« En Auvergne Rhône-Alpes, 10 000 entreprises sont concernées par le Brexit »
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Aude Calvignac responsable du pôle action économique à la direction des douanes à Lyon « En Auvergne Rhône-Alpes, 10 000 entreprises sont concernées par le Brexit »

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Alors que le Brexit vient d'être à nouveau repoussé au 31 janvier 2020, la direction régionale des Douanes sensibilise les entreprises du territoire à la sortie européenne du Royaume-Uni. Pour Aude Calvignac, la responsable du pôle action économique, le Brexit est à prendre très au sérieux, en particulier pour les entreprises peu sensibilisées à l’export en dehors de l’Union européenne.

La direction régionale des Douanes a organisé une trentaine de réunions de sensibilisation au Brexit qui ont réuni plus de 700 entreprises. — Photo : Douanes françaises/DR

Le Journal des Entreprises : En 18 mois, la direction régionale des Douanes a organisé, en Auvergne Rhône-Alpes, une trentaine de réunions de sensibilisation au Brexit. Quel est l’état d’esprit des entreprises concernées par cette échéance ?

Photo : Douanes françaises/DR

Aude Calvignac : Celles qui ont su anticiper sont plutôt sereines. Mais globalement, nous sentons une forme de démobilisation des chefs d’entreprise, du fait des nombreux reports du Brexit. Pourtant, les enjeux économiques sont très importants.

Le Royaume-Uni est le quatrième partenaire à l’exportation de la région Auvergne Rhône-Alpes. La balance commerciale pour nos entreprises est excédentaire, à hauteur de 2 milliards d’euros, grâce à la vitalité des filières de la pétrochimie, de la métallurgie et des biotechs. Notre rôle est donc de mobiliser les patrons concernés pour aider à maintenir la dynamique de cette relation économique, avant et après le Brexit.

Quelles menaces le Brexit fait-il concrètement peser sur les entreprises du territoire ?

A. C. : Tout dépend de leur profil. À l’échelle régionale, on dénombre environ 10 000 entreprises qui ont des relations commerciales avec la Grande Bretagne, dont les deux tiers environ ne font pas de grand export (hors Union européenne, NDLR). Le Brexit, pour celles-ci en particulier, est à prendre très au sérieux.

« La matière douanière ne s’improvise pas. Les entreprises novices sur ces aspects vont devoir s’adapter très vite. »

Ces entreprises vont en effet faire l’expérience d’un modèle à l’export inédit, avec un pays qui va appliquer, du jour au lendemain, de nouveaux droits de douane. Elles vont devoir pour cela recruter ou faire appel à un représentant en douanes enregistré. Une chose est sûre : la matière douanière ne s’improvise pas. Les entreprises novices sur ces aspects vont devoir s’adapter très vite. Il est impératif qu’elles s’enregistrent par ailleurs afin d’obtenir un numéro Eori (Economic Operator Registration and Identification, NDLR), indispensable pour commercer avec un pays tiers. La démarche est très simple et se fait en ligne, sur le site web des douanes.

Quelles sont les questions les plus fréquemment posées par les chefs d’entreprise ?

A. C. : La plupart de ces dirigeants cherchent à évaluer l’impact du Brexit sur leurs activités et donc à connaître la nouvelle réglementation que le gouvernement britannique va mettre en place. Or, sur ce point, nous avons des informations encore incomplètes. Londres a, certes, publié, début octobre, une nomenclature des futurs tarifs douaniers, mais celle-ci peut changer à tout moment.

Nous attirons aussi l’attention sur la nécessité de bien identifier les transporteurs au moment du Brexit. En l’absence d’un accord avec l’Union européenne, et donc en cas de Brexit dur, le passage entre la Grande Bretagne et le continent va changer. Chaque année plusieurs millions de camions traversent la Manche. Après le Brexit, certains vont sans doute préférer ne plus desservir le Royaume-Uni pour ne pas perdre de temps à la frontière. Là aussi, il est donc préférable d’anticiper.

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