Elkem Silicones investit 36 millions d'euros pour augmenter sa compétitivité
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Elkem Silicones investit 36 millions d'euros pour augmenter sa compétitivité

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Le groupe lyonnais Elkem Silicones, qui emploie 1 200 salariés dans la région lyonnaise et en Isère (4 200 dans le monde), annonce un renforcement de ses capacités de production à travers un investissement de 36 millions d'euros sur le site de Péage-de-Roussillon, en Isère.

L'investissement de 36 millions d'euros vise à augmenter la capacité de production d'Elkem Silicones de 80 000 tonnes à 100 000 tonnes de siloxane par an — Photo : Nicolas Tourrenc/Elkem

Une "décision structurante pour accompagner la croissance de nos clients". Le groupe chinois Bluestar, actionnaire majoritaire du fabricant de silicones Elkem Silicones (1,27 Md€ de CA en 2020) dont le siège mondial est à Lyon annonce un investissement de 36 millions d'euros sur la plateforme chimique de Péage-de-Roussillon (Isère). Investissement rendu nécessaire par l'effet combiné de la forte croissance des besoins sur la période 2020-2025 (+6,5 % par an attendus en Europe, Moyen Orient et Afrique et +5,9 % sur le continent américain) mais aussi d'une "déglobalisation" mondiale, conséquence des "coûts extrêmement élevé des flux entre l'Europe et l'Asie", mais aussi "compte tenu de l'empreinte carbone du transport".

Des mines de quartz de Norvège jusqu'au Brésil

Le processus de fabrication du silicone part de l'extraction de quartz dans les mines de Norvège. Il est broyé et transformé à Péage-de-Roussillon, unique site en Europe fournissant jusqu'alors 80 000 tonnes de siloxane par an. Cette matière transformée qui entre par exemple dans la composition de certains déodorants ou revêtement de pare-brise est expédiée à 90 % vers le site de Saint-Fons, dans le Rhône, (820 salariés), "le plus grand site aval en Europe", qui la transforme en un produit intermédiaire, jusqu'à 5 étapes différentes. Cette usine expédie ensuite le produit transformé en direction des sites Elkem de Barcelone, Milan, mais aussi en Allemagne, en Caroline du Sud aux États-Unis ou au Brésil.

De 80 000 à 100 000 tonnes par an

À l'issue des travaux, au troisième trimestre 2023, Elkem Roussillon augmentera sa capacité de transformation du silicium (issu du quartz) en siloxane de 80 000 tonnes à 100 000 tonnes par an. Parmi les unités concernées, le remplacement du broyeur de silicium ce qui permettra d'obtenir une qualité "plus stable", l'installation d'un hydrolyseur et de nouveaux stockages intermédiaires "afin de profiter au maximum de la capacité additionnelle et fluidifier les différentes étapes du process".

Pas de création d'emplois

Parce que la compétition mondiale est "très intense", l'investissement à Roussillon, qui emploie 175 salariés en direct et 258 sous-traitants permanents, ne sera pas corrélé à des créations d'emplois. "L'objectif est d'augmenter la compétitivité du siloxane made in France, en réduisant les coûts unitaires à la tonne. Les frais fixes ne bougeront pas, tandis que les procédés seront optimisés pour transformer davantage de matière première", expose Frédéric Jacquin.

"Il n'y aura pas de futur à la chimie si on n'améliore pas nos effets sur l'environnement"

Selon le directeur général d'Elkem Silicones, il s'agit de résister à la pression mondiale sur les prix. "Les produits chinois restent moins chers que les produits européens, même quand ils subissent le coût du transport".

Environnement et réduction des émissions de CO²

Aux 36 millions d'euros d'investissement dans l'outil de production s'ajoutent 3 millions d'euros additionnels injectés dans la station de traitement des effluents aqueux. "Nous nous inscrivons dans une logique de conformité par rapport aux nouvelles exigences environnementales en lien avec l'augmentation des capacités, on doit progresser sur la consommation d'énergie et la production de déchets", indique Laurent Dumont, directeur général Elkem Silicones France. "Il n'y aura pas de futur à la chimie si on n'améliore pas nos effets sur l'environnement, ajoute Frédéric Jacquin, sinon à brève échéance on sera incapable d'attirer des talents". Ajoutant que face à la hausse du coût des taxes sur les émissions de CO2, ce point va devenir un facteur clé dans la "rentabilité et la sélection des investissements".

Un usage dopé par les besoins de la transition énergétique

Les clients d'Elkem Silicones seront de fait de plus en plus exigeants concernant les performances extra-financières, et notamment environnementales, de leur fournisseur. Un enjeu de taille surtout que le marché est en forte croissance Les derniers chiffres publiés fin octobre montrent qu'Elkem Silicones enregistre 900 millions d'euros de chiffre d'affaires au troisième trimestre 2021, en hausse de plus de 49 % par rapport au troisième trimestre 2020 et un Ebitda à presque 220 millions d'euros en hausse de 316 % par rapport à l'an dernier.

"Une voiture électrique sur 6 dans le monde utilise les silicones d'Elkem dans les batteries"

Des performances tirées par les besoins de la transition écologique. Le silicone est très largement utilisé pour l'électrification dans l'univers des mobilités. "Une voiture électrique sur six dans le monde utilise les silicones d'Elkem dans les batteries", souligne Frédéric Jacquin. Dans le bâtiment, les nouvelles normes induisent un recours croissant à cette matière organique pour l'isolation et donc l'usage de joints ou colle pour les vitrages, mais aussi panneaux solaires ou éoliennes recouvertes de vernis à base de silicones. Dans les mois qui viennent, la croissance attendue approchera 6 % en Europe et aux États-Unis, et la croissance devrait doubler entre 2020 et 2025, prophétise le groupe.

Nouveau terrain entre Saint-Fons et Roussillon

En février 2021, le groupe, héritier des silicones des groupes Rhône-Poulenc et Rhodia annonçait l'acquisition d'un nouveau terrain pour ouvrir un troisième site de production dans le sud de Lyon à proximité de Saint-Fons et Roussillon. L'opération à 10 millions d'euros sera finalisée le 23 novembre 2021. Sur place seront fabriqués des silicones "organo-fonctionnels de spécialités, à très haute valeur ajoutée", indique le groupe. Un "pilier essentiel dans notre stratégie pour combler des trous technologiques et jouer sur l'ensemble des marchés des silicones", indique Laurent Dumont.

Avec ce troisième site, Lyon et sa région restent décidément une place forte pour le chimiste alors qu'Elkem inaugure son nouveau centre de Recherche et Innovation mondial à Saint-Fons, baptisé Atrion dans lequel 120 chercheurs planchent autour des usages de demain dans les domaines de la construction, des véhicules électriques ou la santé.

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