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La Fabrique à l’épreuve du partage du pouvoir
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La Fabrique à l’épreuve du partage du pouvoir

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Atelier d’ébénisterie et d'agencement basé à Francheville, dans le Rhône, La Fabrique s’illustre par un modèle d’organisation atypique mis en place par ses deux fondateurs, Nicolas Autric et Fabrice Poncet. Lancée en 2008 sur les bases d’une structure participative, la société de 25 salariés se déporte désormais vers un modèle sociocratique.

L'atelier d'ébénisterie et d'agencement haut de gamme La Fabrique tend depuis deux ans vers un fonctionnement sociocratique — Photo : Nicolas Roubin

« Redistribuer le pouvoir de gouvernance et les richesses à la base ». L’idée est séduisante, pleine de promesses. Depuis 2008, Nicolas Autric et Fabrice Poncet, associés de La Fabrique (CA 2019 : 2,5 M € ; 25 salariés), un atelier d’ébénisterie et d’agencement haut de gamme basé à Francheville (Rhône), testent, innovent, appliquent et ajustent leur modèle de gouvernance. Avec la ferme envie de réconcilier les salariés et le travail, les deux associés vont au-delà de la simple structure participative.

Dès l’origine, l’organisation de La Fabrique diffère par l’installation d’un conseil d’entreprise où les salariés votent les grands projets. Mise en place avec d’autres spécificités comme une grille salariale propice au partage des richesses créées ou un accord d’intéressement égalitaire, cette gouvernance partagée implique d’autant plus les salariés qu’elle les engage. Mais malgré des objectifs économiques atteints, l’organisation n’est pas assez aboutie aux yeux de Nicolas Autric et Fabrice Poncet. « Avec Nicolas, nous prenions encore un certain nombre de décisions entre nous, quand d’autres l’étaient avec les salariés. Ce n’était pas suffisant », estime Fabrice Poncet.

Gestion partagée

Photo : Nicolas Roubin

Depuis 2018, la société est passée à l’étape supérieure. « Nous avons basculé vers une organisation sociocratique où l’ensemble du pouvoir est redistribué aux salariés », précise Fabrice Poncet. Quatre groupes sont installés et demeurent maîtres des décisions concernant leur domaine d’activité (bureau d’études, atelier,…). « Chaque équipe prend ses décisions, investit, achète, organise le temps de travail comme elle l’entend », détaille-t-il.

Les deux gérants engagent même la dilution de leurs prérogatives. La direction est désormais gérée par sept personnes (deux au titre de leur fonction : chef d’atelier et secrétaire comptable, les deux fondateurs et trois salariés élus parmi l’ensemble) au sein d’une direction collégiale où chaque membre détient un droit de véto. « C’est une gestion extrêmement opérationnelle qui fonctionne par consentement. Si une décision n’est pas conforme à l’esprit de La Fabrique ou met en danger l’entreprise, un des membres peut s’y opposer », précise-t-il.

Activité sensée et inclusive

La Fabrique développe également l’inclusion de personnes éloignées de l’emploi. « C’est un programme à géométrie variable qui dépend de nos capacités d’encadrement et du besoin d’avoir des chantiers répétitifs », admet Fabrice Poncet. 50 kits de médiathèques mobiles pour l’ONG Bibliothèque Sans Frontières vont être conçus pour des camps de réfugiés. Un contrat sur deux ans à 450 000 euros qui doit déboucher sur de nouvelles capacités d’accueil en insertion.

Fabrice Poncet l’admet : « Plutôt que de développer le chiffre d’affaires, notre envie se porte davantage sur la transformation de nos manières de faire ». Encore. Dernière idée en date : les salariés ont mis au point une liste de 102 choses à faire d’ici à 2030. Création d’un nouvel atelier, réduction de l’utilisation de panneaux de bouleau, création d’un parc photovoltaïque figurent parmi les projets. Reste aux salariés à s’en saisir pour que La Fabrique poursuive son agencement interne.

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