Edgar Grospiron : « Les entreprises "m’utilisent" pour relayer et renforcer leurs messages »
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Edgar Grospiron champion olympique de ski de bosses et conférencier "m’utilisent"

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Le champion olympique de ski et triple champion du monde de ski de bosses savoyard Edgar Grospiron vante aujourd’hui l’esprit de performance auprès des entreprises. Conférencier à plein temps, il intervient, dit-il, « pour motiver les équipes » et (re)donner du sens au collectif.

Même s'il a des participations au capital dans trois entreprises, le modèle économique du champion olympique de ski de bosses savoyard Edgar Grospiron repose essentiellement sur l'animation de conférences — Photo : DR

Le Journal des Entreprises : Vous avez arrêté votre carrière professionnelle en 1995, après un palmarès exceptionnel (champion olympique aux Jeux olympiques d’Albertville en 1992 et trois titres de champion du monde). Après le succès par les bosses, avez-vous connu « un creux » ?

Edgar Grospiron : Au contraire, cette période « post-compétitions » a été un moment extrêmement fort en termes de compréhension de mes envies personnelles. Sollicité par mes sponsors de l’époque, j’ai eu très vite de nombreux projets. Mais j’ai compris que je voulais être libre, que je voulais continuer à faire des choses variées, en lien avec l’idée de performance. J’ai trouvé la synthèse dans ce que je fais aujourd’hui.

Concrètement, comment êtes-vous passé du milieu sportif au monde de l’entreprise ?

E. G. : Dès la fin des années 1990, j’ai été formé par des consultants, dont les méthodes et les connaissances m’intéressaient beaucoup. Ils parlaient de performance dans le monde de l’entreprise et utilisaient l’exemple du sport pour illustrer cette performance. Ils m’ont formé et m’ont mis le pied à l’étrier Cela a ensuite pris un peu de temps avant de me lancer comme conférencier professionnel, ce que j’ai fait en 2003. J’anime environ 80 conférences par an.

Ce passage entre ces deux mondes a-t-il été difficile ?

E. G. : C’est toujours difficile d’aborder un changement, quel qu’il soit. Cela oblige à se remettre en question. Or, pendant quelques temps, je me suis posé de mauvaises questions. Avec des réponses qui ne me convenaient pas toujours. Et puis un jour j’ai trouvé…

Auprès de quels clients intervenez-vous ?

E. G. : Depuis quinze ans que je suis conférencier, je suis intervenu pour de très nombreuses entreprises. Et ce dans tous les secteurs, à l’exception de l’industrie du tabac et celle des armes à feu, même si j’interviens auprès du ministère de la Défense. Je suis également sollicité pour intervenir à l’étranger. Je reviens tout juste du Maroc et de Venise.

Pourquoi fait-on appel à vous ?

E. G. : Mon rôle consiste surtout à motiver les équipes. Les entreprises m’utilisent pour relayer et renforcer leurs messages. Pour rappeler aussi quelles sont les bonnes cases à cocher.

« Comment être performant, sans que la performance soit pesante ? Cette question est au cœur de mes interventions. »

J’avais un jour intitulé une conférence : « Comment gagner facilement la course la plus difficile du monde ? ». En d'autres mots, comment finalement être performant, sans que la performance soit pesante ? C’est le cœur de mes interventions. J'insiste beaucoup sur l'idée de performance. "Etre plus efficace donc travailler moins", "être plus efficient donc travailler mieux".... Il y a du génie dans la performance !

Vous avez également une vie d’entrepreneur…

E. G. : J’ai en effet des participations au sein de trois structures. Dans Unome (prononcer "you know me"), qui propose un catalogue de conférenciers pour le marché suisse, dans Roadoo Network, une start-up spécialisée dans la fidélisation commerciale, et enfin dans Wikane (prononcer "we can") qui est un réseau de consultants qui accompagnent des dirigeants de PME dans leur stratégie de croissance.

Mais mon modèle économique repose essentiellement sur mes conférences.Je suis le seul, je crois, dans le ski professionnel a être devenu conférencier professionnel. Il y a bien Luc Alphand, mais ce n'est pas l'essentiel de ses activités, à l'inverse de moi.

Quels points communs trouvez-vous entre le sport et l’entreprise ?

E. G. : Ce sont les femmes et les hommes qui font l’entreprise. Comme dans le sport, il y a des personnes qui sont excellentes et qui arrivent à exploiter le potentiel de leur entreprise grâce à une vision et une stratégie claires. Ils mettent en place des plans.

« Les cadres et dirigeants que je rencontre ont tous, plus ou moins, à gérer la problématique de l’humain dans l’entreprise. »

Et puis, à l’inverse, il y a des gens qui ne cochent pas toutes ces cases ; ceux-là sont « dans le dur » et ont tendance à être débordés dans leur quotidien. Ils ont du mal à motiver leurs équipes et avancent dans le flou. Dans le sport comme dans l’entreprise, il y a des profils qui ont des valeurs fortes, lesquelles déterminent des principes et des décisions. Et d’autres qui ont plus de difficultés.

Cette reconversion vous a-t-elle changé ?

E. G. : Une chose est sûre : elle m’a apporté un métier dans lequel je m’éclate. Je trouve absolument passionnant de rencontrer des cadres et dirigeants d’entreprise qui ont tous, plus ou moins, à gérer la problématique de l’humain dans l’entreprise. J’essaie de voir avec eux comment marche leur organisation et comment casser une spirale parfois infernale.

Comment faites-vous évoluer le contenu de vos conférences ?

E. G. : Je cherche chaque jour de nouveaux angles d’attaque. Chaque client a une problématique qui diffère. On ne peut plus penser comme hier. La science et les techniques de communication évoluant, je dois modifier mon approche. C’est un challenge permanent.

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