Économie de la montagne : Chine, le grand saut en avant
# Tourisme # International

Économie de la montagne : Chine, le grand saut en avant

S'abonner

Cinquante chefs d'entreprises d'Auvergne-Rhône-Alpes ont fait le déplacement en février au salon Alpitec à Pékin. Objectifs : tester la dynamique locale alors que la Chine accueillera les Jeux Olympiques d'hiver en 2022. Et signer d'importants contrats. Plus de 300 millions d'euros de commandes ont été actés.

— Photo : Le Journal des Entreprises

L'épais brouillard de pollution qui noie depuis plusieurs jours la capitale chinoise ne les décourage pas. « La Chine, c'est maintenant qu'il faut y être. Après, il sera trop tard », considère Fabienne Cannet, directrice export de TSL Outdoor (CA : 10 millions d'euros), spécialisée dans la conception et la fabrication de raquettes à neige et de bâtons de marche nordique. Comme cette PME de Haute- Savoie, cinquante entreprises d'Auvergne-Rhône-Alpes, sous la bannière du cluster Montagne, ont planté leur stand dans les allées d'Alpitec China (9ème édition), le principal salon annuel de l'aménagement et des équipements de montagne en Asie, inauguré mercredi 15 février à Pékin, en présence du ministre Patrick Kanner, Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, et de Laurent Wauquiez, président de la Région. À deux pas du Nid d'Oiseaux - le stade olympique construit pour les JO de 2008. « C'est le moment de foncer. Dans cinq ans, la Chine accueillera les Jeux Olympiques d'hiver », rappelle Fabienne Canet.

Concurrence entre territoires alpins

Une échéance qui aiguise donc les appétits des équipementiers et aménageurs de stations alpines. « Ces JO qui s'annoncent sont une manière de mettre en avant le savoir-faire français. Mais nous ne sommes pas seuls en course », rappelle sur place Jean Souchal, P-dg de Poma (CA : 285 millions d'euros dont 80 millions générés en Chine), leader mondial du téléphérique basé à Voreppe en Isère. De fait, la présence des concurrents autrichiens ? symbolisée dans les allées d'Alpitec China par d'imposants kakémonos ? ne passe pas inaperçue. « Ils sont plus visibles qu'Auvergne-Rhône-Alpes qui abrite pourtant le plus grand domaine skiable au monde. Ce n'est pas normal. Nous avons accueilli trois fois les jeux d'hiver à Chamonix, Grenoble et Albertville », s'insurge Laurent Wauquiez. Une remarque qui sonne comme le début des hostilités en Chine entre territoires alpins. Et l'élu LR de poursuivre, offensif : « La question ici est simple : est-ce que l'on veut être simples spectateurs ou véritables leaders ? Notre objectif est de faire de Auvergne-Rhône-Alpes le premier partenaire du développement du ski chinois ». Un marché de la montagne qui, au pays le plus peuplé au monde, n'en est qu'à ses débuts. La Chine ne compte en effet aujourd'hui que 300 « stations » de ski, dont 20 % seulement sont équipées de plus de cinq remontées mécaniques. « Nous sommes ici à la veille d'une véritable révolution », veut croire Laurent Wauquiez. « Si les autorités chinoises atteignent leurs objectifs, le ski mondial va en effet changer de visage. Potentiellement, dans les 10 ou 15 prochaines années, le nombre de skieurs sur la planète devrait doubler avec l'arrivée de 300 millions de nouveaux adeptes chinois ».

Longévité et diversification

Seulement, ce marché aussi prometteur soit-il, est difficile. « Pour réussir, il faut bien connaître la Chine. Nous sommes présents ici depuis 30 ans, signale le P-dg de Poma. Notre stratégie est simple : être Chinois au pays des Chinois, ce qui suppose de multiplier les expériences et les contrats ». « La montagne en Chine est un marché prometteur mais il reste encore beaucoup de chemin à faire », pondère également Alan Daniel, directeur export de Rossignol (CA : 240 millions d'euros), fleuron régional qui vient de signer un partenariat avec la station de Thaiwoo à 200 kilomètres de Pékin pour fournir sous les marques Dynastar et Lange une partie des équipements de ski disponibles à la location.

« Nous ne sommes pas Trump ! »

Menée par un Laurent Wauquiez, décidément très "meneur d'hommes", la délégation française présente à Pékin pour ce salon Alpitec China entend tracer un sillon qui lui ouvrira les portes de l'Empire du milieu et lui donnera accès à sa classe moyenne. En tout, 300 millions de personnes, dont plus de 100 millions ont un revenu mensuel par foyer supérieur à 3000 euros, d'après une dernière étude du cabinet Ernst & Young. « Notre objectif est justement de nous positionner ici pour faire venir les Chinois dans nos stations », relève-t-il. Et ce alors qu'à peine 5000 de ces touristes si convoités ont séjourné dans les Alpes françaises en 2016. Pour les convaincre, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a trouvé sa formule choc. « Nous ne sommes pas Trump. Nous aimons les Chinois ! », a-t-il ainsi lancé aux responsables politiques de Yanqing, station de ski aux abords de Pékin qui devrait abriter le village olympique des JO de 2022. Lors de cette rencontre a été signé un mémorandum de coopération touristique entre Badaling (site de la Grande Muraille qui accueille 8 millions de touristes par an) et la ville de Chamonix.

# Tourisme # International