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Ioma et Ieva Groupe se révèlent dans la beauté personnalisée
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Ioma et Ieva Groupe se révèlent dans la beauté personnalisée

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Fondateur en 1997 de Memscap, une société iséroise spécialisée dans la microélectromécanique, Jean-Michel Karam élargit son champ d’action au secteur de la cosmétique avec les marques Ioma, Ieva et l’acquisition récente du réseau d'instituts de beauté L’Atelier du Sourcil.

Après avoir réussi dans le secteur de la microélectronique avec la société iséroise Memscap, Jean-Michel Karam a investi la cosmétique — Photo : Thomas Gogny /Divergence

En juillet 2020, alors que la France se réveille d’un premier confinement éprouvant, Jean-Michel Karam, 51 ans, reprend le réseau leader en France sur le marché des soins du regard, L’Atelier du Sourcil (110 boutiques en France dont 80 en franchise / 500 salariés dont 200 en propre).

Cette dernière prise porte cet industriel de la banlieue grenobloise à la tête d’un conglomérat d’entreprises réunissant Memscap, sa société historique de microélectronique (11,1 M€ de CA en 2020 ; 65 salariés) créée en Isère en 1997 ; Ioma (CA confidentiel ; 100 salariés), fondée en 2008 et qu’il continue de diriger après l’avoir cédée à Unilever en 2012 ; et le groupe Ieva (30 M€ de CA en 2020 ; 500 salariés) créé en 2016, qui vient d’absorber le réseau Atelier du Sourcil.

Un marché de la cosmétique colossal

Jean-Michel Karam, ingénieur en microélectronique d’origine libanaise installé en France depuis le début des années 1990, est ainsi passé au fil des années de la microélectronique à la cosmétique en surfant sur les convergences technologiques apparues entre ces deux activités et sur le développement de la cosmétique personnalisée.

Le patron a vite pris conscience du poids grandissant que prenait la beauté personnalisée dans un marché de la cosmétique estimé, à horizon 2024, à 863 milliards de dollars par le cabinet indien Zion Market Research. "Depuis quelques années, la cosmétique s’est ouverte au marché du bien-être et de la beauté, avec un désir des clientes d’avoir davantage de conseils personnalisés en fonction de leurs propres problématiques", détaille le quinquagénaire.

Le réseau Atelier du Sourcil englobe plus de 110 boutiques en France — Photo : DR

Technologie d’analyse cutanée

C’est en 2008 que l’ingénieur imagine un dispositif médical doté de capteurs permettant de mesurer aussi bien la température, l’hydratation, les rides que les tâches ou l’excès de sébum de la peau. "Lors d’un rendez-vous chez un dermatologue, je me suis rendu compte que ces praticiens n’avaient aucune technologie pour mesurer et inspecter l’état de la peau mais seulement un dermatoscope (une loupe, NDLR)", s'étonne Jean-Michel Karam. Alors qu’il destine cette technologie aux praticiens, il perçoit l’intérêt pour sa solution du secteur de la cosmétique tout entier.

Dans un premier temps, le quinquagénaire hésite, étudie le marché mais reste en retrait. "Je ne voulais pas m’engager dans un secteur qui m’était inconnu sans avoir une technologie de rupture", avance-t-il. La crainte aussi que sa technologie soit qualifiée de "gadget".

Il lance donc son produit auprès des dermatologues mais sans grand succès. Parallèlement, il crée, en 2008, la société Ioma, positionnée sur la cosmétique haut de gamme. Avec un objectif : proposer l’expérience de la personnalisation dans la beauté. Il conçoit ses propres cosmétiques sur-mesure grâce au rachat, en 2010, du laboratoire La Licorne à Crolles (Isère), dans lequel il investit 4 millions d'euros en R & D. La marque Ioma est aujourd’hui présente dans 25 pays dont la Chine.

La marque de soins pour la peau Ioma côtoie d’autres marques lancées par Jean-Michel Karam, comme Eléanature ou le bijou connecté Ieva — Photo : Slimoss

Jean-Michel Karam déploie alors sa technologie Ioma In. Lab, un outil de diagnostic de la peau couplée à un appareil capable de "composer la crème idéale" en fonction des typologies de peau en quelques minutes, dans des boutiques spécialisées (dont 180 boutiques du réseau Marionnaud). Plus de 40 000 possibilités de crèmes différentes sont proposées grâce aux algorithmes qui analysent sept types d’imperfections cutanées. En 2010, Ioma lève 10,5 millions d'euros pour lancer le développement commercial de cette technologie. En 2012, Unilever, la multinationale spécialisée dans la nutrition et l’hygiène personnelle, rachète la société tout en maintenant Jean-Michel Karam à son poste de directeur général.

Entrée en Bourse d’ici cinq ans

La suite s’appelle Ieva (CA 2020 : 30 M€ ; 500 salariés). "L’idée remonte à 2015 lorsque j’ai souhaité transposer dans le numérique ce que j’avais entrepris jusqu’ici dans la cosmétique avec Ioma", rappelle Jean-Michel Karam. Au terme d’une levée de fonds de trois millions d’euros auprès du Crédit Mutuel Innovation et d’investisseurs privés, Ieva propose un concept novateur à travers une application "Mon Moi Beauté" qui mesure le stress environnemental (humidité, pollution, température, UV…) de son utilisateur grâce à un bijou connecté pour lui prodiguer ensuite des conseils beauté et nutrition individuels, moyennant un abonnement. Ieva propose également la vente de produits cosmétiques "maison" (Ioma, Eléanature, Intuiskin…) pour le visage et les cheveux.

60 % des ventes du bijou connecté Ieva sont faites via le réseau Atelier du Sourcil — Photo : Ieva

L'acquisition par la société Ieva de l’Atelier du Sourcil est en ça stratégique : dupliquer au sein du réseau d’instituts l’expertise Ieva de la beauté personnalisée. Dans la foulée du rachat, Ieva Group lève 17 millions d’euros (dont 5 millions non dilutifs) auprès du Crédit Mutuel Innovation et de Seb Alliance, le véhicule d’investissement du groupe Seb (Rhône). Un financement destiné à soutenir le développement en point de vente de la marque tout en permettant à Ieva d’élargir sa cible et ses canaux de distribution.

Avec de nouvelles boutiques qui ouvrent notamment à Marrakech (Maroc) et à Rome (Italie), Jean-Michel Karam compte déployer l’Atelier du Sourcil à l’international. Notamment, dans les prochains mois, en Europe et en Amérique du Nord. "Nous pouvons espérer atteindre un millier de boutiques Atelier du Sourcil et amener Ieva en Bourse dans les cinq ans", assure l'entrepreneur.

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