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Fédération du BTP du Rhône : « Les dirigeants tenaillés entre la peur de tout perdre et la sécurité sanitaire »
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Samuel Minot président de la fédération du BTP du Rhône Fédération du BTP du Rhône : « Les dirigeants tenaillés entre la peur de tout perdre et la sécurité sanitaire »

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Après les propos du Premier ministre Edouard Philippe le 17 mars, le président du BTP du Rhône (12 000 entreprises, environ 50 000 salariés) s’insurge contre l’ambiguïté qui est maintenue entre continuité des activités et sécurité sanitaire imposée. Samuel Minot appelle donc ses adhérents à arrêter leurs chantiers jusqu'au 31 mars.

"La filière BTP s’est arrêtée le 17 mars soir, suivant le tempo des négociants en matériaux de construction", relève Samuel Minot, président de la fédération BTP du Rhône — Photo : BTP du Rhône

Le Journal des Entreprises : Quelles sont les consignes données aux adhérents de la fédération du BTP du Rhône ?

Samuel Minot : Nous appelons tous nos adhérents à cesser les chantiers jusqu’au 31 mars. Deux éléments nous font penser que ce sera difficile de maintenir une activité : comment garantir qu’un salarié ne rencontrera pas plus de cinq personnes dans la journée ? Et comment équiper les hommes sur les chantiers de masques, gel, gants ? Nous avons en outre la volonté de nous aligner sur les autres fédérations professionnelles, en participant aux obligations communes de lutte contre la pandémie.

Avez-vous encore les moyens de travailler ?

S. M. : Nous pourrions établir des attestations. Mais même les majors, comme Bouygues, Eiffage, Vinci, ont tous pris la décision d’arrêter. La filière BTP s’est arrêtée le 17 mars au soir, suivant le tempo de la filière aval, celle des négociants, tels que Point.P ou Samse qui a fermé.

Pensez-vous que les secteurs des travaux publics et du BTP seront concernés par les mesures d’aides liées aux Covid-19 ?

S. M. : Je l’ignore et les instances nationales, Fédération française du bâtiment et Fédération française des travaux publics, demandent à rencontrer les ministres pour clarifier la situation.

« L'ambiguïté donne aux dirigeants la responsabilité d’arrêter ou non leur entreprise. C’est un choix malsain qui leur est laissé. »

Nous demandons à être autorisés à fermer officiellement nos chantiers, car l’ambiguïté donne aux dirigeants la responsabilité d’arrêter ou non leur entreprise. C’est un choix malsain qui leur est laissé. Nous attendons des consignes beaucoup plus claires. Sommes-nous, ou pas, dans un cas de force majeure qui nous contraint à surseoir à nos obligations contractuelles, notamment sur les délais des chantiers ?

En maintenant le flou le gouvernement donne l’impression que l’on peut continuer à travailler, notamment le ministre de l’économie Bruno Le Maire, et c’est insupportable. Il faut assumer le fait que l’économie va s’arrêter. Mais plus nous nous arrêterons vite, en stoppant la propagation du virus, plus nous pourrons reprendre nos activités.

Comment anticipez-vous la suite ?

S. M. : Impossible à dire. La sortie de crise sera douloureuse, car beaucoup d'entreprises du secteur, des TPE, sont fragiles, en termes de positionnement de trésorerie. La plupart ne sont pas très solides et elles vont subir des désorganisations majeures. Mais les mesures d’aides doivent être identiques pour tous les secteurs, il n’y a pas de raison que nous n’en ayons pas.

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