Extension du passe sanitaire : "C'est une bombe atomique pour la culture"
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Extension du passe sanitaire : "C'est une bombe atomique pour la culture"

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Propriétaire du café-théâtre Le KFT à Saint-Galmier dans la Loire et directeur du théâtre Le Capitole à Avignon, Grégory Cometti s'inquiète des conséquences économiques de l'extension du passe sanitaire pour ses activités. Et en premier lieu le Festival Off d'Avignon, qui se tient jusqu'au 31 juillet.

Grégory Cometti, propriétaire du café-théâtre Le KFT à Saint-Galmier dans la Loire et directeur du théâtre Le Capitole à Avignon — Photo : Laura Cortès

"En plein Festival d’Avignon… une bombe atomique a été lancée hier soir. La bombe explosera le 21 juillet sur le monde de la culture". Directeur du théâtre Le Capitole, qui accueille le Festival Off d’Avignon (du 7 au 31 juillet), et propriétaire du café-théâtre Le KFT à Saint-Galmier dans la Loire, Grégory Cometti va faire partie des premiers entrepreneurs à faire les frais de l’extension du passe sanitaire.

Si Le KFT et ses 137 places sont bien entendus dans la mire des mesures annoncées par le président Emmanuel Macron le 12 juillet, c’est bien pour le Festival Off d’Avignon que l’entrepreneur du spectacle nourrit le plus d’inquiétudes.

"L’échelle n’est pas la même. Les spectacles sont installés, les frais engagés et les règles changent en plein festival. Nous nous sentons un peu crucifiés. Même si je pense sur le fond que la vaccination de masse est nécessaire, cela tombe comme un couperet. Toutes les familles qui viennent avec des enfants de plus de 12 ans ne sont pas vaccinées. Les parents peuvent l’être mais pas les enfants. Résultat, nous risquons de perdre beaucoup de monde sur les spectacles familiaux. Sans parler de ceux qui ont déjà pris leurs places et qu’il va falloir rembourser", s’inquiète l’entrepreneur ligérien.

Des frais en plus avec les contrôles

Déjà lourdement impacté par les périodes de confinement, qui ont fait chuter son chiffre d’affaires global (KFT, Le Capitole et sa boîte de production GC Production) de 1,5 million d’euros en 2019 à 430 000 euros en 2020, Grégory Cometti craint un nouveau coup d’arrêt de ses activités. Et, in fine, un nouvel exercice compliqué sur le plan comptable.

"Nous avons déjà pris 5 mois de fermeture dans la vue et des restrictions de jauge à 35 %, fin mai, quand on a redémarré pour remonter progressivement à 100 % depuis début juillet. Là, on nous enlève plus de la moitié de nos clients puisque seulement 40 % des Français sont vaccinés. Sans parler des frais supplémentaires en plus pour contrôler l’identité et le passe sanitaire aux entrées. Quand vous avez 250 personnes dans une file d’attente et des spectacles qui s’enchaînent et doivent donc démarrer à heures fixes, c’est très compliqué de faire des contrôles à effectif constant", développe Grégory Cometti.

Des aides gouvernementales attendues

Pour absorber ces dépenses supplémentaires et les pertes attendues en termes de fréquentation, l’entrepreneur appelle de ses vœux des aides du gouvernement. "Là, on est dans le temps des annonces. J’espère que, dans les jours qui viennent, le gouvernement mettra en place des aides en face pour compenser tout ça. Nous avons toujours joué le jeu mais nous ne pouvons pas fonctionner avec la moitié de notre clientèle. Pour les cinémas, c’est pareil. Ils ont des sorties de film jeune public programmées durant l’été. Les familles ne se déplaceront pas et certaines sorties seront sans doute même reportées".

Et de conclure : "La culture est à nouveau en première ligne mais la restauration va suivre dans la foulée. Et même si nous espérons que beaucoup de gens se seront fait vacciner d’ici la rentrée, il y aura toujours une frange de farouches opposants que nous risquons de perdre à partir d’octobre avec le déremboursement annoncé des tests PCR".

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