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Erick Lelouche (Boehringer) : « Lyon dispose d’un savoir-faire et d’un niveau d’expertise très élevé »
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Erick Lelouche président de Boehringer Ingelheim Santé animale France Erick Lelouche (Boehringer) : « Lyon dispose d’un savoir-faire et d’un niveau d’expertise très élevé »

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Erick Lelouche, président de Boehringer Ingelheim Santé Animale en France (ex-Merial), dont le siège monde est à Lyon, mise sur le territoire pour développer son pôle vaccins. Après l’annonce en avril de 65 millions d’euros investis à la Porte-des-Alpes dans un centre de production de vaccins aviaires, il injecte de nouveau 200 millions d’euros, à Jonage cette fois, dans une autre unité de production de vaccins contre les fièvres aphteuses et catarrhales.

Pour Erick Lelouche, président de Boehringer Ingelheim Santé animale France, le nouveau site de Jonage permettra de "multiplier la production par Boehringer de vaccins contre la fièvre aphteuse par trois." — Photo : Boehringer Ingelheim

Le Journal des Entreprises : À quel besoin répond le nouvel investissement de 200 millions d'euros de Boehringer Ingelheim Santé Animale à Lyon ?

Erick Lelouche : Même si en France, la fièvre aphteuse est éradiquée et la vaccination interdite, la décision d’installer cette nouvelle usine en France démontre le rôle central que la France est appelée à jouer au plan mondial dans la lutte contre cette maladie. L’offre vaccinale mondiale n’est pas suffisante. Notre nouveau site permettra de multiplier notre production par trois pour mieux couvrir les besoins non satisfaits de cette maladie extrêmement contagieuse très présente en Amérique du Sud, en Asie et en Afrique, et aux conséquences économiques gravissimes lors des épidémies.

Pourquoi avoir choisi la région lyonnaise pour implanter ce centre de production (15 000 m², environ 100 emplois)  ?

E. L : Le projet Antarès - le nom de code donné en interne - est en maturation depuis 4 ans. Nous avons étudié une implantation dans de nombreux pays du monde, y compris en Allemagne. La décision de l'implanter à Lyon a été prise durant cette année post-rachat de Merial.

Lyon s’est nettement distinguée des autres métropoles. Par son histoire d’abord. Historiquement, Charles Mérieux a été le fondateur de la vaccination anti-aphteuse (qui affecte les ruminants tels que les bovins, chèvres, moutons et porcins NDLR), dont la production à l’échelle industrielle a débuté à Lyon en 1947. La ville dispose aussi d’un savoir-faire et d’un niveau d’expertise très élevé, avec une concentration de compétences en biologie, technologies et en recherche, dans le quartier de Gerland. La présence de l’école nationale des services vétérinaires de Marcy-L’étoile et celle de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, qui, depuis la France, régit les règles européennes, ont également été décisives.

Pourquoi réalisez-vous cet investissement à Jonage alors que vous disposez d'une réserve foncière sur votre site de la Porte-des-Alpes ?

E.L : Jonage s’est imposé par sa proximité avec le site de Lyon Porte-des-Alpes qui accueille déjà 700 collaborateurs et bientôt une nouvelle unité de mise sous forme pharmaceutique de vaccins aviaires notamment. Nous voulions réduire le niveau de complexité en détachant les deux unités de production. En même temps, les deux sites ne devaient pas être trop éloignés car les antigènes fabriqués à Jonage seront stockés et formulés sur le site de la Porte-des-Alpes.

A quelle date la production pourra-t-elle être lancée ?

E. L : Les travaux démarreront au troisième trimestre 2018 et dureront deux ans. Ensuite il faudra attendre une année pour recevoir la qualification des procédés et des équipements La production sera lancée fin 2021, début 2022, avec une centaine de salariés.

Quelles sont les retombées économiques pour Boehringer Ingelheim ?

E. L : Nous tablons sur 200 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025 pour une production de 400 millions de doses vaccinales par an. Par ailleurs, nous stockerons à Lyon les banques d’antigènes contre la fièvre aphteuse et contre la fièvre catarrhale ovine (créée par Merial, NDLR) qui doivent être disponibles pour les gouvernements qui nous en feraient la demande.

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