
Changement de cap pour D2L Group. Cette entreprise de travail temporaire et de groupements d’employeurs (ex-GEL Group) basée dans l'Ain visait, il y a trois ans, un déploiement en Europe. Rétropédalage de son PDG et fondateur, Guilhem Dufaure de Lajarte. « L’orientation vers l’international via de la croissance externe est en attente », confirme cet ancien skieur de haut niveau, qui préfère mettre toutes ses forces dans le virage de la digitalisation.
Plan de transformation sur trois ans
Pour se préparer à cette mutation, le dirigeant investit depuis 2017 dans une plateforme digitale lui permettant de relier les agences physiques. Son nom : « jobstation.work », dans laquelle 3 M€ ont été investis en 2017 et 2018, et autant en 2019. Une équipe de 30 personnes déploie des fonctionnalités intégrant l’ensemble des processus du travail temporaire, de la recherche du contrat jusqu’à l’édition du relevé d’heures et l’envoi de la facture au client. Le site propose aussi des bilans de compétences et des programmes de formation.
Surtout, Jobstation se veut le bras armé d’une vaste transformation du groupe. « C'est la colonne vertébrale pour relier nos agences physiques », décrit le dirigeant, qui souhaite reproduire le concept des Galeries Lafayette au secteur de l’emploi. « Mon pari est de repenser l’offre classique d’une agence d’intérim, en hébergeant la mission locale du quartier et des filiales de groupes d’intérim concurrentes, afin d’adresser une large cible d’intérimaires et faciliter leurs démarches vers l’employabilité », décrit le dirigeant, auteur de Le chômage n’est pas une fatalité.
Première agence « phygitale » dans le Rhône

Guilhem Dufaure de Lajarte a inauguré fin mai sa première agence « phygitale » à Saint-Priest (Rhône), avant d'ouvrir dans quelques jours celle d'Orléans. Pour l’heure, seuls Pôle Emploi et les missions locales sont locataires. À terme, le dirigeant de D2L Group estime que le concept peut séduire les agences, notamment indépendantes. Sa proposition : utiliser des locaux équipés et accéder à la plateforme numérique, en échange d’un loyer et d’un pourcentage du chiffre d’affaires généré par le flux capté via jobstation.work.
Sur les 70 agences que compte l’entreprise en France (elle en a aussi 10 en Belgique), 20 deviendront, en 2019-2020, accessibles 24 h/24 et 7 j/7, la totalité d’ici à trois ans, via un plan de transformation de 3 M€ au total. Elles permettront aux intérimaires d’accéder à des bureaux, imprimantes, récupérer des chaussures de sécurité, bénéficier de formations etc.
Surfer sur le « raz de marée » numérique
Grâce à ce nouvel instrument, Guilhem Dufaure de Lajarte ne renonce pas totalement à ces rêves européens, et entend attaquer assez vite les marchés belge et hollandais. « À l’exception d’Adecco Group et Randstad, aucun grand acteur n’a, à mon sens, pris conscience du raz de marée digital ».
Selon lui, les pure players comme Qapa, Onvabosser.fr ou GoJob ont « de beaux produits » mais, sans agence, difficile de se déployer dans le secteur de l’industrie, qui nécessite de fournir des vêtements de sécurité, des formations… D2L Group essaye, lui, « d’avancer sur (ses) deux jambes ».