En Auvergne Rhône-Alpes, l'appel à l'aide des fournisseurs des cafés-hôtels et restaurants
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En Auvergne Rhône-Alpes, l'appel à l'aide des fournisseurs des cafés-hôtels et restaurants

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Un collectif de 24 entreprises d’Auvergne Rhône-Alpes spécialisées dans la distribution de consommables pour les cafés, hôtels et restaurants veut rendre visible ses difficultés. Selon ces entreprises pesant 607 salariés pour 254 millions d'euros de chiffre d'affaires cumulé, l'argent ne rentre plus et les aides ne suivent pas.

Sébastien Tournissoux, directeur général de Rhône-Alpes Distribution à Saint-Priest, est le porte-parole du collectif de fournisseurs des cafés, hôtels, restaurants et discothèques d'Auvergne Rhône-Alpes — Photo : DR

Touchées de plein fouet par la fermeture des bars et des restaurants, qui représentent 75 % de leur clientèle, les fournisseurs des cafés, hôtels, restaurants et discothèques d’Auvergne Rhône-Alpes veulent faire entendre leurs voix. Ils se sont unis au travers d’un collectif qui compte, au 18 décembre, 24 sociétés (dont Rhône-Alpes Distribution, Alp’Viandes, la Brasserie du Mont Blanc, les Caves Billon, Rhône Boissons, la Maison Cavaillé ou Homards Acadiens) employant plus de 607 salariés, pour 254 millions de chiffre d’affaires cumulé.

« D’autres collectifs sont nés avant nous, en Bretagne, Pays de la Loire, Paca, Grand Est et Occitanie. Nous prenons le relais à notre tour, retrace Sébastien Tournissoux, directeur général de Rhône-Alpes Distribution (80 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, 200 salariés) et porte-parole du mouvement. Son entreprise, créée en 2013 à Saint-Priest (Rhône) et spécialisée dans la distribution de boissons possède des sites logistiques à Lyon, Grenoble, Bourg d’Oisans (Isère), Aix-les-Bains (Savoie) et Cluses (Haute-Savoie).

La face cachée de l’iceberg

Le siège de Rhône-Alpes Distribution à Saint-Priest — Photo : DR

Ce mouvement est né d’une longue descente aux enfers vécue par la profession. « De cette crise, tous ne s’en relèveront pas », alerte Sébastien Tournissoux. En Auvergne Rhône-Alpes, ces 24 acteursdu collectif sont présents sur 33 sites de production dans les 12 départements de la région. « Notre filière, c’est la face cachée de l’iceberg ; celle dont personne ne parle », pointe le directeur général de Rhône-Alpes Distribution.

Des blanchisseurs pour le linge aux fabricants et distributeurs de matériel pour les cafés et restaurants (tireuses à bières, machines à café) en passant par les distributeurs de jus de fruits, de viennoiseries et les arts de la table, ces hommes et femmes de l’ombre prennent de plein fouet la fermeture administrative de leurs clients. Jusqu’alors volontairement en retrait, ils se disent aujourd’hui « asphyxiés ». « Nous pensions naïvement qu’on ne nous oublierait pas, on s’est trompé », déplore Sébastien Tournissoux. Après l’arrêt de toutes les activités au printemps, l’été a bien marché pour le chef d’entreprise, mais tout s’est compliqué en octobre. Avec le couvre-feu, le chiffre d’affaires de Rhône-Alpes Distribution a chuté. Avant le deuxième confinement, 70 % des salariés étaient à leur poste… pour 20 % d’activité.

Prise en charge des pertes d’exploitation

La fermeture des établissements a fait plonger le chiffre d’affaires à -97 %. Et provoqué le chômage partiel des 200 salariés. « Nous continuons à livrer quelques hôpitaux, des restaurants d’entreprise et quelques restaurants qui font de la vente à emporter, mais cela reste marginal », décrit Sébastien Tournissoux. Or, comme ces fournisseurs ne tombent pas sous le coup d’une fermeture administrative contrairement à leurs clients, les aides sont a minima : prise en charge à 85 % du chômage partiel et prêts garantis par l’Etat (PGE) pour ceux qui y ont encore droit.

« Le PGE ne me suffit plus. Et les banques ne veulent plus suivre »

Lors du premier confinement, Sébastien Tournissoux aurait pu emprunter jusqu’à 20 % de son chiffre d’affaires. Soit 16 millions d’euros. « Je n’ai pas voulu m’endetter, j’ai préféré souscrire un prêt de 8 millions d’euros ». Mais la crise s’éternise. Et les chiffres de circulation du virus en cette fin d’année lui font redouter le pire. « Le PGE ne me suffit plus et les banques ne veulent plus suivre », assure-t-il.

Les membres du collectif réclament d’urgence la prise en charge des pertes d’exploitations, et une aide pouvant atteindre 200 000 euros par mois. « Mes charges sont là : un parc camions à amortir et à entretenir, des loyers à verser, l’immobilisation du stock périssable ». Chez Rhône-Alpes Distribution, 400 000 euros de salaires sont pris en charge à 85 % par l’État, y compris les dix jours de congés payés posés entre le 1er et le 20 janvier, mais il reste 400 000 euros à payer chaque mois avec un chiffre d’affaires à zéro, ou presque.

Préserver la trésorerie

L’enjeu aujourd’hui : préserver la trésorerie des entreprises. Pour cela, le collectif liste une dizaine de mesures pour sauver la filière. Parmi lesquelles la prolongation de la durée des produits à date de durabilité minimum (DDM) dépassée, mais aussi la suppression du seuil des 50 salariés pour le fonds de solidarité. « Aujourd’hui, je ne place pas mon entreprise en procédure de sauvegarde car j’estime que nous n’avons pas encore consommé toute notre trésorerie, mais ça va aller vite. Les banques ne veulent pas allonger les PGE et nous conseillent d’aller frapper à la porte des collectivités locales pour obtenir des aides, dépeint Sébastien Tournissoux. On pense aussi à demain : quand on va rouvrir, dans quel état trouverons-nous nos clients ? »

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