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Jazz à Vienne : « La concurrence est extrêmement forte »
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Samuel Riblier directeur de Jazz à Vienne Jazz à Vienne : « La concurrence est extrêmement forte »

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Samuel Riblier est directeur du Festival Jazz à Vienne (Isère), programmé du 28 juin au 13 juillet. En poste depuis 2016, celui qui est aussi directeur adjoint des services à l’Agglomération Vienne-Condrieu revient sur le modèle économique de l'événement alors que l'industrie musicale s'est profondément transformée ces dernières années. Un enjeu de pérennité pour le festival qui fêtera ses 40 ans en 2020.

Près d'un tiers des recettes du festival Jazz à Vienne provient des partenariats avec les entreprises — Photo : Renaud Alouche

Comment se porte le festival sur le plan économique ?

Samuel Riblier : Jazz à Vienne est un objet particulier du fait de son statut d’établissement public à caractère industriel et commercial. Il est administré par l’Agglomération de Vienne mais est géré comme une entreprise. En 2016, nous sortions de deux exercices déficitaires. Nous avons remboursé une avance de 300 000 euros à l’Agglomération sur les trois derniers exercices. Aujourd’hui, nous sommes à l’équilibre. Cela suppose de poursuivre la dynamique en cours pour assurer la pérennité du festival et de son modèle économique. Le budget pour l’année 2019 est de 5,9 M€ dont 1 M€ de subventions publiques. L’essentiel des recettes est réalisé par la billetterie pour 3 M€, les 30 % restants sont apportés par les partenariats, le bar et des ressources propres. La particularité du festival est de proposer gratuitement 80 % de l’offre musicale, soit 200 concerts sur les 250. Les subventions publiques sont d'ailleurs uniquement fléchées sur l’offre gratuite. Seule la scène principale du Théâtre Antique est payante.

L’évolution de l’industrie musicale transforme aussi la gestion des festivals. Comment gérez-vous le budget de Jazz à Vienne ?

Photo : DR

S.R. : L’industrie de la musique a complètement changé en quinze ans, elle ne vit plus grâce à la vente de disques. Elle repose essentiellement sur les concerts et cela se traduit par une concurrence féroce entre festivals, dont le nombre a explosé en France. Il y a également un phénomène de concentration des grandes majors qui disposent de toute la chaîne de valeur : artistes, maisons de disques, salles et festivals. Elles font tourner leurs artistes dans leurs événements, ce qui rend plus difficile la possibilité pour des festivals indépendants de décrocher tel ou tel artiste. La concurrence est extrêmement forte et fait exploser les cachets. On a une augmentation des prix des places depuis quinze ans, mais qui reste contenue. En 2019, nos tarifs augmentent d’un euro, une première en cinq ans. La période de résorption du déficit a d'ailleurs été faite sans hausse de prix.
La sécurité aussi a évolué. Son coût a plus que triplé depuis 2015, à près de 120 000 € cette année. C’est un sujet que l’on maîtrise mal et sur lequel on ne peut pas rogner mais qui a déjà mis en péril d’autres événements.

Les partenariats avec les entreprises représentent moins de 30 % de vos recettes. S’agit-il d’un axe de développement pour le futur ?

S.R. : Oui, sans aucun doute. C’est un axe de recettes puissant qui nous permet de proposer des prix attractifs au grand public puisque les entreprises paient leurs places plus cher. Nous avons les mêmes réflexions que celles des stades et des clubs de football. Les réceptions et événements pour les entreprises sont des produits spécifiques et exclusifs qui permettent aux entreprises d’inviter clients et fournisseurs et d’impliquer leurs salariés dans des actions de mécénat. Environ 5 000 spectateurs viennent via ces produits "entreprises" sur les 82 000 places du théâtre antique lors de la quinzaine. Au total, Jazz à Vienne c’est 222 000 festivaliers en 2018.

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