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Laurent de la Clergerie (LDLC) : "La mise en place de la semaine de 4 jours a permis de gagner en efficience"
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Laurent de la Clergerie président du directoire de LDLC "La mise en place de la semaine de 4 jours a permis de gagner en efficience"

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Le distributeur lyonnais de matériels informatiques et de produits high-tech LDLC (1 100 salariés) est passé à la semaine de 4 jours en janvier 2021. Son dirigeant, Laurent de la Clergerie, vient de publier un livre, "Osez la semaine de 4 jours !", retraçant cette expérience. Il encourage les employeurs à franchir le pas.

Laurent de la Clergerie, président et fondateur du groupe LDLC : grâce à la semaine de 4 jours, "nous avons un taux d'absentéisme qui a été divisé par deux et un taux de turnover divisé par quatre" — Photo : Véronique Védrenne

Pourquoi avez-vous choisi de mettre en place la semaine de 4 jours ?

Je menais une réflexion depuis trois ou quatre ans sur le bien-être au travail. Au-delà de l’augmentation du salaire minimum dans l’entreprise, de coachings internes, de l’accompagnement et la formation des managers et de la suppression des primes dorénavant intégrées dans les salaires, je souhaitais trouver une mesure suffisamment puissante pour la QVTC – la qualité de vie tout court. L’idée m’est venue à la lecture d’un article sur Microsoft qui avait lancé un test de la semaine de 4 jours au Japon et avait constaté un gain d’efficacité. Et surtout, cela permet de créer un vrai équilibre entre vie personnelle et professionnelle : trois jours de vie personnelle permettent d’avoir une vie équilibrée et de ne pas ramener de problèmes personnels au bureau ni à l’inverse de problèmes professionnels chez soi.

Vous avez négocié un accord collectif pour passer à la semaine de 32 heures ?

Dans nos premières réflexions, nous avions pensé instaurer des journées de travail de 9 heures. Mais, avec de nombreux parents et une moyenne d’âge de 37 ans, il n’était pas possible d’imposer un tel rythme de travail. Nous avons donc opté pour des journées de 8 heures, soit des semaines de 32 heures, avec maintien de salaire. J’ai fait le choix d’un accord collectif pour que cela s’impose à tous les collaborateurs, excepté ceux qui étaient au forfait jour. Seule condition : ne pas changer le mode de fonctionnement de l’entreprise. Nous avons donc refait les plannings afin de pouvoir rester ouverts cinq jours par semaine. Ainsi, de l’extérieur, on ne voit pas que les salariés ne travaillent que 4 jours. Étant donné que 60 % des salariés souhaitaient avoir leur vendredi et, dans une moindre mesure, leur mercredi ou leur lundi, nous avons créé des binômes afin de leur permettre d’alterner leur jour off favori d’une semaine sur l’autre.

Quels sont les bienfaits qu’en a retirés l’entreprise ?

Cette mesure a été plus un gain qu’une perte : elle a rapporté 15 % d’efficience par rapport à la croissance de l’entreprise : les salariés se sentent tellement bien qu’ils travaillent mieux sans en avoir conscience. Passer aux 32 heures représente une perte de 9 % en termes d’heures mais non de 9 % d’efficacité. En temps normal, j’aurais dû recruter 15 % de personnel supplémentaire pour faire les 40 % de croissance que nous avons fait - nous sommes passés de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019 à 700 millions d’euros en 2021. La simulation du coût que cela représentait était de 5 % d’augmentation de la masse salariale. Mais, au final, nous n’avons pas eu besoin de recruter. Les managers, qui craignaient au départ de ne pas réussir à boucler leur travail en 4 jours alors qu’ils avaient déjà des difficultés à le faire en 5, y sont finalement parvenus et ne souhaitent pas revenir en arrière. Après trois mois de test, il en est ressorti qu’aucun salarié n’avait souffert d’une charge de travail supplémentaire. Aujourd’hui, tous les indicateurs sont au vert : nous avons un taux d’absentéisme qui a été divisé par deux et un taux de turnover divisé par quatre. Personne ne veut partir ! Et l’entreprise ne rencontre aucun problème pour recruter.

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