés), spécialisée dans la formation par l’improvisation, pour plusieurs dizaines de milliers d’euros financés sur dix ans.
Les entreprises se montrent de plus en plus attirées par ce type de formations reproduisant des scènes de vie professionnelle. "Nous travaillons l’agilité comportementale et l’amélioration des échanges et de l’écoute grâce à l’improvisation. C’est très recherché par les entreprises", affirme Thomas Debray. Une stratégie de rebond qui permettra au théâtre d’utiliser la salle de spectacle en journée et en soirée, lorsque les représentations reprendront. "Dans notre business plan, nous visons un retour à une croissance de 15 à 20 % très rapidement", appuie le dirigeant, qui compte ouvrir tous les deux ans un nouveau théâtre en France en capitalisant sur ce concept hybride.
