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« La gestion des salariés cas contact est un casse-tête pour les entreprises »
Interview Lyon # Services

Blandine Peillon fondatrice et dirigeante de Jours de Printemps « La gestion des salariés cas contact est un casse-tête pour les entreprises »

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Dans le cadre de la résurgence de l'épidémie de coronavirus, les règles applicables aux salariés "cas contact" semblent claires sur le papier. Mais, à l'usage, pour des dirigeants qui ne peuvent placer leurs collaborateurs en télétravail car leur valeur repose sur une présence, l'affaire se complique. Témoignage de Blandine Peillon, fondatrice et dirigeante de la conciergerie d'entreprise Jours de Printemps, à Lyon.

Fondatrice de la conciergerie d'entreprise Jours de Printemps à Lyon, Blandine Peillon dénonce le flou qui entoure la gestion des salariés "cas contact" — Photo : © Jours de Printemps

À la tête de Jours de Printemps, PME spécialisée dans la conciergerie d’entreprise et le placement d’hôtesses d’accueil (CA 2019 : 4,5 M€ / 130 salariés sur 100 sites), vous dénoncez le grand flou qui règne autour de la gestion des salariés potentiellement "cas contact" dans le cadre de l'épidémie de coronavirus. Que constatez-vous ?

Blandine Peillon : Il n’y a pas assez de directives ! Si cela continue, mon outil de travail va dépérir. J’ai appelé le Medef Lyon-Rhône afin qu’il demande à la caisse primaire d'assurance-maladie du département des consignes claires et précises à suivre : que peut-on exiger de nos salariés ? Comment résoudre ce casse-tête des cas contact ? Cette semaine, un manager m’annonce être cas contact d’une personne qui a des symptômes mais qui n’a pas encore fait de test. Que dois-je faire ? Mon entreprise repose sur la présence d’hôtesses d’accueil, cette situation est terrible pour moi. Dois-je demander à mes salariés de travailler en prenant toutes les précautions, masques et gel, tant qu’il n’y a pas de symptômes ? Je ne peux pas isoler tout le monde, nous sommes tous aujourd’hui à Lyon de potentiels "cas contact", tout le monde ne va quand même pas se mettre en arrêt ou télétravailler ? J’ai beaucoup de questions, et pas de réponses.

Photo : ©JJR1

Ce phénomène est-il récent ?

B.P. : En effet. Depuis quelques jours, je constate que la machine s’emballe. On nous annonce qu’il faut s’isoler 7 jours et revenir après le test, soit 10 jours d’absence. Mais si tous mes salariés sont dans cette situation je vais fermer l’entreprise. Je plaide pour que, tant que les salariés n’ont pas de symptômes, même s’ils sont cas contact, ils aillent au travail.

"Les annulations de salons nous font perdre 400 000 euros"

Votre activité consiste à placer des hôtesses d’accueil dans les halls d’entrée de grandes entreprises (KPMG, BioMérieux, Boehringer Ingelheim etc.). Mais aussi à ouvrir des conciergeries pour faciliter la vie des collaborateurs. Avec l’explosion du télétravail, cette activité a-t-elle encore un sens ?

B.P. : Oui car les salariés, même s’ils ne sont désormais plus présents tous les jours, continuent à commander des services à distance via leur application mobile. Cela dit, compte tenu du contexte, nous cherchons à diversifier notre offre en réfléchissant à de nouvelles formes de services pour l’entreprise. Par exemple, nous proposons la fonction de "welcome manager", un collaborateur Jour de Printemps présent dans l'entreprise qui facilite la vie des salariés quand ils se rendent dans l’entreprise et qui maintienne le lien. Le pire, actuellement, est d’arriver au bureau pour croiser ses collègues et de constater qu’on est seul.

Et côté business, comment Jours de Printemps encaisse-t-il la crise sanitaire ?

B.P. : 2019 a été une année de forte croissance, à 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Avant le confinement nous avions prévu un atterrissage à 5 millions d’euros pour 2020 mais nous finirons l’année à 4 millions. Les annulations d’événements et autres salons nous font perdre 400 000 euros, c’est énorme. Heureusement, nous attendons des réponses d’appels d’offres et allons ouvrir notre première conciergerie à Grenoble dans quelques semaines, chez BioMérieux.

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