Le fabricant de sols vinyles Gerflor vise le milliard d'euros de chiffre d'affaires
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Le fabricant de sols vinyles Gerflor vise le milliard d'euros de chiffre d'affaires

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Le fabricant français de revêtements de sol souples Gerflor a mis sur pied un centre de production dernier cri à Saint-Paul-Trois-Châteaux, dans la Drôme. Un investissement record de 60 millions d'euros qui doit lui permettre d'atteindre le milliard de chiffre d'affaires en 2019.

La nouvelle unité de production de dalles et lames vinyle de Gerflor sur son site de Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme) permet de réduire l’émission de CO2 par dix par rapport à une usine « classique » — Photo : Gerflor

Un investissement visible depuis l’Autoroute du soleil. Principal centre de R&D du spécialiste français du revêtement de sols souples Gerflor (1 800 salariés en France, 4 000 dans le monde), le site de 17 hectares de Saint-Paul-Trois-Châteaux, dans la Drôme, accueille aussi le centre de production dernier cri du groupe et ses 600 salariés. Depuis septembre, une cinquantaine de techniciens et ouvriers se relayent pour faire fonctionner la nouvelle unité de production de dalles et de lames vinyles de 11 500 m², objet de multiples dépôts de brevets. Le bâtiment rectangulaire et sa tour, qui culmine à plus de 30 mètres de haut, pèsent presque 60 millions d’euros d’investissement.

Ici, on utilise la gravité pour mélanger les composants. Une astuce qui permet de réduire l’émission de CO² par dix par rapport à une usine « classique ». Les composants stockés dans dix silos de 200 m3 sont des pigments, du carbonate de calcium, du PVC recyclé (40 % du produit final). Mélangés à chaud ou à froid dans de gros tuyaux, ils forment, tout en bas de la tour, une pâte homogène, noire et lourde. Les opérations se succèdent à toute allure. Il ne faut que deux heures (hors refroidissement du produit) pour que la poudre partie du 5e étage de la tour se transforme en un paquet de dalles PVC, emballées, palettisées et prêtes à expédier.

Une croissance de 138 % en 12 ans pour Gerflor

Direction le site logistique de Gerflor à Saulce-sur-Rhône (Drôme), qui stocke jusqu’à 20 000 palettes de dalles et lames vinyles. Bientôt, le rythme devrait encore s’accélérer, passant d’une production 5 jours sur 7 avec 50 salariés à une cadence de 7 jours sur 7 avec 30 salariés en plus. Et un passage de 4 millions de m² à 10 millions de m² par an (pour une production annuelle groupe de 60 millions de m²). Objectif : atteindre un milliard d’euros de chiffre d’affaires à brève échéance. Avec une telle annonce, Bertrand Chammas, PDG depuis seize ans du groupe basé à Villeurbanne (Rhône), prend peu de risques.

Entre 2007 et 2018, le chiffre d’affaires de Gerflor a bondi de 393 M€ à 939 M€ (dont 80 % auprès des professionnels), soit une croissance de 138 %. Laquelle repose sur deux jambes : une politique d’achats soutenue, marquée par huit acquisitions en douze ans, et l’accélération des innovations portant sur une dizaine d’applications marché (distribution, transport, éducation, sports, logement, santé…). « 70 % de nos ventes sont réalisées avec des produits qui ont été commercialisés il y a moins de trois ans », souligne Pierre Lienhard, directeur marketing et stratégie du groupe, qui fait face à deux concurrents en France, Forbo et Tarkett - tous trois condamnés à 302 M€ d’amende en 2017 par l’Autorité de la concurrence, pour s’être entendus sur les prix, au début des années 2000.

Bertrand Chammas, PDG du fabricant français de revêtements de sols Gerflor — Photo : Audrey Henrion / JDE

Produits brevetés et sols intelligents

Au total, 140 ingénieurs maison ont publié 150 brevets actifs, axés sur l’exclusivité et la différenciation. Ils protègent, par exemple, le système de clic vertical pour changer des lames de revêtements, un plastifiant 100 % végétal (à partir de résidus de céréales) ou encore un traitement de surface antitache qui séduit les hôpitaux notamment.

Dans les « éprouvettes » des chercheurs figurent les sols intelligents (ou smart floor), capables de communiquer des informations en temps réel grâce à des capteurs intégrés. Depuis deux ans, Gerflor teste cet équipement dans une chaîne de maisons de retraite pour détecter les chutes. Habitué des Jeux olympiques, le groupe, fournisseur officiel des JO de Tokyo 2020 pour les terrains de volley, handball, basket et le Village olympique, réfléchit à des applications en termes de connectivité sur les terrains de sport.

Mais l’industriel passe aussi à l’offensive auprès des hôtels, vantant les technologies de pose « sans poussière ou sans nuisance sonore ». « Les établissements hôteliers ont tendance à abandonner la moquette dans les chambres, au profit de revêtements de sol amovibles lavables », décrit ainsi Pierre Lienhard.

Résister à la concurrence chinoise par la créativité

Pour atteindre l’objectif d’un milliard de chiffre d’affaires, cap sur l’esthétisme et le design. « Il faut nourrir les nouvelles gammes », justifie Gino Venturelli, designer « maison » chargé de créer une « bibliothèque » des tendances 2020. Des imitations marbre, bois, textile, mais aussi des éléments naturels, comme la terre, l’eau ou un chemin forestier.

« On se doit d’être créatifs pour résister à la concurrence chinoise. » La nouvelle gamme « Taralay Impression numérique », qui cherche à séduire les très exigeants architectes et décorateurs d’intérieurs et sera lancée fin 2019, devrait y contribuer.

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