
« Sur le plan économique, ce coronavirus sera peut-être un mal pour un bien. J’espère que cela va conduire les grands groupes à repenser leur stratégie de production et d’approvisionnement en favorisant les relocalisations et l’emploi en Europe et en réduisant leur dépendance vis-à-vis de la Chine. Au sein de mon entreprise Kodev (1,7 M€ de CA ; 14 salariés, NDLR), spécialisée dans la fabrication de linge pour le spa, cela fait pas mal de temps que j’ai engagé cette réflexion. Je n’ai quasiment plus de matières premières qui proviennent de Chine. Exception faite pour les plaques d’éthylène-acétate de vinyl (EVA) que l’on découpe pour fabriquer les tongs et mules de spa. C’est difficile d’en trouver ailleurs », expose Irène Breuil, la dirigeante de Kodev à Saint-Jean-Bonnefonds, près de Saint-Etienne. Chaque trimestre, la PME fait venir un container entier de plaques d’EVA depuis la Chine.
Un container bloqué en Chine
Problème, avec les mises en quarantaine, le dernier container qui devait partir de Chine fin janvier n’a jamais quitté le port. « J’étais très inquiète car cette commande représentait un montant de 30 000 euros payable d’avance. Heureusement, j’ai réussi à l’annuler et à me faire rembourser. En revanche, je n’ai toujours pas réglé le problème de mon approvisionnement. J’ai de quoi produire jusqu’au 15 avril. Il me reste donc un peu plus d’un mois pour trouver un nouveau fournisseur », confie Irène Breuil.
Miser à nouveau sur le "made in France"
Préoccupée par son sourcing en matières premières, la dirigeante de Kodev, par ailleurs présidente de la délégation stéphanoise de la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne, dispose pour l’heure de quelques pistes de fournisseurs en Espagne, et surtout d’une piste en France. « Il s’agit d’une société qui fabrique, à partir de déchets recyclés, de la matière recyclable et compostable qui pourrait se substituer aux plaques d’EVA. Cela va nécessiter un peu de R & D, le prix sera peut-être un peu plus élevé pour nos clients, mais c’est aussi une chance pour nous et les autres entreprises qui sont dans une réflexion similaire de revoir leur modèle et de valoriser leur production en misant sur le made in France. Le coronavirus va amener des plans B qui pourraient bien dans la durée devenir des solutions de premier plan ».