Le groupe Suez rejoint H7 et poursuit sa stratégie d'innovation avec les PME locales
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Le groupe Suez rejoint H7 et poursuit sa stratégie d'innovation avec les PME locales

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Le groupe spécialiste des solutions de gestion de l'eau et des déchets (3700 collaborateurs dans la région) devient "membre fondateur" de H7, l'accélérateur lyonnais hébergeant une soixante de start-up. Objectif : poursuivre le développement de produits ou services issus de l'innovation ouverte.

De gauche à droite, les dirigeants de Suez, François Pyrek (directeur services aux collectivités Auvergne-Rhône-Alpes), Denis Tessier, (directeur Eau Auvergne-Rhône-Alpes) et Carole Bloquet, directeur innovation pour Suez France aux côtés de Cédric Denoyel, (président de H7) — Photo : Audrey Henrion

Ne pas se faire doubler par les nouveaux entrants et garder une longueur d'avance sur les concurrents. Le groupe Suez, 3 700 collaborateurs en région Auvergne-Rhône-Alpes, rejoint l'accélérateur H7 comme "membre fondateur", intégrant, de fait, le comité de pilotage et le comité stratégique du lieu afin de l’accompagner dans sa stratégie globale.
Un engagement dans la droite ligne de sa stratégie de diversification. « Depuis quelques années, Suez s’engage dans l’open innovation, décrit Carole Bloquet, directrice innovation chez Suez France. On observe une montée en flèche du taux de transformation de l’idée au projet : de 33 % en moyenne en interne, il grimpe à 50 % quand on la conduit avec des partenaires ». Autre avantage de la méthode ouverte : la rapidité. Avec la densification de la ville et les transformations des mobilités, les besoins grandissent et les cycles d’innovation s’accélèrent, « on doit se maintenir dans un timing de plus en plus court, 18 mois en moyenne », précise la directrice.

Objectif valorisation

Pour François Pyrek, directeur services aux collectivités Auvergne-Rhône-Alpes (recyclage et valorisation) du groupe, l’innovation n'est pas une fin en soi. Elle doit d'abord permettre de maintenir un bon niveau de qualité de service. Le groupe a, par exemple, doté quelques-uns de ses camions-bennes de puces (en lien avec le centre Valovisio de Caluire) permettant d’optimiser les tournées de collectes. Et développe actuellement des « smart trucks » (camions intelligents, NDLR) pour, "demain", mesurer la qualité de l’air, le bruit, filmer l’état de la voirie.
D'ailleurs, " les innovations ne sont pas seulement technologiques. La déchèterie fluviale River’Tri ouverte en bord de Saône pourrait évoluer et devenir aussi espace de sensibilisation au tri ». Et pour cause : aujourd’hui seuls 50 % des déchets sont valorisés dans la région. Suez, et les autres opérateurs, seront tenus d’atteindre 70 % en 2025.

La déchetterie fluviale "River Tri" opérée par le groupe Suez sur les rives de Saône — Photo : DR

Drone flottants et lunettes connectées

En région Auvergne-Rhône-Alpes, les binômes Suez / PME locales sont déjà une réalité. Ainsi, Denis Tessier, le directeur Eau d’Auvergne-Rhône-Alpes, décrit l’intérêt d’un drone flottant développé avec l’entreprise CT2MC (Bourget-du-Lac), qui permet de remplacer les hommes dans des opérations de vérifications délicates. « Dans les Alpes, nous disposons de deux collecteurs d’eaux usées. Auparavant, je plaçais des opérateurs à l’intérieur, avec les dangers inhérents à la configuration du site : brusque montée des eaux ou émanations de gaz. Le drone flottant équipé de multiples capteurs et utilisé depuis quelques années permet de diminuer les risques ».

Localement, le groupe collabore avec la start-up Tikaway, qui conçoit, produit et distribue des lunettes avec caméra connectée, une vingtaine de paires permettent d’assister à distance les opérateurs sur des sites industriels. Une trouvaille portée par les startupeurs Carole Bollard et Brice Agnès qui ferait gagner « 20 % de temps de maintenance ».
La PME stéphanoise T2S, connue pour la production de gilets jaunes s’est rapprochée du groupe mondial pour lui proposer d’optimiser le simple tissu fluorescent. Quelques exemplaires sont testés sur des opérateurs intervenant sur sites dangereux : vibreurs et lumières disposés sur le gilet s’activent lorsque l’opérateur approche d’une zone de « presque danger ».

Opération lobbying

Autre innovation déployée conjointement avec Bouygues Construction : le « manchon », sorte de brassard équipé d’un appareil de géolocalisation, antireflet, supportant des écarts de températures et qui cartographie les emplacements des locaux à poubelles, en indiquant les digicodes des immeubles. Une innovation testée à 40 exemplaires dans les 1er, 2e,4e et 7e arrondissements de Lyon et qui doivent permettre de maintenir la qualité de service, notamment lorsque les équipes sont remplacées par des intérimaires. À l’échelle mondiale, le groupe Suez investit 120 millions d’euros de budget en recherche mais surtout en innovation. « Une stratégie, à long terme, de diversification » confirme Carole Bloquet.

L'arrivée de Suez représente aussi u​​​ne sacrée prise de guerre pour l’accélérateur lyonnais H7. Détenue par Axeleo, Arty Farty et le Groupe SOS, l'entreprise spécialisée dans la collecte, la valorisation des déchets et le traitement des eaux s’arroge une place aux côtés des actionnaires mais surtout de Lyon Métropole, propriétaire des lieux et qui en assure le pilotage "politique" à travers sa vice-présidente en charge de l'économie et de l'innovation, Karine Dognin-Sauze.
Opération lobbying pour le groupe mondial ? Peut-être. Il y a deux ans, le marché de la collecte du Grand Lyon attribué pour 7 ans et d’une valeur totale de 170 millions d’euros avait en partie échappé au géant français (90 000 collaborateurs / CA 2018 : 17,3 Md€), au profit de Pizzorno qui avait alors raflé la moitié du marché métropolitain. Le groupe installé dans le quartier de Gerland, comptant 3 700 salariés dans la région devient, moyennant un chèque dont le montant n’a pas été communiqué, partenaire « fondateur » de H7, au même titre que le Crédit Mutuel.

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