Haute-Savoie
Le fabricant de raquettes à neige TSL Outdoor croule sous les commandes
Haute-Savoie # Industrie # Investissement

Le fabricant de raquettes à neige TSL Outdoor croule sous les commandes

S'abonner

Alors que les stations de ski ne peuvent toujours pas ouvrir leurs remontées mécaniques, le français TSL Outdoor, leader mondial des raquettes à neige, connaît une explosion de la demande. L’entreprise haut-savoyarde investit dans un nouveau bâtiment pour faire face à la croissance.

— Photo : TSL Outdoor

Le début de la saison hivernale est exceptionnel pour TSL Outdoor, fabricant haut-savoyard de raquettes à neige qui détient près de 80 % du marché français et 50 % du marché européen. Les remontées mécaniques étant encore à l’arrêt dans les stations françaises et la distanciation sociale toujours d’actualité, les activités hivernales de pleine nature sont plébiscitées par les Français.

Ce qui profite pleinement à TSL. L’activité habituelle de cette PME de 130 salariés se caractérise par une très forte saisonnalité et d’importantes fluctuations, les ventes dépendant étroitement de l’enneigement : les chiffres oscillent ainsi de 50 à 100 paires fabriquées par jour si l’enneigement est faible pour s’élever à 1 000 paires si l’or blanc est au rendez-vous.

Avec la crise sanitaire, la demande a bouleversé toutes les statistiques : « Nous avons connu une journée à 10 000 paires ! », confie Philippe Gallay, PDG depuis 1986 du groupe haut-savoyard Gallay, auquel appartient TSL Outdoor. Du coup, en dépit du coronavirus, TSL Outdoor devrait afficher 13 millions d'euros de chiffre d’affaires sur son exercice 2020, soit trois millions de plus qu’en 2019. Cette croissance encourage cette PME d’Annecy à s’agrandir. Un investissement de 3 à 4 millions d’euros va permettre de construire un nouveau bâtiment de 3 000 m², qui devrait être opérationnel début 2022. Situé sur le site de l’usine d’Annecy-le-Vieux, il sera destiné au montage et au stockage des raquettes à neige.

Difficultés d’approvisionnement

Si l’entreprise sait gérer les variations de volumes, la réactivité étant l’une des composantes nécessaires sur ce marché de niche, la brutalité de la hausse de la demande ne va pas sans créer de difficultés, en particulier pour l’approvisionnement en matières premières et pièces spécifiques. « Nous avions pourtant anticipé une augmentation car les États-Unis ont commencé à nous solliciter dès octobre. Mais cela n’a pas suffi », explique Philippe Gallay. Malgré les efforts déployés (réduction du temps d’injection, utilisation des mêmes pièces sur différents modèles, modification des alliages métalliques, recherche de nouveaux fournisseurs…), les délais s’allongent inexorablement.

Côté ressources humaines, les effectifs ont été renforcés : à l’atelier, où officient 20 salariés à l’année et 30 saisonniers en année normale, 40 opérateurs supplémentaires ont été embauchés afin d’élargir les plages de production aux soirs et aux nuits. « Par solidarité, nous avons ciblé les moniteurs de ski, les restaurateurs et les professionnels de la montagne touchés par la crise », précise Philippe Gallay.

De 5 à 35 % de parts de marché aux États-Unis

Grâce à la fabrication en France de 95 % de la production, TSL Outdoor est parvenu, jusqu’à présent, à honorer les commandes malgré leur augmentation spectaculaire. Alors que le taux de réassort oscille habituellement entre 10 et 60 %, il est actuellement de 300 % et même de 500 % sur le marché américain ! « Nous avions des difficultés à nous exporter aux États-Unis. Cette année, notre concurrent principal sur le marché américain, qui fabrique en Chine, n’a pu répondre à la demande alors que nous avons pu honorer les commandes grâce à la fabrication française : nous avons ainsi gagné des parts de marché en passant de 5 à 35 % aux États-Unis, ce qui implique un changement positif à long terme », explique le PDG de l’industriel haut-savoyard.

« Toutes les sociétés du groupe sont en progression et tous les voyants sont au vert », se satisfait Philippe Gallay. Les deux sociétés d’injection du groupe s’agrandiront aussi d’ici 2022 avec, pour Injection 74 (à Alex, en Haute-Savoie), un nouveau bâtiment de 6 000 m² pour un investissement de 8 millions d’euros, tandis qu’Odem 74 (à Marigny-Saint-Marcel) aura 5 000 m² supplémentaires pour un investissement de 6 millions d’euros.

Haute-Savoie # Industrie # Investissement # Ressources humaines