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Groupe GPA : « Notre casse automobile est un exemple d’économie circulaire vertueuse »
Interview Drôme # Automobile

Johan Renaud directeur du développement et industrie de Groupe GPA Groupe GPA : « Notre casse automobile est un exemple d’économie circulaire vertueuse »

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Johan Renaud, à la tête de Groupe GPA, la plus grande casse automobile de France (25 000 véhicules par an sur un complexe de 17 000 m²), achève l’agrandissement de son outil pour passer à une nouvelle dimension et traiter 75 000 véhicules par an. Son credo : verdir l’image des casses automobiles.

Le Groupe GPA traite 25 000 véhicules par an. Avec son nouvel outil industriel, il porte ses capacités à 75 000 unités par an — Photo : Groupe GPA

Vous êtes la troisième génération à la tête de Groupe GPA (35 M€ de CA en 2020 ; 200 salariés), une casse automobile familiale installée à Livron, dans la Drôme. Que faites-vous exactement ?

Johan Renaud : Groupe GPA est avant tout une aventure familiale, créée dans les années 50 par mon grand-père. Son métier était de collecter certains déchets de garages comme des chiffons souillés, des huiles, des chambres à air et des batteries. Un jour, on lui a demandé d’évacuer une épave qui traînait au fond d’une cour. En la démontant, il s’est aperçu que certaines pièces pouvaient être réemployées. Il a également trouvé des matières premières secondaires essentiellement des métaux ferreux et non ferreux. 60 ans plus tard, on fait le même métier mais à une échelle beaucoup plus importante. :nous collectons des véhicules que nous cherchons à valoriser.

L'entreprise a investi 21 millions d'euros pour agrandir son outil de production qui s'étend désormais sur 17 000 m² — Photo : Groupe GPA

Quelles sont vos capacités de traitement ?

J. R. : Nous traitons 25 000 véhicules par an. Notre complexe industriel et logistique de 17 000 m², installé sur un foncier de 24 hectares, peut désormais supporter jusqu’à 75 000 véhicules par an. Notre enjeu est de trouver des sources d’approvisionnement de véhicules accidentés tout en arrivant à séduire de nouveaux clients.

Auprès de qui vous approvisionnez-vous ?

J. R. : Nous sommes spécialisés dans les véhicules accidentés que l'on achète aux compagnies d’assurances, en cherchant à valoriser ces véhicules qui sont, pour l'assureur, synonymes de déchet. On extrait des pièces détachées et des matières premières. Les pièces sont contrôlées, tracées et vendues en BtoB auprès de carrossiers et de garagistes, ou en BtoC auprès de particuliers bricoleurs. Aujourd’hui, ces deux segments représentent chacun 50 % de notre activité.

Par quel canal vendez-vous ces pièces ?

J. R. : Depuis début octobre, nous ne faisons que de la vente à distance (téléphone et internet, NDLR) auprès des particuliers dans la France entière. Nous achevons notre mutation industrielle avec la construction de la nouvelle usine ainsi que notre mutation commerciale. On s’est converti à 100 % à de la vente à distance parce que le volume d’affaires est essentiellement par téléphone et en ligne. Cela peut paraître contre-intuitif mais la pièce automobile d’occasion est un produit technique qui nécessite un conseil ou une vérification. Les gens privilégient souvent un contact direct, notamment en raison de l’image que se traînent encore les casses auto…

Photo : Groupe GPA

Justement, comment parvenez-vous à redorer cette image ?

J. R. : La casse auto d’il y a 40 ans n’est plus la même aujourd’hui. Nous souhaitons devenir la référence en France sur la vente de pièces d’occasion. La première étape est de changer l’image d’Épinal des casses, qui est lourde à porter. Ensuite, il faut activer le réflexe des pièces d’occasion chez le client parce qu’elles constituent une vraie alternative aux pièces neuves. C’est un réflexe économique, écologique et social. La voiture est le bien de consommation le mieux recyclé en France : 98,5 % de sa masse sont recyclés ou valorisés. Par exemple, on parvient à extraire des éléments comme des mousses qui ont un fort pouvoir calorifique et servent de combustibles dans les cimenteries. Plutôt que de l’enfouir, on la réutilise différemment.

Votre activité est donc en plein dans l’économie circulaire ?

J. R. : Nous travaillons au réemploi des pièces et nous recyclons certaines matières. Certaines retournent vers la construction des véhicules. De manière imagée, quand on recycle une Clio 1, cela permet à Renault de construire une Clio 5. Les matières recyclées repartent dans l’industrie qui renvoie de la matière aux constructeurs automobiles. On est un exemple d’économie circulaire vertueuse.

On retrouve aussi cette circularité avec les compagnies d’assurances et les garagistes. Sur 100 véhicules accidentés en France, seulement 10 partent en épave vers des casses automobiles, les 90 restants sont réparés chez des garagistes ou carrossiers. Il faut donc que les pièces des 10 % de véhicules recyclés servent aux 90 % encore réparables.

Comment comptez-vous tirer votre épingle du jeu face à la concurrence ?

J. R. : C’est souvent la taille du terrain qui proportionne la taille des casses automobiles. Il y a très peu de casses auto en ville parce qu’il faut beaucoup de foncier. Nous venons d’investir 21 millions d’euros pour nous agrandir et disposer de capacités de développement importantes. Avec une croissance de l’ordre de 15 à 30 % par an comme on les connaît ces dernières années, nous pourrons avoir à moyen terme près de 400 salariés. Au 30 septembre 2021, et hors nouveau confinement, nous visons les 45 M€ de chiffre d’affaires.

Groupe GPA dote ses espaces de stockage extérieur d’ombrières photovoltaïques permettant de produire 8,5 MW d’électricité — Photo : Groupe GPA

Jusqu’où poussez-vous votre démarche circulaire ?

J. R. : Nous travaillons auprès des pouvoirs publics pour essayer de changer notre image. Nous sommes en train d’équiper nos espaces de stockage extérieur d’ombrières photovoltaïques nous permettant de produire 8,5 mégawatts d’électricité. Cela permettra d’alimenter les besoins en électricité (hors chauffage) des villes de Livron et Loriol (17 000 habitants, NDLR). Au-delà de la production d’énergie renouvelable, ces ombrières protègent les voitures des intempéries, limitent le ruissellement des eaux de pluie polluées en hydrocarbure. C’est extrêmement positif en termes d’image.

Comment est accueillie cette initiative par les pouvoirs publics ?

J. R. : Nous travaillons ensemble autour de ces sujets. Nous sommes sur un territoire expérimental, la Biovallée, pour lequel nous sommes en quelque sorte un porte-étendard industriel. Nous avons créé une société, GPA Energy, dans laquelle GPA détient 5 % du capital en tant qu’exploitant des ombrières. Le reste est détenu par la société d’économie mixte V2D qui regroupe les communes voisines, les intercommunalités, le fonds régional OSER, Engie et Synergetik à Montélimar.

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