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Le groupe lyonnais GL Events claque la porte de Saint-Etienne
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Le groupe lyonnais GL Events claque la porte de Saint-Etienne

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GL Events, groupe lyonnais professionnel de l’événementiel, a décidé de quitter Saint-Etienne, territoire dont elle gérait le Centre des Congrès depuis plus de 10 ans.

— Photo : Le Journal des Entreprises

« Stratégie illisible », « décision incompréhensible »… Les mots sont forts. Dans un communiqué du 23 janvier, la Ville de Saint-Étienne répond en ces termes peu policés à l’annonce inattendue faite deux jours plus tôt par le groupe lyonnais GL Events, par voie de communiqué elle aussi. Après dix années de gestion du Centre des Congrès puis du Grand Cercle (désormais fermé), le géant de l’événementiel (CA 2016 : 953 millions d’euros) a décidé de ne pas répondre à la consultation pour une délégation unique, dès la fin 2017, des quatre principaux lieux accueillant du tourisme d’affaires et appartenant à la Ville de Saint-Étienne et à l’agglomération.

Une délégation unique

Sont concernés le Centre des Congrès (contrat d’affermage depuis 2006 avec GL Events), le Parc des Expositions (géré par l’association ParcExpo depuis 1967), les espaces réceptifs Cité du Design et Metrotech (marché de prestations de services). Cette délégation unique prendra la forme d’un contrat d’affermage concessif de 20 ans. Objectif : l’optimisation de la gestion de ces équipements pour proposer une offre cohérente et globale, « afin d’éviter la dispersion de nos atouts en terme de tourisme d’affaires et d’être plus visibles pour les organisateurs de congrès nationaux et internationaux », explique la Ville. Une évolution que GL Events soutenait avec énergie depuis plusieurs années.

Position que le groupe lyonnais réaffirme dans son communiqué : « Nous soutenons le principe d’un opérateur unique sur la destination afin d’éviter une concurrence entre opérateurs locaux préjudiciable au développement de l’événementiel sur le territoire et afin d’éviter une cannibalisation entre les sites ». Sa décision soudaine est donc d’autant plus surprenante. Toujours dans le même communiqué, GL Events la justifie ainsi, dans des termes assez sibyllins : « La mise en place d’un opérateur unique nécessite une approche concertée avec les acteurs locaux du tourisme d’affaires à travers la conclusion de partenariats soucieux du respect des identités locales . Le Groupe GL considère aujourd’hui que les conditions ne sont pas réunies, malgré sa volonté affichée et réitérée d’y parvenir depuis plusieurs mois ».

Ne s’attendant visiblement pas à ce que ce communiqué suscite autant d’interrogations, la direction de GL Events a répondu aux questions du Journal des Entreprises, après quelques heures de flottement dans sa stratégie de communication. « Nous ne voulons pas entrer dans une polémique avec l’Agglomération. Ce n’était pas une décision facile à prendre mais le contexte n’était pas serein. Le point majeur que nous revendiquions était un accord avec l’association du ParcExpo. Cela n’a pas été possible », précise un cadre de GL, préférant rester anonyme.

Climat de travail terni

Philippe Décot, président de l’association Parc Expo en question rétorque : « pour un accord il faut être deux et les intérêts d’un grand groupe international sont difficiles à concilier avec ceux d’une association » Le cadre de GL mentionne également le conseil municipal du 28 novembre dernier. À l’ordre du jour, cette fameuse délégation unique. Plusieurs élus s’étaient alors fermement opposés à l’idée. Un des principaux arguments : offrir sur un plateau la gestion de tous les équipements locaux à un « groupe lyonnais », gestionnaire également du Centre des Congrès de Lyon et qui pourrait éventuellement préférer orienter ses clients vers Lyon plutôt que vers Saint-Étienne.

« Nous avons été atterrés. Nous n’avons vraiment pas senti une envie de travailler avec nous ». Le même cadre confie : « Saint-Étienne génère 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. Par rapport aux 300 millions que le groupe réalise sur cette activité, c’est l’épaisseur du trait. Et puis, en prenant en compte les investissements faits sur le grand Cercle, le solde est plutôt négatif… Ce n’était pas le critère, nous voulions porter un vrai projet mais puisque le climat de travail n’est pas serein, nous préférons nous retirer ». Comme l’exige la réglementation, les sept salariés du Centre des Congrès seront repris par le nouveau délégataire.

L’appel d’offres a été clôturé le 23 janvier à 12 h. Le choix définitif devrait être effectué en septembre prochain. Le retrait de GL Events ouvre un boulevard à l’Association du ParcExpo et à Capea. Contactés, les deux postulants n’ont pas souhaité s’exprimer sur la décision de leur principal compétiteur. À l’heure où nous bouclons cette édition, la Ville n’avait pas accepté non plus de dévoiler le nombre de candidats, leur nom et le montant du marché.

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