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Labojal lance un produit virucide colorimétrique pour les cuisines
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Labojal lance un produit virucide colorimétrique pour les cuisines

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Le fabricant à façon de détergents et de produits d’hygiène Labojal, basé à Thizy-les-Bourgs dans le Rhône, va doubler ses investissements prévus pour répondre à une demande exponentielle. La PME commercialisera en septembre un virucide colorimétrique pour cuisines professionnelles.

Jusqu'à 60 tonnes de liquide détergent sortent quotidiennement de l’usine Labojal à Thizy-les-Bourgs (Rhône) dirigée par Eric Goudou — Photo : Labojal

40 à 60 tonnes de liquide détergent sortent quotidiennement de l’usine Labojal à Thizy-les-Bourgs, dans le Rhône. Un pic rarement atteint dans l’histoire de cette PME créée en 1974, spécialisée dans la mise au point, la fabrication sur-mesure et la vente de détergents et produits d’hygiène pour des marques distributeur. Et, malgré le confinement, Eric Goudou, dirigeant depuis cinq ans de cette PME de 33 salariés (CA 2019 : 8,8 M€, en croissance de 15 %), n’a jamais autant travaillé.

À l’entendre, cette crise sanitaire - qui booste comme jamais la demande de produits détergents - a changé le rapport de force entre fabricants et distributeurs. « Je suis au maximum de ma production. Je pourrais faire plus mais ce sont les approvisionnements en matières premières et en contenants qui nous font défaut », décrit l’ancien banquier. Ces derniers prennent peu à peu conscience des contraintes. « L’État a encadré les prix de vente dans les commerces, mais pas le prix des matières premières », déplore-t-il. Avant la crise, le dirigeant assure qu’une tête de pulvérisateur coûtait 20 centimes d’euros. Depuis, le prix s’est envolé à 60 cts. De la même façon, le kilo d’alcool est passé de 1,20 euro à 8 euros, avant de revenir depuis quelques jours à 3 euros. Alors, pour la PME, place au système D : « nous avons remplacé les pulvérisateurs par des bouchons, nous sommes en panne de gel donc je vends désormais de la lotion hydroalcoolique, plus liquide. Les clients n’ont pas le choix », observe-t-il.

Produits d’antan et virucide colorimétrique

Au cœur de l’hiver, en accord avec ses investisseurs Siparex et l’ancien dirigeant demeuré actionnaire Jacques Longère, Eric Goudou avait décidé d’investir dans un centre de stockage sur la zone d’activités des Portes du Beaujolais pour entreposer ses contenants. Pendant le confinement, il a redimensionné son projet. Et est passé de 800 m² de nouvelle usine et 1 200 m² de stockage à 2 000 m² de stockage, avec un prêt réévalué de 600 000 € à 1,4 million d'euros. Une nouvelle ambition pour accompagner aussi les avancées de son laboratoire créé il y a quatre ans. « Il existe peu d’innovation dans ce secteur, elle génère donc immédiatement de la marge et une forte augmentation des ventes », décrit le dirigeant. Pari réussi avec son produit pour nettoyer les planchas des restaurants, mais aussi avec sa gamme « d’antan » à base de vinaigre blanc, bicarbonate de soude ou savon noir.

En septembre, il s’apprête à commercialiser un virucide pour cuisines professionnelles. Particularité : ce détergent colorimétrique vaporisable est bleu pour repérer les zones désinfectées puis redevient translucide après quelques minutes. Avec cette nouveauté qui s’accompagne de savons bactéricides et autres préparations dédiées à l’hygiène des mains, Eric Goudou prévoit d’atteindre un chiffre d’affaires de 12 M€ en 2012.

Si, a priori, Labojal peut sortir de cette crise renforcé par les préoccupations hygiénistes, un point de vigilance tient son dirigeant éveillé ces temps-ci : le crédit interentreprises payable à 45 jours fin de mois. « J’attends cette échéance, et on y est presque, avec appréhension. La cassure, les cessations de paiements, interviendront à ce moment-là. »

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