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Coronavirus - Tecalemit Aerospace : « La deuxième phase du confinement sera plus difficile »
Sarthe # Aéronautique

Coronavirus - Tecalemit Aerospace : « La deuxième phase du confinement sera plus difficile »

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Franck Colcombet pilote Tecalemit Aerospace, un des fleurons régionaux de la sous-traitance aéronautique, basé à Chaponost (Rhône). Après avoir résisté en mars, le dirigeant déplore, depuis début avril, une contraction très forte des marchés.

L’ETI familiale Tecalemit Aerospace, spécialiste de la canalisation aéronautique basé à Chaponost (Rhône), possède un site de fabrication de tuyauteries dans la Sarthe (ci-dessus). — Photo : Cédric Menuet - Le Journal des entreprises

L’aéronautique est à rebours de la reprise annoncée des activités économiques. Et la perspective d’une sortie progressive du confinement à partir du 11 mai pourrait ne pas changer - immédiatement en tout cas - la donne. Tel est le constat de Franck Colcombet, dirigeant de l’ETI familiale Tecalemit Aerospace (450 salariés, CA 2019 estimé à environ 70 M€), spécialiste de la canalisation aéronautique basé à Chaponost (Rhône) et qui compte deux autres usines à Luceau (Sarthe) et Blois (Loir-et-Cher). Sa situation, après plus de quatre semaines de confinement, illustre le basculement d’activité.

Courant mars, l’entreprise a engrangé des courants de facturation et un flux de livraison maintenu avec 70 % des salariés - volontaires - en poste. Mais, depuis avril, la société « entre dans le dur, avec les répercussions d’une crise économique », annonce Franck Colcombet. « Les sites de nos clients, pourtant ouverts après le 13 mars, sont désormais fermés pour cause d’activité trop faible » constate-t-il. De fait, entre le 1er et le 31 mars, le trafic aérien en Europe a chuté de plus de 97 % selon le conseil international des aéroports (ACI), principale organisation professionnelle. Au niveau mondial, l’immobilisation de la flotte atteint 59 %. À cela s’est ajouté un plan de départs volontaires chez Boeing, tandis qu’Airbus a mis à l'arrêt trois sites de production, en Allemagne et aux États-Unis. Au fil des jours et de ces annonces, le dirigeant a été contraint de passer de 30 à 50 % de ses salariés au chômage partiel.

Un pilotage heure par heure

Photo : Tecalemit

« Aucun site Tecalemit Aerospace n’est complètement à l’arrêt », relativise Franck Colcombet. Son quotidien est cadencé par le pilotage d’une « extrême finesse » et l’analyse, « heure par heure », de toutes les informations en provenance des clients et des sites. Enjeu : protéger le courant d’activité sans pour autant surdimensionner les équipes. « La visibilité est quasi nulle mais je sais que les baisses de chiffres d’affaires seront très significatives », annonce celui qui préside Aerospace Cluster Auvergne Rhône-Alpes. Un réseau qui représente la quasi-totalité des entreprises régionales de sous-traitance aéronautique (360 entreprises, 300 000 salariés et 3,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires).

Préservation des talents

Proche du Gifas, ce groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales qui a des yeux et des oreilles sur toute la planète, Franck Colcombet admet qu’en son sein « personne n’avait anticipé l’ampleur mondiale et la violence d’une telle crise ». Dans la région, au sein du cluster qu’il préside, un seul mot d’ordre « il faut protéger la filière à tout prix ». Des donneurs d’ordre (Airbus, Safran, Thales) aux sous-traitants (Hexcel, Duqueine Group, Eldec, Porcher, Diatex), tous ont en tête la préservation des talents, « pour que nos savoir-faire demeurent attachés à nos entreprises ».

Redémarrage

Les réseaux comme le Gifas ou l'Aerospace Cluster sont mis à profit en pareille crise. « Nos réunions téléphoniques permettent de briser un peu la solitude du dirigeant. Et même si nous sommes tous entourés d’équipes performantes, ça fait du bien de partager entre pairs », confie Franck Colcombet. À l’entendre, tous se préparent « à supporter des ralentissements de cadences significatifs pour une période plus prolongée, ce qui nécessite des démarches de préparation sur nos appareils industriels ». Le plus compliqué ? Se projeter sur les semaines à venir. « Prévoir un redémarrage dans quelques mois ce n’est pas la même chose que s’il nous fallait attendre l’année prochaine. On est tributaire de la reprise du trafic aérien, que l’on souhaite le plus massif possible ». Le dirigeant pondère : « le besoin mondial à 20 ans reste le même, c’est-à-dire un doublement de la flotte aéronautique actuelle », se rassure-t-il

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