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Coronavirus : si l'usine de bouteilles à oxygène Luxfer était nationalisée
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Coronavirus : si l'usine de bouteilles à oxygène Luxfer était nationalisée

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Fermé depuis mai 2019, le site Luxfer de Gerzat, dans le Puy-de-Dôme, est au cœur de toutes les attentions depuis quelques jours. D’anciens salariés et plusieurs responsables politiques réclament en urgence sa nationalisation et sa réouverture afin d’anticiper une potentielle pénurie de bouteilles d’oxygène médical.

— Photo : licence Creative Commons / Clément Beckert

Le gouvernement va-t-il faire la sourde oreille encore longtemps ? Si Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, interrogé le 23 mars sur le devenir du site Luxfer de Gerzat, a pour l’heure botté en touche, la pression entourant l’avenir de l’usine auvergnate est montée d’un cran.

La pénurie actuelle de masques de protection fait en effet craindre le pire aux anciens salariés de Luxfer concernant l’approvisionnement des hôpitaux français en bouteilles d’oxygène médical.« Quand nous avons vu qu’en Italie et en Chine ils rencontraient des difficultés sur ces produits, nous avons envoyé un message au ministère de l’Économie. Aujourd’hui, personne n’est capable de dire l’état des stocks en France », affirme Philippe Vigier, ancien responsable CFDT Luxfer.

Entre 6 et 9 semaines pour relancer une production

Fermée en mai 2019, l’usine Luxfer de Gerzat était la seule en Europe à produire des bouteilles d’oxygène médical actuellement utilisées dans les hôpitaux pour fournir de l’oxygène aux patients atteints du Covid-19. Quelques 220 000 bouteilles sortaient chaque année de l’usine, réputée pour son savoir-faire. Les bouteilles proviennent aujourd’hui de Chine, de Turquie et des États-Unis.

Le site de Gerzat (136 salariés) produisait également des bouteilles de gaz haute pression pour les sapeurs-pompiers. Avant sa fermeture, Luxfer avait réalisé un bénéfice net supérieur à un million d'euros pour un chiffre d'affaires de 25 millions d'euros. « On avait augmenté le bénéfice de 55 %. Les carnets de commandes étaient pleins », témoigne Philippe Alves, ancien délégué du personnel, l’un des derniers salariés à avoir été licencié, en février 2020. Depuis le début de l’année jusqu’aux mesures de confinement de ces derniers jours, une vingtaine de salariés occupait l’entreprise 24 heures sur 24 afin de préserver l’outil de travail face à un ancien employeur bien décidé à le démanteler.

« L’usine s'étend sur 4,5 hectares. Il y a entre 60 et 70 machines. Toutes sont opérationnelles », affirme Axel Peronczyk, ancien représentant CGT Luxfer. C’est son syndicat qui a lancé l’alerte il y a plusieurs jours : il appelle en urgence à la nationalisation et la réactivation de l’usine. Depuis, de nombreuses personnalités politiques lui ont emboîté le pas. « La balle est désormais dans le camp du gouvernement. » Selon les anciens Luxfer, il faudrait entre 6 et 9 semaines pour relancer une production. Une pétition a été lancée sur le web.

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