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Logistique

Everial prépare sa révolution digitale

Par Audrey Henrion, le 26 septembre 2017

L'entreprise Everial (ex-Archiv Alpha) fondée par Michel Garcia en 1989 aurait pu tomber dans l'obsolescence. Elle amorce au contraire une transformation en douceur, passant du stockage de cartons au partage de données. Son prochain déménagement symbolise cette mue.

Le Journal des Entreprises
Le Journal des Entreprises — Photo : Le Journal des Entreprises

Une première pierre posée le 21 septembre comme on ouvre la page d'une nouvelle histoire. Tel est le sentiment de Lionel Garcia, directeur général de l'entreprise fondée en 1989 par son père, Michel, un autodidacte multi-récompensé propriétaire de 60% du capital de la société (40% pour son fils). 

Fin 2018, les deux sites lyonnais de l'ETI seront regroupés dans 10.000 m² à Rillieux-la-Pape, au nord-est de Lyon. Au total, 15 millions d'euros investis sur douze ans en crédit-bail dans ce bâtiment conçu par Tétris, filiale de JLL. Un investissement à la hauteur de l'enjeu. 
Depuis cinq ans, Everial se scinde en deux entités distinctes. La construction de ce nouveau siège social est une façon de rassembler ses forces pour mieux se déployer. « Le déménagement sera aussi une occasion de repenser nos méthodes de travail » décrit le dirigeant. « Nos clients nous demandent de la réactivité, de l'agilité, de la souplesse » développe l'homme à la tête de 420 salariés répartis dans quinze sites en France et quatre à l'étranger (en Suisse, à Monaco, à l'Ile Maurice et à Madrid).

Rampe de lancement

Exit les bureaux individuels repartis à droite et à gauche de couloirs sans fin. Place à des espaces ouverts, à des salles de réunions de petites taille, à des espaces collaboratifs semi-ouverts. L'unité stockage-archivage, son coeur historique, pèse 40 millions d'euros sur les 45 millions réalisés par l'entreprise en 2016. Et une business unit digitale, portée par Lionel, encore modeste mais qui demain devrait rattraper son aînée.

Un positionnement propre à l'histoire de l'entreprise, née de l'archivage physique d'externalisation des processus métiers (BPO). Avant, en 2015, de s'installer dans la rampe de lancement des logiciels de  « gestion électronique de documents » à travers son entrée au capital de Knowings. « Nous proposons une chaîne globale de la gestion du document, allantes données dans ses entrepôts. Plus tard elle a numérisé, puis s'est lancée du physique au digital, assez unique en France par rapport à nos concurrents [Tessi (290 M euros), ou Jouve (90 M euros), NDLR] spécialisés dans la numérisation et le traitement de documents » vante le dirigeant.

Croisement des courbes

Comme toute entreprise créée par un autodidacte, Everial s'invente de nouvelles compétences, presque en temps réel. « On progresse en s'adaptant à la demande de nos clients, rapporte Lionel Garcia. Quand la demande est claire, c'est facile. Mais ça se complique quand ce client ne sait pas précisément définir ses besoins ». Il s'agit là d'un signe particulier de ce marché : les clients ne sont pas familiarisés avec le travail collaboratif, le partage de données. « Se pose alors la question du "time to market " : est-ce qu'on arrive au bon moment ? »

L'essentiel est là pour ce patron : « être dans le bon croisement des courbes : que l'archivage ne s'effondre pas avant que le digital ne prenne le relais ». Avec, en creux, l'obligation de continuer à investir physiquement dans des entrepôts, « car les cartons continuent d'arriver ». Cette délicate ascension vers le digital s'opère avec un objectif chiffré : atteindre 150 millions d'euros en 2025. Un volume d'affaires réaliste selon les projections des dirigeants actionnaires.

« D'ici là, la part du digital pèsera la moitié du chiffre des ventes. L'archivage physique va croître beaucoup moins vite ». De fait, les ventes "stockage" se sont tassées, passant de +10 % de croissance par an en 2012 à +3 % en 2017. « Le volume du marché en France s'est réduit à 300 millions d'euros, observe Lionel Garcia. Tandis que le digital et singulièrement le BPO pèserait un milliard d'euros de chiffre d'affaires ». En plus de cette stratégie de verticalisation, la société ficelle quelques partenariats - y compris avec des acteurs locaux non dévoilés- autour du coffre-fort, de la signature ou de l'archivage électroniques. Tandis qu'en 2018-2019, des opérations de croissances externes (via de l'emprunt) devraient venir en support de la croissance organique du digital. « Nous finalisons le cahier des charges » indique Lionel Garcia.

D'une culture à l'autre

L'entreprise frôlant une rentabilité à deux chiffres revoit ses flux d'investissements. Alors qu'Everial dédiait 300.000 euros à l'innovation et la R & D il y a trois ans, la part a été multipliée par trois, passant à un million d'euros, exclusivement sur le digital. « Notre métier sera de plus en plus tourné vers l'intelligence. Celle qu'il faut mettre derrière le scanner pour récupérer l'information, la valoriser, la compléter, la vérifier et permettre à l'entreprise de la partager auprès de ses collaborateurs » illustre le dirigeant. Humainement, cette transformation n'est pas sans créer des tensions. « Il faut gérer la transition, d'une culture d'entreprise " végétale " à une culture " digitale ". On ne manage pas de la même façon des archivistes proches du métier de manutentionnaire logisticien et des documentalistes devenus de véritables développeurs informatiques ».

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