
Comme un symbole, et pour cause de coronavirus, aucun pavillon chinois n’a flotté cette année à la grande foire du jouet de New-York. La production de jeux de société, de poupées en Chine, l’atelier du monde d’où proviennent 57 % des jouets vendus en France, a soudainement diminué depuis que l’activité a été paralysée par l’épidémie. Et si c’était finalement une opportunité pour ceux qui privilégient le « made in France », comme en Haute-Savoie ou dans l’Ain ?
Premiers signes annonciateurs de pénuries
« C’est une situation complètement inédite dont on mesurera sans doute mieux les conséquences dans un second temps », acquiesce Patrick Lucotte, délégué général du Medef 74. « L’impact est encore très difficile à mesurer sur les chaînes d’approvisionnement », nuance-t-on aussi du côté de Vulli à Rumilly (DG : Eric Rossi ; 110 salariés ; CA 2019 : 30 M€), fabricant de la fameuse Sophie la girafe®. Chez Smoby, propriété de l’allemand Simba Dickie Group installé à Lavans-les-Saint-Claude (président : Uwe Weiler ; CA 2019 : 120 M€), le distributeur explique que les produits ont été fabriqués et enlevés de Chine avant le Nouvel an Chinois pour Pâques et la saison du plein air. « Nos clients français se comportent comme d’habitude. En revanche, nos acheteurs étrangers passent davantage de commandes en prévision de ruptures d’approvisionnement des fournisseurs chinois. Nous commençons à les dépanner », se réjouit Jacques Ecoiffier, président de la société éponyme, fabricant de jouets en plastique à Oyonnax qui détient le label « Origine France Garantie ».
Des tarifs d'export qui vont s'envoler
Selon le dirigeant, les délais d’acheminement pour les marchandises transitant par les ports varient d’un à trois mois. « Et tout ce qui ne sera pas produit à cause de Covid-19 ne pourra pas être rattrapé. Les médicaments et les iPhone passeront en priorité », prédit Jacques Ecoiffier. « Les tarifs vont s’envoler pour les rares containers qui partiront en mer tandis, poursuit-il, que la voie aérienne sera ruineuse. Les pénuries pourraient donc survenir sur les produits de la rentrée (commercialisés mi-juin) voire pour ceux de la saison de Noël si la production ne retrouve pas sa cadence. » De quoi inciter des acteurs de la distribution comme King Jouet ou JouéClub à mieux considérer le Made In France dans leurs commandes ?